Diabète de type 5 : une forme liée à la malnutrition bientôt reconnue
Une équipe de chercheurs, réunie par la Fédération internationale du diabète (FID), appelle à reconnaître officiellement une nouvelle forme de diabète : le type 5, associé à la malnutrition. Qui est concerné par ce diabète encore méconnu ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles sont ses causes ? On fait le point.

Diabète de type 5 : un trouble métabolique identifié depuis plusieurs décennies
Décrit dès les années 1950, le diabète de type 5 a d’abord été observé chez des jeunes adultes minces, souvent issus de milieux défavorisés et présentant des antécédents de dénutrition. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’avait d’ailleurs reconnu en 1985 sous le nom de diabète lié à la malnutrition, avant de retirer cette catégorie en 1999, faute de preuves suffisantes.
Aujourd’hui, de nouvelles données provenant de pays comme le Bangladesh, l’Inde, l’Éthiopie ou le Nigeria confortent l’hypothèse d’un phénotype spécifique :
- Un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 18,5 kg/m² ;
- Une sécrétion d’insuline très faible malgré une sensibilité normale à l’hormone ;
- Une absence d’auto-anticorps pancréatiques, contrairement au diabète de type 1 ;
- Des réponses atypiques aux traitements classiques du diabète de type 2.
D’après la FID, près de 25 millions de personnes dans le monde seraient atteintes de cette forme particulière, souvent sous-diagnostiquée.
Il existe plusieurs types de diabète, correspondant à des mécanismes très différents :
Type 1 : maladie auto-immune où le pancréas ne produit plus d’insuline. Il débute généralement dans l’enfance ou l’adolescence et nécessite un traitement à vie par insuline.
Type 2 : le plus fréquent, il associe résistance à l’insuline et déficit progressif de sécrétion, habituellement lié à l’âge, au surpoids et à la sédentarité.
Type 3 : évoqué dans la maladie d’Alzheimer, il correspondrait à une résistance à l’insuline cérébrale (non reconnu officiellement).
Type 4 : observé chez les sujets âgés minces, il impliquerait une inflammation chronique en lien avec l’âge et une résistance à l’insuline sans obésité.
Type 5 : forme récemment mise en avant, liée à la malnutrition et à un retard de développement du pancréas.
Autres formes spécifiques :
MODY (Maturity Onset Diabetes of the Young) : forme génétique rare, apparaissant chez des jeunes patients avec antécédents familiaux.
Diabète gestationnel : survenant pendant la grossesse, il expose à un risque accru de diabète de type 2 ultérieur.
Diabètes secondaires : provoqués par une maladie du pancréas (pancréatite, cancer), une infection virale, certains traitements (corticoïdes, antipsychotiques) ou des syndromes hormonaux rares.
Une forme de diabète favorisée par la dénutrition impactant le développement du pancréas
Le diabète de type 5 serait avant tout la conséquence d’un retard de maturation du pancréas, dû à une alimentation carencée dès la vie fœtale, puis tout au long de la croissance. Les études pointent un lien entre dénutrition précoce, faible masse musculaire et défaut durable de production d’insuline. Certains chercheurs évoquent aussi le rôle de facteurs génétiques ou épigénétiques, expliquant pourquoi seule une partie des personnes dénutries développe la maladie.
Les profils les plus fréquemment observés sont :
- Un faible poids de naissance ;
- Des carences alimentaires chroniques ;
- Une croissance ralentie ;
- Une alimentation pauvre en protéines et micronutriments.
Ce diabète se distingue donc clairement du type 2, souvent associé à l’obésité et à la résistance à l’insuline. Ici, la problématique est inverse le manque d’insuline est dû à un pancréas sous-développé.
Reconnaître le diabète de type 5 pour mieux le diagnostiquer et le traiter
Le groupe de travail de la FID plaide désormais pour la reconnaissance officielle du diabète de type 5 afin d’améliorer le dépistage et la prise en charge.
Actuellement, le traitement reste empirique : la perte de poids n’est pas indiquée, la metformine ou l’insuline peuvent être mal tolérées, et l’approche nutritionnelle est centrale.
Les experts recommandent de :
- Renforcer le suivi nutritionnel avec un apport protéique et calorique approprié ;
- Favoriser l’accès à des aliments nourrissants et peu coûteux ;
- Soutenir les politiques de lutte contre la pauvreté et la faim, causes indirectes de cette forme de diabète.
Il est important de mieux distinguer les différents types de diabète, afin d’éviter les erreurs thérapeutiques (comme l’administration excessive d’insuline) et d’orienter les recherches vers des solutions adaptées aux contextes à faibles ressources.
La reconnaissance du diabète de type 5 marque une avancée importante dans la compréhension des liens entre malnutrition et troubles métaboliques. En révélant un déficit insulinique chez les populations dénutries, cette classification permettrait d’améliorer le dépistage et d’adapter les traitements à des contextes où les ressources médicales et alimentaires restent limitées. Mieux identifier ce diabète, c’est aussi rappeler que la lutte contre la maladie passe avant tout par la prévention nutritionnelle et la réduction des inégalités alimentaires à l’échelle mondiale.
– Non-autoimmune, insulin-deficient diabetes in children and young adults in Africa: evidence from the Young-Onset Diabetes in sub-Saharan Africa (YODA) cross-sectional study. www.thelancet.com. Consulté le 28 octobre 2025.
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