Intoxications au protoxyde d’azote : Une hausse préoccupante

Par |Publié le : 20 mai 2025|Dernière mise à jour : 21 mai 2025|3 min de lecture|

Le protoxyde d’azote séduit de plus en plus de jeunes qui en font un usage détourné pour ses propriétés euphorisantes. Or, une consommation importante pendant de longues périodes les expose à un risque de dépendance et de complications sévères. Santé publique France alerte sur la hausse continue des signalements d’intoxications toujours plus graves liés à l’usage détourné de ce « gaz hilarant ».  

Qu’est-ce que le protoxyde d’azote ?

Utilisé comme gaz de compression dans certains produits alimentaires, le protoxyde d’azote est disponible en vente libre sous formes de cartouches de siphon ou de bonbonnes dans les supermarchés ou sur internet.

Or, depuis plusieurs années, certains utilisent ce gaz de façon détournée. Après ouverture de la cartouche de siphon, ils inhalent le protoxyde d’azote au moyen d’un ballon afin d’obtenir rapidement un effet euphorisant. D’où le surnom de « gaz hilarant » attribué au protoxyde d’azote.

Intoxications au protoxyde d’azote : une hausse inquiétante des signalements

Jusqu’à présent, le protoxyde d’azote était surtout détourné par les étudiants. Mais aujourd’hui, son prix attractif séduit une population toujours plus jeune. Les collégiens et les lycéens en consomment ainsi en quantités importantes, parfois tous les jours et sur de longues périodes. Selon le Baromètre de Santé publique France, 14 % des 18-24 ans l’avaient déjà expérimenté en 2022 et plus de 3 % déclaraient en avoir consommé au cours de l’année.

Par ailleurs, le nombre de signalements liés à la consommation de protoxyde d’azote a été multiplié par 3 entre 2020 et 2023 et 59 % des signalements correspondent à des usages répétés sur plus d’un an ! Or, le protoxyde d’azote est loin d’être sans danger pour la santé. Preuves en sont la gravité des cas signalés ainsi que les complications associées observées depuis deux ans. Plus de 80 % des signalements recensent en effet des troubles neurologiques parfois irréversibles. Des complications sévères sur le système cardiovasculaire peuvent également survenir en cas de prises répétées et/ou en grande quantité.

Protoxyde d’azote : des risques bien réels pour la santé

Dans ce contexte préoccupant, Santé publique France s’associe avec l’ANSM et l’Anses pour rappeler les risques pour la santé liés à la consommation de protoxyde d’azote. En raison de l’action du gaz sur le système nerveux central, une consommation répétée et à intervalles rapprochés et / ou à fortes doses, peut en effet entraîner des complications graves comme :

  • Des complications neurologiques : engourdissements, faiblesses musculaires, perte de la capacité à marcher, troubles de la coordination, troubles urinaires etc…
  • Des problèmes cardiovasculaires : formation de caillots sanguins avec risque d’embolie pulmonaire mortelle.
  • Des symptômes psychiatriques : hallucinations, épisodes délirants, troubles de l’humeur.

A ces complications s’ajoute le risque de dépendance (perte de contrôle de la consommation). Notons que ces risques sont majorés par la consommation concomitante d’autres produits comme l’alcool ou la drogue.

À savoir !Le protoxyde d’azote modifie les sensations et diminue les réflexes. Il est donc déconseillé de conduire un véhicule après avoir consommé du protoxyde d’azote, en raison du risque d’accidents graves ou mortels.

Santé Publique France tient également à prévenir les femmes enceintes et en âge de procréer des risques potentiellement graves pour l’enfant à naitre d’une exposition importante au protoxyde d’azote pendant la grossesse. En 2023, deux signalements inédits ont en effet été recensés : ils concernaient deux nouveau-nés présentant des troubles neurologiques à la naissance.

L’instance sanitaire précise aussi qu’une supplémentation en vitamine B12 ne suffit pas à contrer les effets néfastes du protoxyde d’azote. Une consommation continue de protoxyde d’azote neutralise systématiquement la vitamine B12 qui devient inefficace.

Santé Publique France insiste enfin sur la nécessité de protéger sa santé en ne consommant pas de protoxyde d’azote. Un décret visant à mentionner la dangerosité du protoxyde d’azote en cas d’inhalation sur tous les conditionnements est d’ailleurs en préparation.

Sources
– Le « proto », des cas d’intoxication toujours en augmentation. . www.santepubliquefrance.fr. Consulté le 07 mai 2025.
– Protoxyde d’azote : des intoxications en hausse. Anses. . www.anses.fr. Consulté le 07 mai 2025.

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Deborah L.
Pharmacienne. Spécialisée dans les domaines de la santé, de la nutrition et de la cosmétologie. Passionnée par l'écriture, elle sait allier la rigueur scientifique à la beauté de notre langue. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.