Diabète de type 2


Rédigé par Estelle B. et publié le 19 décembre 2023

Le diabète de type 2 est souvent décrit comme le diabète sucré de l’adulte. Depuis plusieurs décennies, il ne cesse de prendre de l’ampleur en France, dans les autres pays industrialisés, mais aussi dans les pays en voie de développement. Le mode de vie moderne est clairement pointé du doigt dans son développement, et les jeunes sont de moins en moins épargnés.

diabète de type 2

Le diabète de type 2, une maladie chronique sournoise

Le diabète de type 2 est de loin le diabète sucré le plus fréquent.

Les chiffres clés

  • En 2022, 3,8 millions de Français étaient traités pour un diabète.
  • 92 % des personnes traitées pour un diabète sont atteintes d’un diabète de type 2.
  • La fréquence du diabète de type 2 continue de progresser, chez les hommes et chez les femmes.

 

À savoir ! Les diabètes sucrés regroupent l’ensemble des pathologies caractérisées par des épisodes répétés d’hyperglycémie (une élévation anormale du taux sanguin de sucre). Les principaux diabètes sucrés chroniques sont le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Un autre diabète sucré, transitoire cette fois, est lié à la grossesse, c’est le diabète gestationnel. Enfin, d’autres diabètes sucrés, plus rares, existent, comme les diabètes MODY, les diabètes provoqués par la prise de certains médicaments (corticoïdes entre autres) ou certaines maladies comme la mucoviscidose.

Le nombre de nouveaux patients atteints de diabète continue d’augmenter en lien notamment avec le vieillissement de la population, l’augmentation de l’espérance de vie des personnes diabétiques, mais aussi l’augmentation de la prévalence de l’obésité.pèse personne

 

Le diabète de type 2, comme les autres diabètes sucrés, est caractérisé par une hyperglycémie chronique (taux sanguin de glucose supérieur à la normale, c’est-à-dire supérieur à 1,26 g/l après un jeûne de 8 heures). Il se développe en trois étapes :

1/ Le diabète de type 2 se caractérise par le développement précoce d’une insulinorésistance. L’insuline n’exerce plus son action habituelle sur les cellules et les tissus, qui deviennent résistantes à l’action de l’insuline. Ce phénomène est aggravé lorsque le patient présente un excès de graisses, c’est-à-dire lorsqu’il est en surpoids ou obèse. La glycémie s’élève et dépasse les valeurs normales.

2/ En réponse à l’insulinorésistance, le pancréas sécrète de plus en plus d’insuline pour tenter de faire baisser la glycémie. C’est le stade de l’hyperinsulinisme.

3/ Après plusieurs années d’évolution, le pancréas ne parvient plus à sécréter assez d’insuline. Le patient est alors atteint d’insulinodéficience. pancréas

Le diabète de type 2 peut évoluer insidieusement sans symptômes pendant plusieurs années, il peut même être découvert au stade des complications du diabète. Ce côté sournois de la maladie chronique est à l’origine d’une recommandation de dépistage systématique chez toutes les personnes âgées d’au moins 45 ans et présentant des facteurs de risque, en particulier un surpoids ou une obésité. Le dépistage consiste à mesurer régulièrement la glycémie à jeun à partir d’une simple prise de sang. Ce contrôle sanguin simple est déterminant pour détecter le diabète au stade du prédiabète, avant la survenue des premières complications.

D’où vient le diabète de type 2 ?

Le mode de vie, l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité contribuent fortement au développement du diabète de type 2, par au moins deux mécanismes :

  • Une alimentation déséquilibrée et un manque d’activité physique sont des facteurs de risque de surpoids et donc d’excès de graisse. Or l’excès de graisse favorise l’insulinorésistance.
  • Une alimentation trop sucrée et trop grasse favorise une élévation de la glycémie après les repas, obligeant le pancréas à sécréter davantage d’insuline. Plus on sollicite le pancréas, plus on s’expose au diabète de type 2.

Mais le mode de vie n’est pas seul en cause dans le développement de cette maladie chronique, qui est une maladie chronique multifactorielle complexe. D’autres facteurs entrent en jeu :

  • Une prédisposition génétique;
  • L’âge: le diabète de type 2 est une maladie de la seconde partie de la vie, même si au fil des années les spécialistes observent des patients de plus en plus jeunes ;
  • Des facteurs environnementaux, souvent suspectés même si les preuves de leur implication ne sont pas toujours réunies à ce jour, comme la composition du microbiote intestinal ;
  • Certaines maladies chroniques, comme l’hypertension artérielle.

Dans la majorité des cas, le diabète de type 2 n’est pas diagnostiqué en raison des symptômes qu’il provoque. Le plus souvent, il est repéré lors d’une visite médicale de contrôle (dosage du glucose sanguin) ou lors de la découverte de complications du diabète (accident cardiovasculaire ou problèmes rénaux). Les patients présentent donc rarement des symptômes de la maladie au moment de leur diagnostic :

  • Des urines abondantes et une envie fréquente d’uriner (la polyurie) ;
  • Une soif intense, non calmée par la consommation de boissons (la polydipsie) ;
  • Une augmentation de l’appétit n’entraînant pas de prise de poids, voire provoquant un amaigrissement (la polyphagie) ;
  • Une fatigue chronique ;
  • Une faiblesse physique ;
  • Des infections récidivantes touchant principalement la peau, les muqueuses ou les appareils génito-urinaires ;
  • Un retard de cicatrisation en cas de blessure ou d’intervention chirurgicale ;
  • Un engourdissement ou des fourmillements dans les membres.

Une longue liste de complications, souvent graves

Parfois révélatrices de la maladie, les complications du diabète de type 2 sont nombreuses et souvent graves. Les hyperglycémies répétées ont des effets délétères sur l’organisme, notamment sur les nerfs et les vaisseaux sanguins et par voie de conséquence sur de très nombreux organes. Le risque de complications s’accroît au fil des années passées avec le diabète. Le contrôle étroit de l’équilibre glycémique reste la plus efficace des préventions. En effet, plus le diabète est contrôlé par le mode de vie et les traitements, plus les épisodes d’hyperglycémies sont rares et peu intenses, moins les complications se développent.

 Les neuropathies diabétiques

Les hyperglycémies provoquent des altérations chimiques, conduisant à des lésions du nerf jusqu’à sa destruction. De l’altération fonctionnelle (le nerf fonctionne de moins en moins bien) à l’altération structurelle (destruction progressive), l’ensemble du système nerveux périphérique, et autonome est affecté. Ces lésions irréversibles sont responsables de nombreux troubles, accompagnés ou non de douleurs :

  • La perte du sens du toucher ;
  • Une insensibilité progressive à la douleur, notamment aux pieds : les patients peuvent ne plus s’apercevoir des douleurs provoquées par des infections au pied par exemple, ce qui contribue au développement du pied diabétique ou mal perforant plantaire, l’une des principales causes d’amputation chez l’adulte ;
  • Des engourdissements ou des fourmillements ;
  • Une fatigue musculaire ;
  • Une diarrhée chronique ou au contraire une constipation chronique ;
  • Des troubles de la miction ;
  • Des malaises vagaux ;
  • Des troubles de l’érection ;
  • Une disparition progressive des réflexes ostéotendineux.

Les complications cardio-vasculaires

Un chiffre à retenir pour comprendre l’impact du diabète sur la santé cardiovasculaire : Les accidents cardio-vasculaires sont 2 à 3 fois plus élevés chez les sujets diabétiques.

L’excès de glucose dans le sang modifie les parois vasculaires favorisant la formation de plaques d’athéromes (dépôts de graisse sur la paroi interne des vaisseaux sanguins). Ces plaques avec le temps et suite à différents phénomènes (notamment inflammatoires) se durcissent par calcification et deviennent plus ou moins fibreuses et rigides, c’est l’athérosclérose. La rupture de l’une de ces plaques peut entraîner une thrombose ou un infarctus, d’autant plus facilement que l’excès de glucose contribue à la formation de caillots sanguins.

Les sujets diabétiques sont donc à risque entre autres :

cardiologie

La rétinopathie diabétique

Complication très fréquente, la rétinopathie diabétique  constitue la principale cause de cécité dans les pays industrialisés. L’excès de glucose répété altèrent les capillaires sanguins irriguant les cellules rétiniennes, affectant leur rigidité et leur perméabilité. La rétine est de moins en moins bien oxygénée et se détériore au fil du temps, conduisant dans les formes les plus graves à la cécité totale.

La néphropathie diabétique

Le rein filtre le sang pour éliminer les principaux déchets présents dans la circulation sanguine.  L’atteinte des capillaires sanguins au niveau des reins altère progressivement les capacités de filtration rénale. Le rein ne remplit plus son rôle, et certains déchets (urée, créatinine) s’accumulent dans le sang, tandis que d’autres passent anormalement vers les urines (albumine). Le diabète de type 2 peut être à l’origine d’une insuffisance rénale chronique, nécessitant au cours de son évolution une transplantation rénale ou une dialyse.

Face au diabète de type 2, une bonne hygiène de vie et des médicaments

La prise en charge du diabète de type 2 repose sur une double stratégie :

  • Des mesures hygiéno-diététiques basées sur l’alimentation et l’activité physique ;
  • Des traitements hypoglycémiants pour faire baisser la glycémie et préserver le plus longtemps possible la sécrétion naturelle d’insuline par le pancréas.

 Les mesures hygiéno-diététiques

Dès les premiers stades et tout au long de la prise en charge du diabète, les mesures hygiéno-diététiques jouent un rôle capital pour améliorer l’équilibre glycémique et ralentir l’évolution de la maladie :

  • Un régime alimentaire basé sur une alimentation saine et équilibrée ;
  • Un contrôle du poids corporel ;
  • La pratique d’une activité physique régulière et adaptée ;
  • La réduction de la consommation d’alcool ;
  • Le sevrage tabagique.

mode de vie sain

Un suivi diététique et nutritionnel peut être utile pour aider les patients à mieux gérer leur alimentation. Ils doivent notamment se familiariser avec le concept d’indice glycémique des aliments.

À savoir ! L’indice glycémique des aliments reflète l’effet d’un aliment sur la glycémie. Les aliments à indice glycémique élevé augmentent rapidement et fortement la glycémie. C’est le cas par exemple des boissons sucrées, des pâtisseries ou des confiseries. Ces aliments sont à éviter autant que possible par le sujet diabétique. Les aliments à indice glycémique faible sont les aliments qui augmentent lentement et faiblement la glycémie. C’est le cas par exemple des céréales complètes. Ces aliments doivent être privilégiés par les sujets diabétiques. Un même aliment peut être d’indice glycémique variable selon le mode de préparation. Par exemple, les pâtes blanches ont un indice glycémique plus faible lorsqu’elles sont peu cuites (al dente)

Les médicaments hypoglycémiants

Pierre angulaire de la prise en charge du diabète de type 2, la metformine est l’un des premiers médicaments antidiabétiques développés contre le diabète de type 2. Malgré plusieurs controverses à son sujet au cours des dernières années, il reste aujourd’hui l’un des plus prescrits en première intention.

 

Metformine

 

La metformine est prescrite, seule ou en association avec d’autres antidiabétiques oraux ou injectables. Au fil des années, plusieurs classes thérapeutiques ont vu le jour et permettent d’adapter au profil de chaque patient le traitement antidiabétique le plus efficace pour contrôler son diabète :

  • Les sulfamides, qui favorisent l’entrée du glucose dans les cellules ;
  • Les glinides, avec un mécanisme d’action proche de celui des sulfamides ;
  • Les inhibiteurs des alpha-glucosidases réduisent l’absorption intestinale des glucides, limitant ainsi l’élévation post-prandiale de la glycémie ;
  • Les analogues du glucagon-like-peptide (analogues du GLP-1) (incrétinomimétiques) sont des analogues des hormones qui stimulent la synthèse et la libération de l’insuline ;
  • Les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase (gliptines) favorisent l’action des hormones incrétines ;
  • Les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2 diminuent la réabsorption du glucose au niveau des reins, réduisant ainsi la glycémie.

Par exemple, chez les sujets diabétiques en surpoids ou obèses, les analogues du GLP-1 sont des médicaments antidiabétiques particulièrement intéressants, car ils permettent à la fois un meilleur contrôle glycémique et une perte de poids. Ainsi, le traitement antidiabétique est adapté au diabète et à l’état de santé de chaque patient, en prenant en compte son âge, son poids corporel, son état de santé cardiovasculaire ou encore sa fonction rénale.

Les traitements contre le diabète de type 2 sont déjà nombreux, mais ils ne suffisent pas toujours à permettre un équilibre glycémique optimal et à prévenir efficacement les complications. Les recherches se poursuivent donc pour mettre au point de nouveaux traitements contre le diabète de type 2.

L’insulinothérapie dans les stades avancés du diabète de type 2

Pour les stades avancés du diabète de type 2, les médicaments antidiabétiques hypoglycémiants ne suffisent plus et un recours à l’insuline devient nécessaire. L’insulinothérapie est basée sur des insulines lentes et rapides, généralement associées au moins dans les premiers temps à des médicaments antidiabétiques. Là encore le traitement par insuline est adapté au cas spécifique de chaque patient.

Insulinothérapie

 

Un suivi médical régulier pour repérer les complications

Le maintien de l’équilibre glycémique est l’objectif numéro un de la prise en charge du diabète. Cet équilibre glycémique oblige à une autosurveillance régulière pour éviter les variations de la glycémie : un taux de sucre dans le sang trop élevé (hyperglycémie) ou trop bas (hypoglycémie).

En laboratoire d’analyses : tous les 3 mois, on mesure la glycémie à jeun et l’hémoglobine glyquée (HbA1c). L’hémoglobine glyquée est le reflet de l’évolution de la glycémie sur les trois derniers mois. Certains patients doivent également surveiller leur glycémie à domicile avec un lecteur de glycémie : le patient peut contrôler sa glycémie capillaire (sur une goutte de sang) à divers moments de la journée. C’est ce qu’on appelle l’autosurveillance glycémique (ASG).

L’autosurveillance glycémique doit s’inscrire dans une démarche d’éducation thérapeutique du patient. Lors de la prescription d’un dispositif d’ASG, il est indispensable d’expliquer au patient et d’organiser avec lui cette autosurveillance, de définir les moments, la fréquence, les objectifs et les décisions à prendre en fonction des résultats.

En parallèle, un suivi médical est mis en place pour vérifier l’efficacité du traitement et repérer précocement toute complication. Les examens fixés permettent de s’assurer que le diabète est sous contrôle. Le suivi doit être assuré au moins quatre fois par an par le médecin traitant, qui peut également orienter le patient vers des spécialistes. En effet, au moins une fois par an, il faut réaliser :

  • Un contrôle annuel chez un ophtalmologiste ;
  • Un suivi bucco-dentaire régulier ;
  • Un bilan lipidique (cholestérol, triglycérides) ;
  • Un bilan de la fonction rénale ;
  • Un électrocardiogramme ;
  • Un examen des pieds chez un podologue.

En fonction des résultats des examens, le médecin traitant peut orienter le patient vers des médecins spécialistes (néphrologue, ophtalmologiste, cardiologue, nutritionniste, …). L’accompagnement du patient diabétique est pluriprofessionnel.

La vie quotidienne avec un diabète de type 2

La vie quotidienne avec un diabète de type 2 nécessite de faire attention à son alimentation et de pratiquer aussi souvent que possible une activité physique adaptée à son état de santé. Mais d’autres aspects de la vie quotidienne peuvent être impactés par la maladie, notamment les voyages.

Avant de partir en voyage, un minimum de préparation et d’organisation s’impose pour avoir suffisamment de médicaments et de matériel (autosurveillance glycémique et/ou injections d’insuline), les transporter et les conserver dans de bonnes conditions. Quelle que soit la durée du séjour, il est recommandé d’emporter une ordonnance en cours de validité. Pour les voyages en avion, les sujets diabétiques sous insuline doivent respecter la réglementation pour emmener avec eux leurs flacons d’insuline.

Pour mieux vivre au quotidien avec le diabète de type 2, des séances d’éducation thérapeutique sont proposées aux patients dans les centres de soins. Demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien. Par ailleurs, des associations de patients existent et accompagnent au quotidien les patients dans leur vie avec le diabète.

→ Pour suivre toute l’actualité du diabète, rendez-vous sur notre site spécialisé : https://infos-diabete.com/

Rédigé par Estelle B. ,Docteur en Pharmacie, et publié le 19 mai 2021, , mis à jour le 19 décembre 2023.

Sources
– Diabète.www.santepubliquefrance.fr. Consulté le 14 décembre 2023.
– Diabète de l’adulte. www.ameli.fr. Consulté le 14 décembre 2023.
– Prise de position de la Société Francophone du Diabète (SFD) sur les stratégies d’utilisation des traitements antihyperglycémiants dans le diabète de type 2 www.sfdiabete.org. Consulté le 14 décembre 2023.

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