Dopamine décor : tendance utile ou simple effet de mode ?

Par |Publié le : 29 décembre 2025|Dernière mise à jour : 29 décembre 2025|5 min de lecture|

Couleurs vives, touches pop, objets joyeux : le « dopamine décor » s’invite dans nos intérieurs en promettant de stimuler l’humeur grâce à un environnement plus sensoriel et plus expressif. Cette tendance, largement relayée sur les réseaux sociaux, repose sur une idée forte : si notre cerveau réagit à ce qu’il voit, pourquoi ne pas utiliser la couleur pour soutenir notre moral au quotidien ?

header dopamine décor

Pour Isabelle Karastamatis, coach et thérapeute en Gestalt, l’engouement pour cette tendance répond à un véritable besoin émotionnel. « Dans un monde qu’on pourrait qualifier de gris, le dopamine décor répond à un besoin réel : celui de créer des espaces qui nous font du bien, qui nous donnent envie de rentrer chez nous ».

Selon elle, l’intérieur n’est plus pensé seulement comme un espace fonctionnel mais comme un lieu d’ancrage personnel. Ces décors ne cherchent pas forcément l’esthétique classique ; ils sont avant tout « vivants, personnels », composés d’objets et de couleurs qui résonnent avec l’histoire de chacun. Pedro Almodóvar, maître des ambiances hautes en couleur, est pour elle un exemple emblématique de cette façon de mettre en scène la vie. Elle rappelle aussi que certains objets familiers — une photo, un tableau, un tissu — peuvent jouer un rôle essentiel en réveillant des émotions positives associées à des souvenirs heureux : de véritables ancrages visuels qui renforcent le sentiment de continuité intérieure.

Isabelle Karastamatis souligne qu’un intérieur neutre ou très standardisé peut finir par nous déconnecter de nous-mêmes. À l’inverse, un espace qui reflète pleinement notre identité soutient notre sentiment d’exister, ce qui nourrit notre énergie vitale. La couleur, les textures et les objets deviennent alors de véritables leviers de présence à soi.

Couleurs, émotions et énergie : ce que dit la science

De manière complémentaire, Aïcha Lugrin, coach certifiée PNL, rappelle que les couleurs ont un impact direct sur nos émotions. « C’est prouvé scientifiquement : les couleurs influencent nos émotions, et les émotions induisent la pensée… puis l’action ».

Les teintes chaudes, comme le rouge, l’orange ou le jaune, stimulent et dynamisent ; elles favorisent l’action et la concentration. Au contraire, les bleus et les verts apaisent le système nerveux, d’où leur présence fréquente dans les chambres ou les pièces destinées au repos. Les réactions individuelles varient selon les expériences, mais certaines associations entre couleurs et émotions restent universelles.

Selon Aïcha Lugrin, l’équilibre est toutefois essentiel. Une pièce entièrement rouge ou entièrement orange peut vite saturer le cerveau. Elle conseille donc d’utiliser les couleurs vives « par petites touches » afin d’éviter la fatigue visuelle et de maintenir un environnement harmonieux. La luminosité joue également un rôle majeur : un espace trop sombre pendant la journée peut perturber les rythmes biologiques et accentuer le sentiment de lassitude.

Pour Isabelle Karastamatis, l’impact de la couleur s’inscrit dans un ensemble plus large de perceptions. « Un décor participe activement à notre expérience ». L’environnement modifie la respiration, le tonus musculaire ou encore la posture. Une texture agréable, une odeur familière ou un agencement fluide peuvent transformer la manière dont nous habitons un lieu. La dimension olfactive et sonore compte tout autant : Aïcha Lugrin rappelle qu’une musique aimée ou une odeur choisie peut apaiser instantanément, quand un fond sonore anxiogène — comme la télévision en continu — surcharge le mental.

Elle souligne également l’importance des matières naturelles et des éléments évoquant la nature. Parce que « nous sommes faits pour vivre dans une forêt », rappelle-t-elle, la présence de bois, de plantes, de pierre ou même de sons naturels comme l’eau ou le feu peut créer une atmosphère profondément apaisante.

Stress, surcharge mentale et sécurité intérieure : le rôle du décor

Cette interaction constante entre le corps et l’environnement explique pourquoi certains espaces apaisent immédiatement, tandis que d’autres génèrent une tension difficile à identifier. La mémoire sensorielle, très puissante, participe à cette réaction : certaines matières, couleurs ou ambiances réveillent des souvenirs qui influencent notre humeur avant même que nous en ayons conscience.

Le lien avec le stress est particulièrement frappant. « Le corps se calme dès qu’il reçoit le message qu’il est en sécurité. L’environnement est un moyen essentiel de créer cette sécurité », explique Aïcha Lugrin. Un intérieur chaleureux, rangé et cohérent envoie ce message apaisant et permet au système nerveux de se relâcher. À l’inverse, un espace encombré maintient une forme d’alerte permanente : chaque objet qui traîne devient une tâche potentielle et empêche l’esprit de se reposer. Cela peut nourrir la culpabilité, une émotion très énergivore, et renforcer la fatigue mentale.

La surcharge mentale, particulièrement présente dans les vies sursollicitantes, se trouve ainsi intensifiée par le désordre visuel. « L’environnement, c’est une sorte d’image de nous », rappelle Aïcha Lugrin. Un intérieur chaotique projette une image confuse, tandis qu’un espace harmonieux peut devenir un véritable soutien émotionnel. Cette cohérence visuelle et sensorielle permet de diminuer le bruit mental et de retrouver une forme de clarté intérieure.

De son côté, Isabelle Karastamatis met en garde contre une dérive fréquente : la décoration transformée en injonction au bonheur. Elle rappelle que l’environnement peut accompagner et soutenir, mais ne remplace pas un travail thérapeutique lorsque celui-ci est nécessaire. Pour elle, la décoration ne devrait jamais devenir une source de pression. L’accès à la joie ne dépend pas d’un intérieur “parfait”. « L’essentiel reste l’authenticité : un intérieur qui nous ressemble, même imparfait, nourrit toujours mieux qu’un décor “parfait” mais étranger à qui nous sommes ».

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.