Véritable problème de santé publique, le diabète toucherait aujourd’hui (en 2016) près de 4 millions de français, soit 5% de la population, selon l’Institut de veille sanitaire (Invs).
Le nombre de nouveaux patients atteints de diabète continue d’augmenter de par le vieillissement de la population, l’augmentation de l’espérance de vie des personnes diabétiques, mais aussi l’augmentation de la prévalence de l’obésité. Parmi tous ces cas de diabète, 90 % sont des diabètes de type 2. Le seul chiffre stable reste celui des décès annuels imputés directement au diabète : 30 à 32 000 / an depuis les années 2000 (Invs).
Les diabètes sucrés
L’organisme doit absolument réguler le taux de glucose sanguin (la glycémie) pour rester en bonne santé. Pour cela, le pancréas sécrète une hormone : l’insuline.
Lors des repas, des glucides sont absorbés, transformés en glucose au niveau de l’estomac et rejoignent la circulation sanguine pour être distribués aux autres organes. L’insuline, la principale hormone hypoglycémiante, est sécrétée par le pancréas pour faire diminuer la quantité de sucre dans le sang, principalement en permettant aux cellules d’absorber le glucose sanguin (en augmentant le nombre et la sensibilité des récepteurs cellulaires au glucose : les récepteurs Glut), faisant ainsi baisser la glycémie. Les cellules du corps vont stocker ces apports en glucose sous forme de glycogène, une réserve d’énergie indispensable pour le bon fonctionnement des cellules.
Pancréas
Le pancréas est une glande endocrine (sécrétrice d’hormones) très particulière, située derrière l’estomac. Véritable lecteur de glycémie, il synthétise au niveau des cellules béta des ilôts de Langerhans de l’insuline, qui est ensuite libérée dans le sang pour réguler le taux sanguin de glucose.
Cependant dans certaines situations, le système se dérègle et peut notamment voir se développer une résistance au glucose, un stade qui correspond au pré diabète de type 2, qui évolue plus ou moins rapidement en diabète de type 2.
Le diabète de type 2, comme les autres diabètes sucrés, est caractérisé par une hyperglycémie chronique (taux sanguin de glucose supérieur à la normale, c’est-à-dire supérieur à 1,26 g/l après un jeûne de 8 heures). Ce dysfonctionnement de la régulation de la glycémie est lié soit à une déficience de la sécrétion de l’insuline, soit une baisse de son action, soit l’association des deux phénomènes précédents.
Diabète de type 2
Le diabète de type 2 est la forme de diabète la plus fréquente (plus de 90 % des diabètes traités). Il est caractérisé par le développement précoce d’une « insulino-résistance ». L’insuline n’exerce plus son action habituelle, la glycémie reste trop élevée, obligeant le pancréas à sécréter toujours plus d’insuline pour tenter de réguler la glycémie, mais en vain.
Au fil des mois et des années, le pancréas s’épuise à produire toujours plus d’insuline, et la sécrétion de l’hormone commence à chuter. C’est la phase dite de « l’insulino réquérance ».
Puis, dans les stades avancés, le pancréas devient incapable de synthétiser l’insuline, induisant pour le patient une « insulinodépendance ». Ce stade équivaut à la situation des diabétiques de type 1, et les injections d’insuline doivent alors être effectuées à vie.
Le diabète de type 2 peut évoluer insidieusement sans symptômes pendant plusieurs années, il peut même être découvert au stade des complications du diabète. Ce côté sournois de la maladie chronique est à l’origine d’une recommandation de dépistage systématique chez toutes les personnes âgées d’au moins 45 ans et présentant des facteurs de risque, en particulier un surpoids ou une obésité. Le dépistage consiste à mesurer régulièrement la glycémie à jeun à partir d’une simple prise de sang.
Autres types de diabètes
Même si le diabète de type 2 est la forme la plus fréquente de diabète sucré, il existe d’autres types de diabète, comme le diabète de type 1. Ce diabète est une maladie auto-immune, provoqué par la destruction des cellules bêta du pancréas, entraînant une incapacité à sécréter de l’insuline. C’est pourquoi les injections d’insuline sont indispensables et vitales chez les personnes diabétiques de type 1. Cette forme de diabète survient essentiellement chez les enfants et les jeunes adultes et le diagnostic est souvent brutal. Le diabète de type I représenterait aujourd’hui moins de 10 % des diabètes traités.
Les autres formes de diabète sont plus rares, comme le diabète gestationnel (qui peut être transitoire car il est lié à une résistance à l’insuline pendant la grossesse mais peut également persister après la grossesse) ou des cas de diabète résultant de conditions spécifiques ou génétiques (diabètes secondaires à la prise de corticoïdes, à une pancréatite, à une hémochromatose, à une mucoviscidose, diabète correspondant à une forme génétique identifiée de type Mody…).
À savoir ! Les diabètes sucrés ne sont pas les seuls diabètes. Il existe également des diabètes insipides, caractérisés par une production excessive d’urines et une soif importante, sans anomalie de la régulation de la glycémie.
Mécanisme du diabète de type 2
Mécanismes
A l’origine du diabète de type 2, existerait un excès de tissu adipeux, lié notamment au surpoids et à l’obésité. Cet excès de graisses provoquerait une libération massive d’acides gras dans la circulation sanguine, des acides gras qui auraient plusieurs conséquences négatives :
- Au niveau hépatique : le passage des acides gras dans le foie stimule la synthèse des triglycérides (une catégorie de lipides) et la néoglucogenèse (voie de synthèse alternative du glucose à partir des acides gras) : des troubles lipidiques se développent et la glucose produit accentue les besoins en insuline.
- Au niveau musculaire : les acides gras et le glucose entrent en compétition pour l’utilisation en tant que ressource énergétique. Libérant plus d’énergie, les acides gras en excès sont privilégiés par les cellules musculaires, limitant l’utilisation du glucose.
Au final, le glucose produit par le foie n’est que peu utilisé, stimulant la sécrétion d’insuline. Progressivement, une intolérance au glucose se met en place avec une hyperglycémie chronique, puis le diabète de type 2 apparait. D’évolution lente et silencieuse, l’hyperglycémie est longtemps asymptomatique et la maladie est souvent découverte de façon fortuite à l’occasion d’une prise de sang, ou en cas de complication.
Depuis peu, des spécialistes s’orientent vers une sous-division des cas de diabète de type 2, en quatre catégories distinctes, selon la sévérité de l’insulinorésistance et des troubles glycémies.
Facteurs de risques
Les prédispositions génétiques impliquées dans la survenue d’un diabète de type 2 ne peuvent expliquer à elles seules l’apparition de la maladie.
En effet cette pathologie semble particulièrement corrélée à l’âge et au mode de vie. L’incidence de la maladie augmente avec l’âge du fait de l’usure des cellules et des organes. Par ailleurs, la sédentarité, l’hypercholestérolémie, le surpoids et l’obésité ou encore l’hypertension artérielle, augmentent le risque de développer la maladie, sans que les raisons soient clairement identifiées. Des mécanismes inflammatoires sont néanmoins montrés du doigt, en particulier en cas d’obésité.
À noter ! Les chercheurs se penchent actuellement sur les modifications de la flore intestinale, ou encore sur les conditions du développement fœtal… tentant d’identifier de nouveaux facteurs environnementaux prédisposant.
Les Symptômes du diabète de type 2
Des symptômes identiques pour tous les diabètes sucrés
Les symptômes du diabète de type 2 se développent souvent insidieusement et passent souvent inaperçus pendant une longue période. Schématiquement, ce sont les mêmes symptômes que les autres diabètes sucrés, à savoir :
- Des urines abondantes et une envie fréquente d’uriner (la polyurie) ;
- Une soif intense, non calmée par la consommation de boissons (la polydipsie) ;
- Une augmentation de l’appétit n’entraînant pas de prise de poids, voire provoquant un amaigrissement (la polyphagie) ;
- Une fatigue chronique ;
- Une faiblesse physique ;
- Des infections récidivantes touchant principalement la peau, les muqueuses ou les appareils génito-urinaires ;
- Un retard de cicatrisation en cas de blessure ou d’intervention chirurgicale ;
- Un engourdissement ou des fourmillements dans les membres.
Les complications
Parfois révélatrices de la maladie, les complications du diabète de type 2 sont nombreuses et souvent graves. Les hyperglycémies répétées ont des effets délétères sur l’organisme, notamment sur les nerfs et les vaisseaux sanguins et par voie de conséquence sur de très nombreux organes. Le risque de complications s’accroît au fil des années passées avec le diabète. Le contrôle étroit de l’équilibre glycémique reste la plus efficace des préventions.
Les neuropathies diabétiques
Les hyperglycémies provoquent des altérations chimiques, conduisant à des lésions du nerf jusqu’à sa destruction. De l’altération fonctionnelle (le nerf fonctionne de moins en moins bien) à l’altération structurelle (destruction progressive), l’ensemble du système nerveux périphérique, et autonome est affecté. Ces lésions irréversibles sont responsables de nombreux troubles, accompagnés ou non de douleurs :
- La perte du sens du toucher ;
- Une insensibilité progressive à la douleur, notamment aux pieds : les patients peuvent ne plus s’apercevoir des douleurs provoquées par des infections au pied par exemple, ce qui contribue au développement du pied diabétique ou mal perforant plantaire, l’une des principales causes d’amputation chez l’adulte ;
- Des engourdissements ou des fourmillements ;
- Une fatigue musculaire ;
- Une diarrhée chronique ou au contraire une constipation chronique ;
- Des troubles de la miction ;
- Des malaises vagaux ;
- Des troubles de l’érection ;
- Une disparition progressive des réflexes ostéo-tendineux.
Les complications cardio-vasculaires
Les événements cardio-vasculaires (infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral (AVC)) sont 2 à 3 fois plus élevés chez les sujets diabétiques.
L’excès de glucose dans le sang modifie les parois vasculaires favorisant la formation de plaques d’athéromes (dépôts de graisse sur la paroi interne des vaisseaux sanguins). Ces plaques avec le temps et suite à différents phénomènes (notamment inflammatoires) se durcissent par calcification et deviennent plus ou moins fibreuses et rigides, c’est l’athérosclérose. La rupture de l’une de ces plaques peut entraîner une thrombose ou un infarctus, d’autant plus facilement que l’excès de glucose contribue à la formation de caillots sanguins.
La rétinopathie diabétique
Complication très fréquente, la rétinopathie diabétique constitue la principale cause de cécité dans les pays industrialisés. L’excès de glucose répété altèrent les capillaires sanguins irriguant les cellules rétiniennes, affectant leur rigidité et leur perméabilité. La rétine est de moins en moins bien oxygénée et se détériore au fil du temps, conduisant dans les formes les plus graves à la cécité totale.
La néphropathie diabétique
Le rein filtre le sang pour éliminer les principaux déchets présents dans la circulation sanguine. L’atteinte des capillaires sanguins au niveau des reins altère progressivement les capacités de filtration rénale. Le rein ne remplit plus son rôle, et certains déchets (urée, créatinine) s’accumulent dans le sang, tandis que d’autres passent anormalement vers les urines (albumine). Le diabète de type 2 peut être à l’origine d’une insuffisance rénale chronique.
La prévention des complications
Pour prévenir l’ensemble des complications du diabète de type 2, l’équilibre glycémique est essentiel. La surveillance de la glycémie et de l’hémoglobine glyquée (HbA1c, reflet des glycémies des trois derniers mois) est capitale pour évaluer l’efficacité du traitement.
Par ailleurs, il est important de détecter au plus vite une éventuelle complication du diabète, pour immédiatement instaurer le traitement adapté. Plusieurs surveillances régulières sont nécessaires chez le sujet diabétique de type 2 :
- Un bilan annuel chez le cardiologue ;
- Un bon suivi bucco-dentaire ;
- Un contrôle annuel chez un ophtalmologue ;
- Un rendez-vous annuel chez un podologue
Un certain nombre de ces consultations sont prises en charge par l’Assurance Maladie dans le cadre du suivi du patient diabétique.
Lire aussi – Diabète : conseils pratiques
Traitements du diabète de type 2
Les mesures hygiéno-diététiques
Dès les premiers stades et tout au long de la prise en charge du diabète, les mesures hygiéno-diététiques jouent un rôle capital pour améliorer l’équilibre glycémique et ralentir l’évolution de la maladie :
- Un régime alimentaire basé sur une alimentation saine et équilibrée, si besoin avec un suivi par un nutritionniste ou un diététicien ;
- Un contrôle du poids corporel ;
- La pratique d’une activité physique régulière et adaptée ;
- La réduction de la consommation d’alcool ;
- Le sevrage tabagique.
Les médicaments antidiabétiques oraux
Pierre angulaire de la prise en charge du diabète de type 2, la metformine est l’un des premiers médicaments antidiabétiques développés contre le diabète de type 2 et reste aujourd’hui l’un des plus prescrits en première intention.
La metformine est prescrite, seule ou en association avec d’autres antidiabétiques oraux, dont il existe plusieurs classes thérapeutiques :
- Les sulfamides, qui favorisent l’entrée du glucose dans les cellules ;
- Les glinides, avec un mécanisme d’action proche de celui des sulfamides ;
- Les inhibiteurs des alpha-glucosidases réduisent l’absorption intestinale des glucides, limitant ainsi l’élévation post-prandiale de la glycémie ;
- Les analogues de la glucagon-like-peptide (incrétinomimétiques) sont des analogues des hormones qui stimulent la synthèse et la libération de l’insuline ;
- Les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase (gliptines) favorisent l’action des hormones incrétines ;
- Les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2 diminuent la réabsorption du glucose au niveau des reins, réduisant ainsi la glycémie ;
- Pour les stades avancés, l’insulinothérapie, basée sur des insulines lentes et rapides.
De nouveaux traitements pour le diabète de type 2 ?
Les traitements contre le diabète de type 2 sont déjà nombreux, mais ils ne suffisent pas toujours à permettre un équilibre glycémique optimal et à prévenir efficacement les complications. Les recherches se poursuivent donc pour mettre au point de nouveaux traitements contre le diabète de type 2.
Estelle B., Docteur en Pharmacie publié le 19 mai 2021.