Embolie pulmonaire


Rédigé par Nathalie M. et publié le 6 mai 2022

plusieurs mains en train de tenir des poumons en plastique

Malgré d’importants progrès réalisés, notamment au niveau de la prévention et de la prise en charge, l’embolie pulmonaire reste une pathologie fréquente et récidivante, notamment chez le sujet âgé. En effet, elle présente une mortalité et une morbidité importantes. Cela en fait un enjeu majeur de santé publique. Ainsi, on estime sa fréquence à 100 000 cas par an en France, dont 10 000 mortels. Elle est la 3ème cause de décès après les maladies cardiovasculaires et les cancers.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que l’embolie pulmonaire ?

L’embolie pulmonaire est une obstruction partielle ou totale de l’une des artères pulmonaires ou de l’une de ses branches par un caillot sanguin. Dans la majorité des cas, le caillot de sang responsable se forme au niveau des membres inférieurs (au cours d’une phlébite ou d’une thrombose veineuse).

Un caillot peut se détacher de la paroi veineuse et migrer vers le cœur. Les contractions cardiaques propulsent le caillot de plus en plus loin dans l’arborescence pulmonaire jusqu’à y rester coincé. Il empêche alors l’apport en oxygène de toute la partie du poumon normalement irriguée par l’artère obstruée. Ainsi, l’embolie pulmonaire peut être mortelle. Mais une prise en charge rapide et un traitement adéquat peuvent limiter considérablement le risque de décès.

personne assise qui a mal au mollet

L’embolie pulmonaire se produit presque toujours conjointement avec une thrombose veineuse profonde (TVP). De ce fait, les médecins nomment plus communément l’association de ces deux pathologies « thrombo-embolisme veineux ». La gravité de l’embolie pulmonaire dépend de l’importance de la partie du poumon desservie par l’artère obstruée et de l’état de la fonction cardio-pulmonaire du patient.

Il est rare d’avoir une embolie pulmonaire unique. Ainsi, plusieurs caillots peuvent boucher les artères irriguant des zones de tissu pulmonaire. Le sang oxygéné et riche en nutriments n’y parvient, conduisant à une nécrose des tissus : on parle d’infarctus pulmonaire. De plus, la baisse de fonctionnement du poumon induit une diminution de l’oxygénation du reste du corps.

Quels sont les facteurs de risque d’une embolie pulmonaire ?

Les facteurs de risque pour cette pathologie sont multiples et les symptômes sont le plus souvent soudains. De plus, ils peuvent être difficiles à reconnaître car ils varient d’un individu à un autre. Bien que tout le monde puisse développer une thrombose veineuse profonde et une embolie pulmonaire, certains facteurs aggravants augmentent les risques d’apparition de la maladie, comme l’inactivité, le cancer ou la chirurgie.

Cependant, les caillots de sang ne sont pas les seuls responsables de l’embolie pulmonaire. En effet, les artérioles pulmonaires peuvent également être obstruées par une goutte de graisse (lors d’une fracture osseuse), une bulle d’air (accident de décompression, lors d’une plongée), une goutte de liquide amniotique (lors de l’accouchement), des cellules tumorales (migration de cellules tumorales), un embole athéromateux (fragment de plaque d’athérome), voire un embole septique ou parasitaire (en cas d’infection grave).

L’immobilité

Toutes les circonstances favorisant l’immobilisation et l’alitement prolongés (immobilisation plâtrée, maladies) s’accompagnent d’un ralentissement de la circulation sanguine (stase sanguine) rendant propice la formation d’un caillot. A savoir, l’immobilité pendant une longue période peut considérablement ralentir l’écoulement du sang. De nombreux patients sont contraints de rester immobiles après une maladie comme un accident vasculaire cérébral (AVC), après une blessure ou une opération ou lors de voyages sur un long trajet en avion, train ou voiture.

Vaisseaux sanguins endommagés

L’altération d’un vaisseau sanguin favorise la formation et l’agrégation de caillots sanguins. Ces dommages peuvent venir de blessures telles que des os cassés ou de graves lésions musculaires ou suite à une chirurgie (risque de thrombose veineuse profonde particulièrement lors de la chirurgie gynéco-obstétricale, la chirurgie orthopédique et la chirurgie des pathologies cancéreuses). Une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins (vascularite) et certains types de médicaments – tels que la chimiothérapie – peuvent également endommager les vaisseaux sanguins.

Coagulation sanguine excessive

Diverses affections peuvent favoriser la coagulation sanguine, en particulier le cancer, l’insuffisance cardiaque et les maladies infectieuses. Il existe également des anomalies sanguines constitutionnelles ou acquises chez certaines personnes prédisposant à l’apparition de thrombose veineuse profonde. On citera le syndrome des antiphospholipides (immunodéficience qui rend le sang anormalement collant) ou la thrombophilie.

Autres facteurs

  • L’âge : le risque est augmenté chez les personnes de plus de 60 ans ;
  • Antécédent de formation de caillot ;
  • Antécédents familiaux ;
  • Surpoids / obésité ;
  • La grossesse (le risque est augmenté jusqu’à six semaines après l’accouchement) et les pathologies liées à la grossesse ;
  • Le tabac ;
  • Contraception ou l’hormonothérapie par voie orale.

Quels sont les symptômes de l’embolie pulmonaire ?

Les symptômes de l’embolie pulmonaire peuvent varier considérablement, en fonction de l’étendue de la zone pulmonaire touchée, de la taille du caillot et de l’état de santé du patient. Notamment, il présente une maladie pulmonaire ou cardiaque sous-jacente.

L’obstruction d’une ou plusieurs ramifications de l’artère pulmonaire entraîne l’apparition brutale de divers symptômes :

  1. Forte douleur thoracique (ou au niveau du haut du dos) lancinante et qui s’accentue avec une inspiration profonde, une toux, ou pendant le repas ;
  2. Difficultés à respirer (dyspnée) : une respiration rapide et courte, un essoufflement qui apparaît soudainement ou qui peut se développer progressivement ;
  3. Toux généralement sèche mais pouvant inclure des crachats de sang ou du mucus contenant du sang ;
  4. Douleur à la jambe, le plus souvent dans le mollet, associée ou non à une jambe enflée.

homme qui a mal à la poitrine

D’autres symptômes peuvent être révélateurs de la gravité de l’affection :

  1. Étourdissements, vertiges, malaises ou même un évanouissement ;
  2. Tachycardie  ;
  3. Cyanose des extrémités (doigts, lèvres bleues) ;
  4. Forte transpiration ;
  5. Signes évocateurs d’un état de choc comme une chute de la tension ;
  6. Très rarement, un arrêt du cœur et parfois même une mort subite.

Souvent, les symptômes apparents sont liés à une thrombose veineuse profonde (TVP). On observe par exemple un gonflement, une douleur, une sensibilité, une sensation de chaleur au niveau de la jambe avec une peau rouge ou décolorée.

Quand consulter un médecin ?

Consultez votre médecin immédiatement si vous présentez des symptômes d’embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde. Il s’agit d’un phénomène pouvant entrainer des complications graves. Il est possible de contracter une embolie sans développer de signes cliniques.

Diagnostic et traitement de l’embolie pulmonaire

Quel est le diagnostic ?

Des examens complémentaires confirment le diagnostic et évaluent les conséquences de l’embolie pulmonaire :

  1. Une radiographie du thorax ;
  2. Un électrocardiogramme ;
  3. Une analyse des gaz du sang artériel ;
  4. Un dosage sanguin : dosage des D-dimères (substance libérée dans le sang lorsqu’un caillot sanguin se décompose), mesure de la quantité d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang (un caillot conduit à une diminution du taux d’oxygène et une augmentation du dioxyde de carbone dans le sang).

un médecin qui tient une IRM dans ses mains

Pour visualiser la présence du thrombus à l’intérieur de l’arbre artériel pulmonaire et d’évaluer la sévérité de l’obstruction, un scanner thoracique et une scintigraphie pulmonaire (et plus rarement une angiographie pulmonaire) sont réalisés.

Un scanner thoracique et une scintigraphie pulmonaire (et plus rarement une angiographie pulmonaire) permettent de visualiser la présence du thrombus à l’intérieur de l’arbre artériel pulmonaire et d’évaluer la sévérité de l’obstruction.

La sévérité de l’embolie pulmonaire s’évalue par sa répercussion sur la fonction cardiaque par échographie cardiaque. Cet examen permet également de vérifier la présence ou non d’un caillot au niveau cardiaque.

Un scan permet l’analyse de la ventilation/perfusion du poumon et évalue l’oxygénation de l’ensemble du tissu pulmonaire. Ce test permet de détecter une potentielle embolie pulmonaire.

Enfin, un écho-Doppler veineux des membres inférieurs permet de rechercher une phlébite.

Quels sont les traitements disponibles contre l’embolie pulmonaire ?

Le traitement de l’embolie pulmonaire dépend de sa gravité (taille et localisation du caillot) et de l’état de santé du patient.

Le traitement anticoagulant

Le principal traitement d’une embolie pulmonaire est l’anticoagulant qui a pour fonction de limiter la coagulation du sang et donc la formation de caillot. Ils modifient la composition de protéines sanguines limitant ainsi l’extension du caillot déjà formé et prévenant le risque de formation de nouveaux caillots. En aucun cas ils ne désagrègent les caillots déjà formés.

À savoir Si vous avez une thrombose veineuse profonde (TVP), le traitement par anticoagulants dure généralement entre 3 à 6 mois. Des antécédents de formation de caillots augmentent la durée de traitement. En cas d’autre maladie, telle que le cancer, le traitement par anticoagulants dure aussi longtemps que la présence d’un risque d’embolie pulmonaire. L’effet indésirable le plus fréquent avec les anticoagulants est le saignement, qui peut être un saignement interne – donc non visible. Cet effet secondaire pouvant être dangereux, les patients sous anticoagulants sont suivis grâce à des tests sanguins pour évaluer leur coagulation (PT et PTT test).

La thrombolyse

Dans les cas d’embolie pulmonaire graves, l’élimination du caillot est nécessaire. Ceci est souvent réalisé à l’aide de médicaments dits thrombolytiques qui vont permettre une lyse (dissolution) du caillot sanguin situé dans l’artère pulmonaire.

Parce que les thrombolytiques peuvent causer des saignements soudain, ils sont utilisés uniquement dans des situations à risque et de manière précoce (dans les quelques heures après le début des symptômes).

Ils sont efficaces mais contre indiqués dans en cas d’antécédent d’AVC hémorragique (quel qu’en soit la date de survenue) ou ischémique (de moins de six mois), d’un traumatisme du système nerveux central (or néoplasme), d’un traumatisme majeur, chirurgie ou lésion de la tête (de moins de 3 semaines), d’une hémorragie gastro-intestinale (de moins d’un mois), d’une dissection aortique, de troubles de l’hémostase ou d’un syndrome hémorragique évolutif.

Une nouvelle procédure peut également être utilisée : la thrombolyse par cathéter. Elle implique l’utilisation à haute fréquence d’ondes ultrasonores à basse énergie en combinaison avec des médicaments thrombolytiques pour dissoudre le caillot sanguin. La procédure dure généralement 12 à 24 heures avec une surveillance continue pendant toute la durée du traitement.

Filtre cave

Si les anticoagulants sont contre indiqués pour le patient ou s’ils ne sont pas assez efficaces, l’utilisation de la technique du filtre cave peut être proposée. Ce dispositif évite la migration des caillots de sang vers les poumons. Le filtre est inséré par la veine cave inférieure (veine renvoyant le sang vers le cœur), pour intercepter les caillots avant qu’ils ne se rendent dans les poumons. Ce type de traitement peut prévenir une embolie pulmonaire, mais n’évitera pas la formation d’un nouveau caillot.

L’assistance respiratoire et cardiovasculaire

Pour pallier un manque d’oxygène ou un déficit de la fonction cardiaque, d’autres traitements sont proposés, notamment une mise sous oxygène et la prescription de médicaments stimulant la contraction du cœur.

L’embolectomie

L’embolectomie consiste à extraire le caillot de l’artère pulmonaire par voie chirurgicale. Elle est généralement recommandée dans les cas graves, en cas d’échec ou de contre-indication de la thrombolyse.

Prévenir la thrombose veineuse profonde pour limiter le risque d’embolie pulmonaire

Anticoagulants

icon-medicamentsSuite à une intervention chirurgicale, des anticoagulants sont souvent prescrits pour prévenir la formation de caillots induits par une immobilité, sur toute la durée du séjour à l’hôpital et quelques temps suivant la sortie de l’hôpital (ex : la warfarine).


Bas de contention

icon-chausettesLes bas de contention permettent d’améliorer la circulation sanguine dans les membres inférieurs. Ainsi, ils réduisent le risque de formation de caillots sanguins.


Éviter l’immobilité

icon-avionLes embolies pulmonaires peuvent parfois se produire lorsque le flux sanguin ralentit, au cours d’une longue période d’inactivité, comme lors de la récupération suite à une chirurgie ou au cour d’un voyage de longue distance (avion, voiture). Il est très important d’augmenter sa mobilité le plus tôt possible après une chirurgie en se déplaçant ou en faisant des exercices pour les jambes. Faire de petits exercices avec ses jambes au cours de longs voyages ou d’autres situations dans lesquelles vous êtes assis ou couché pendant de longues périodes peut aider à prévenir la thrombose veineuse profonde (TVP).


Ne pas fumer

icon-cigaretteFumer augmente le risque de développer des caillots sanguins.


Alimentation équilibrée

icon-carotteAvoir une alimentation faible en graisse, riche en fruits et légumes. Perdre du poids en cas de surpoids ou d’obésité.


Activité

icon-nageurAvoir une activité au moins 2H30 par semaine.

 

Rédigé par Nathalie M. et publié le 25 juillet 2016. Mis à jour par Alexia F., Docteure en Neurosciences le 6 mai 2022

Sources
– Embolie pulmonaire. vidal.fr. Consulté le 6 mai 2022.
– Embolie pulmonaire. ameli.fr. Consulté le 6 mai 2022.

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