Depuis plusieurs années, les autorités sanitaires s’intéressent à l’impact des écrans sur le développement cognitif des enfants. En janvier dernier, un comité d’experts chargés d’élaborer des recommandations sur le sujet a même été sollicité par le Président de la République. Après plusieurs mois de travail, les experts ont enfin rendu un rapport sans concession sur l’hyperconnexion. On fait le point.
Un rapport sans concession sur l’hyperconnexion des enfants
Plusieurs mois de travail ont été nécessaires aux experts dans le cadre de cette mission. Chercheurs, épidémiologistes, industriels ou associatifs, tous ont planché sur le sujet pour pouvoir dresser des conclusions sur le sujet. Et force est de constater que le rapport remis à l’Elysée est sans concession sur l’hyperconnexion des plus jeunes. Il faut dire que dans un contexte d’hyperconnexion subie par les plus jeunes, les experts ont choisi de communiquer en toute transparence quant aux conséquences sur la santé et le développement des enfants. Ils ajoutent même qu’il y a « urgence à retrouver la maîtrise de ce qui est souhaitable pour les enfants » !
Qu’on se le dise, les conclusions de ces travaux n’ont pas pour objectif de culpabiliser les parents mais plutôt de les guider et de les convaincre du bien-fondé scientifique des recommandations émises en matière d’écrans dans l’enfance. Au nombre de 29, ces recommandations sont à prendre dans leur ensemble selon les auteurs qui estiment que n’en appliquer ne servirait à rien voire s’avèrerait contre-productif !
L’idée principale consiste en la mise en place d’un usage progressif et raisonné des écrans selon l’âge de l’enfant :
- Pas d’écrans avant trois ans.
- Accès limité et occasionnel à des contenus qualitatifs et en présence d’un adulte entre trois et six ans.
- Un accès aux écrans modéré et contrôlé parmi des activités diversifiées et variées pour le développement des enfants à partir de 6 ans.
À savoir ! S’agissant des téléphones portables, la commission d’experts n’y est pas favorable avant l’âge de 11 ans. Elle propose donc une réponse stricte consistant à en interdire la vente avant cet âge et de ne fournir un accès internet qu’à partir de 13 ans, sans accès aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux.
Les conséquences néfastes des écrans sur la santé des enfants
Comment expliquer la sévérité apparente de ces recommandations ? Elle s’appuie sur l’analyse de la littérature scientifique existante ainsi que sur les avis d’une centaine d’experts et l’expérience de 150 jeunes. Pour l’un des présidents de la commission, les conséquences néfastes des écrans sur la vision, le sommeil ou encore la sédentarité et le manque d’activité physique sont de plus en plus évidentes.
Parmi les points de vigilance relevés par la commission d’experts, citons :
- La « technoférence» : il s’agit de l’interférence de la technique dans l’échange entre adultes et enfants. En clair, des parents accros à leurs écrans et interagissant peu avec leur enfant, peuvent, sans le vouloir, freiner ses capacités socio-émotionnelles et le développement de son langage.
- Les risques liés aux réseaux sociaux chez des enfants ou adolescentes présentant une vulnérabilité préexistante (comme une dépression ou de l’anxiété).
- La captation de l’attention nécessitée par les jeux vidéo.
- Les risques d’exposition des plus jeunes à des contenus inappropriés tels que des scènes de violence, de pornographie ainsi qu’aux dangers liés à la pédo-criminalité.
De la nécessité de former les professionnels de santé et de la petite enfance
Pour les auteurs de ce rapport, les professionnels de santé et ceux de la petite enfance ont un rôle à jouer dans la prévention des risques liés à la surexposition des enfants aux écrans. C’est pour cette raison qu’ils estiment qu’ils doivent être formés aux dangers des écrans et au repérage d’un usage abusif de ces outils.
Ils proposent par ailleurs des pistes pour améliorer la prévention des dangers liés aux écrans :
- Supprimer les écrans dans les crèches et écoles maternelles.
- Impliquer les médecins dans le repérage d’un usage abusif des écrans chez les enfants de la même manière qu’ils le font pour le tabac ou l’alcool chez l’adulte.
- Intégrer dans le carnet de santé des éléments d’informations sur les dangers liés aux écrans avec une grille de suivi du temps consacré aux écrans.
- Mieux cerner les besoins véritables des enfants et des adolescents en termes d’activités au cours de la journée : sorties en extérieur, activité physique, activités collectives, musicales, artistiques, qualité du sommeil et de l’alimentation etc…
À savoir ! Les experts rappellent aussi que les activités récréatives sur écran ne sont pas indispensables tous les jours.
Déborah L., Dr en Pharmacie