Diabète de type 1


Rédigé par Pierre M. et publié le 19 mai 2015

diabète

Le diabète de type 1 représente moins de 10 % des cas de diabètes sucrés, mais il apparaît dès l’enfance et l’adolescence, impactant profondément la qualité de vie des patients. Il nécessite la prise d’une insulinothérapie et une surveillance glycémique pluriquotidienne, et les risques de complications à moyen et long terme restent majeurs.

Les diabètes sucrés

Pour aider le corps à réguler son taux de sucre (la glycémie), le pancréas sécrète une hormone : l’insuline.

Lors des repas, des glucides sont absorbés, transformés en glucose au niveau de l’estomac et rejoignent la circulation sanguine pour être distribués aux autres organes. L’insuline est alors sécrétée par le pancréas pour faire diminuer la quantité de sucre dans le sang, principalement en permettant aux cellules d’absorber le glucose sanguin (en augmentant le nombre et la sensibilité des récepteurs cellulaires au glucose : les récepteurs Glut), faisant ainsi baisser la glycémie (taux de sucre dans le sang). Les cellules du corps nouvellement enrichies en glucose, vont le stocker (sous forme de glycogène) dans le but de l’utiliser comme « carburant » nécessaire à leur fonctionnement.

Pancréas

pancréasLe pancréas est une glande située derrière l’estomac. Elle est capable de « détecter » à n’importe quel moment le taux de glucose dans le sang. Véritable lecteur de glycémie, il synthétise (grâce aux cellules Béta), et libère les quantités d’insuline nécessaires à la maîtrise du taux sanguin de glucose. Cependant il se peut que le système se dérègle, on parle alors de résistance au glucose (pré diabète de type II) ou de diabète.

Le diabète qu’on appelle aussi diabète sucré est caractérisé par une hyperglycémie chronique (taux de sucre dans le sang trop élevé, supérieur à 1,26 g/l après un jeûne de 8 heures) liée à une déficience, soit de la sécrétion de l’insuline, soit de l’action de l’insuline, soit des deux, cette hormone ne remplit donc plus son rôle de régulation de la glycémie.

Autres types de diabètes

Parallèlement au diabète de type 1, la forme de diabète la plus fréquente reste le diabète de type 2. Il est caractérisé dans un premier temps par une « insulino-résistance » (76.1% des diabétiques), cette dernière ne pouvant plus exercer son action, la glycémie reste élevée, forçant alors le pancréas à synthétiser en continu de l’insuline conduisant petit à petit à l’épuisement des cellules béta du pancréas, c’est « l’insulino réquérance », c’est le second temps de la maladie. Le pancréas devenu incapable de synthétiser l’insuline conduit le malade vers une « insulinodépendance » (15.8% des diabétiques), au même titre que ceux atteint par le diabète de type I, les injections d’insuline deviennent vitales.
Le diabète de type 2 peut évoluer sans symptôme pendant plusieurs années et générer des complications sans avoir été diagnostiqué. Son dépistage est recommandé en France chez les personnes âgées de 45 ans et plus (tranches d’âge les plus touchées par la maladie) présentant des facteurs de risque, en particulier un surpoids ou une obésité. On notera que c’est pour cette forme de diabète que les facteurs génétiques de prédisposition sont les plus importants.

Il existe d’autres formes de diabète, comme le diabète gestationnel (qui peut être transitoire car il est lié à une résistance à l’insuline pendant la grossesse mais peut également persister après la grossesse) ou des cas de diabète résultant de conditions spécifiques ou génétiques (diabètes secondaires à la prise de corticoïdes, à une pancréatite, à une hémochromatose, à une mucoviscidose, diabète correspondant à une forme génétique identifiée de type Mody…).

Mécanisme du diabète

Le diabète de type 1 est dû à une destruction auto-immune (nos propres anticorps s’attaquent à notre pancréas) des cellules insulino-sécrétrices (cellules Béta). Quand il ne reste plus que 10 à 20% de cellules fonctionnelles une hyperglycémie apparait. Le processus auto-immun se déroule sur de nombreuses années : 5 à 10 ans voire plus, avant l’apparition du diabète. Cette réaction auto-immune survient sur un terrain de susceptibilité génétique et à la suite de facteurs déclenchant (stress, infections…). Un ou plusieurs types d’auto-anticorps peuvent apparaitre : les auto-anticorps anti-cellules béta, les auto-anticorps anti-décarboxylase de l’acide glutamique, les auto-anticorps anti-insuline et les auto-anticorps anti-IA2.

Les symptômes du diabète

fruits mesurer le phGénéralement, des épisodes d’hypoglycémies et/ou une perte importante de poids malgré un bon appétit (polyphagie) sont annonciateurs de la maladie. D’autres symptômes sont typiques mais plus discrets : mictions fréquentes et abondantes (syndrome polyurique), soif anormale en terme d’importance et de fréquence (syndrome polydipsique), fatigue générale intense.

Elle peut aussi, et c’est souvent le cas, se révéler par des complications : hypo ou hyperglycémie et acidocétose sont les principales. L’hyperglycémie apparaitra lors des prises alimentaires tandis que les épisodes d’hypoglycémies se manifesteront entre les repas, lors de jeûnes ou encore d’activités physiques intenses. Ces hypoglycémies se caractérisent par des sueurs, maux de tête, tremblements, tachycardies, vertiges… Sans une prise rapide de sucre, elles peuvent se compliquer d’un coma hypoglycémique. Si L’hypo et l’hyperglycémie semblent être des manifestations typiques de la maladie, l’acidocétose est révélatrice de DID dans la moitié des cas. En effet, nous avons vu (cf : mécanisme DID) que les acides gras étaient beaucoup plus utilisés que le glucose, si l’équilibre entre les deux (apport/stockage) n’était pas respecté, de fait la dégradation de ces graisses conduit à la formation de corps cétoniques en quantité très importante, passé un seuil critique ces métabolites sont toxiques pour notre organisme, conduisant, dans les formes les plus graves à un coma acido-cétosique.

Les complications du diabète

Rarement révélatrices de la maladie, les complications de la maladie sont nombreuses et souvent graves. Les sujets diabétiques de type 1 y sont particulièrement exposés à l’âge adulte, en raison de l’ancienneté de leur diabète. Les hyperglycémies répétées et le dérèglement chronique de la glycémie ont des effets délétères sur l’organisme, notamment sur les nerfs et les vaisseaux sanguins et par voie de conséquence sur de très nombreux organes. Pour toutes ces complications il existe une corrélation étroite.

Les neuropathies diabétiques

Très rarement connues car silencieuses elles sont pourtant les complications les plus courantes. Les hyperglycémies provoquent de nombreuses modifications chimiques, conduisant à l’altération du nerf jusqu’à sa destruction par « apoptose » des neurones (auto-suicide cellulaire). De l’altération fonctionnelle (le nerf fonctionne de moins en moins bien) à l’altération structurelle (destruction progressive) l’ensemble du système nerveux périphérique, qui contrôle les muscles, et autonome, qui contrôle le fonctionnement viscéral, sont touchés. Ces changements de plus en plus irréversibles conduisent à l’apparition de nombreux troubles, accompagnés ou non de douleurs, (très souvent nocturnes) :

  1. Perte du sens du toucher
  2. Insensibilité progressive à la douleur, provoquant chez certains une insensibilité presque totale à la douleur, notamment aux pieds, qui pourront s’infecter et s’aggraver par une baisse du pouvoir de cicatrisation et un manque de vigilance des patients (mal perforant plantaire).
  3. Engourdissement, fourmillement et fatigue musculaire
  4. Diarrhée ou au contraire des constipations fréquentes
  5. Des troubles de la miction
  6. Malaises vagaux
  7. Troubles de l’érection, impuissance
  8. Une disparition progressive des réflexes

Prévention

L’équilibre de la glycémie est primordial, car c’est un déséquilibre qui affecte le plus significativement le système nerveux. Il convient de contacter votre médecin devant n’importe quel type d’alerte : douleur sans origine identifiée, perte de sensibilité, fourmillement/faiblesse musculaire importante, il pourra ainsi effectuer une inspection plus précise et approfondie. Un contrôle annuel de routine chez un cardiologue reste indispensable.

Cardio-vasculaires

Les événements cardio-vasculaires (infarctus ou AVC) sont 2 à 3 fois plus élevés chez les diabétiques.
Le sucre dans le sang épaissi et rigidifie les parois vasculaires favorisant la formation de plaque d’athéromes (dépôts de graisse sur la paroi interne des vaisseaux sanguins). Ces plaques avec le temps et suite à différents phénomènes (notamment inflammatoires) se durcissent par calcification et deviennent plus ou moins fibreuses et rigides (athérosclérose). Une thrombose ou un infarctus (du myocarde par exemple) peut survenir si une artère se retrouve bouchée par la rupture d’une de ces plaques et avec la formation d’un caillot autour de celles-ci, on notera par ailleurs, que l’excès de sucre favorise la formation de caillots.

Prévention

Le diabète est déjà en soi un facteur de risque important, il conviendra donc de surveiller l’équilibre de son diabète mais aussi d’agir sur les facteurs de risques cardiovasculaires (outre les facteurs dit non modifiables : âge, sexe prédispositions génétiques) : hypertension artérielle ou encore l’hypercholestérolémie (souvent secondaire à un surpoids).

La rétinopathie diabétique

Complication très fréquente, elle est la principale cause de cécité dans les pays industrialisés. Toujours suite à l’altération de la paroi des vaisseaux sanguins, ce sont les capillaires irriguant les cellules rétiniennes qui sont ici touchées, affectant leur rigidité et leur perméabilité. La rétine est progressivement de moins en moins bien oxygénée et se détériore au fil du temps, conduisant dans les formes les plus graves à la cécité totale.

Prévention

Équilibrer sa glycémique et maîtriser au mieux sa tension artérielle reste les meilleures armes. Néanmoins il existe des traitements efficaces (notamment au laser) pour freiner l’évolution de la maladie et empêcher cette cécité. Un contrôle régulier (au moins une fois par an) chez un ophtalmologue est vivement conseillé.

La néphropathie diabétique

Le rein est l’organe épurateur du corps, il filtre le sang pour en extraire ses différents déchets. Béatiquement, ce filtre s’encrasse et se détériore à cause du diabète encore une fois par des atteintes multiples et répétées des petits capillaires. Le rein ne remplissant plus son rôle : il laisse dans le sang des composés qui ne devraient plus y être (urée/créatinine) et en laisse passer d’autres qui devraient rester dans le sang (l’albumine).
L’altération rénale impose de plus, des modifications contraignantes de traitement aux patients.

Prévention globale

Toutes ces complications ne sont pas inéluctables, et les patients diabétiques ne les déclareront pas forcément. Ils existent des moyens de retarder leur apparition, de contrôler leur évolution ou même de s’en prémunir. Des recommandations spécifiques et des règles générales comme une bonne hygiène de vie et une attention accrue de soi permettent efficacement de les prévenir.
Nous l’avons bien compris le dénominateur commun dans la prévention des complications est le contrôle de sa glycémie, elle passe par un autocontrôle fiable et régulier de son taux sanguin.

Une bonne hygiène de vie est aussi primordiale, sport et alimentation équilibrée en sont les maîtres mots :

  1. Manger équilibré et à des heures régulières
  2. Éviter les apports importants de sucres ou d’aliments gras (retirer de son alimentation les aliments à index glycémique élevé)
  3. Aucun aliment n’est nocif ou vraiment interdit, seul l’excès est à proscrire (vrai dans le cas d’un diabète contrôlé)
  4. Une activité sportive régulière, au mieux elle sera quotidienne (ex : 30 min de marche rapide).

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Traitements du diabète

Une hygiène de vie irréprochable

Le principal traitement du diabète de type 1 est une insulinothérapie, basée sur l’injection d’insuline plusieurs fois par jour. Ces injections sont adaptées à la glycémie du patient.

Pour réduire le recours à l’insuline, il est essentiel que le sujet diabétique de type 1 respecte quelques règles d’hygiène de vie au quotidien :

  • Des repas équilibrés et pris à heures régulières, avec des apports en glucides contrôlés ;
  • De faibles prises de sucres rapides ;
  • La pratique sportive modérée et régulière ;
  • Une absence de consommation d’alcool ;
  • Une absence de tabagisme.

L’insulinothérapie à vie

Le sujet diabétique de type 1 doit contrôler sa glycémie plusieurs fois par jour pour adapter ses doses d’insuline. Classiquement, l’insulinothérapie repose sur l’injection sous-cutanée de deux formes d’insuline :

  • De l’insuline d’action rapide, qui corrigent rapidement la glycémie ;
  • Des insulines d’action longue (dites insuline retard), qui maintiennent la glycémie sur une plus longue période.

L’insulinothérapie est adaptée à chaque patient, en fonction de son état de santé, de son équilibre glycémique et de son mode de vie.

Progressivement de nouveaux modes d’administration de l’insuline se sont développés pour faciliter le quotidien des patients, notamment les pompes à insuline externes.

La greffe d’ilôts de Langerhans

Au fil des années, la réponse aux injections d’insuline peut diminuer, compromettant l’équilibre glycémique. Les patients dans cette situation peuvent désormais bénéficier sous conditions d’une greffe d’ilôts de Langerhans, qui remplacent la partie détruite du pancréas. Cette greffe nécessite la prise d’un traitement immunosuppresseur.

Plus rare, certains patients peuvent se voir proposer une greffe de pancréas. Cette opération très lourde n’est proposée qu’en dernier recours, et seulement quelques dizaines de greffes sont effectuées chaque année en France.

En parallèle, des équipes de recherche travaillent à la mise au point de pancréas artificiels, qui seraient capables d’adapter de manière automatique les doses d’insuline à injecter au patient.

Estelle B., Docteur en Pharmacie publié le 19 mai 2015. Mis à jour le 10 mai 2021.

Sources
– Diabète de type 1. inserm.fr. Consulté le 10 mai 2021.