Vers une meilleure compréhension de l’hypersomnolence

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Rédigé par Charline D. et publié le 22 mai 2024

L’hypersomnolence ou la somnolence excessive est la tendance à somnoler dans la journée lorsque la situation ne s’y prête pas et nécessite, au contraire, le maintien de l’éveil. Cette pathologie concerne près d’un quart de la population et représente un enjeu de santé publique compte tenu de ses conséquences (par exemple : accidents domestiques, baisse des capacités scolaires ou professionnelles, etc.).
hypersomnolence

Qu’est-ce que l’hypersomnolence ?

L’hypersomnolence est définit comme une quantité excessive de sommeil de nuit et/ou de jour, et/ou par une altération de la qualité de veille. Cette dernière est décrite comme étant l’incapacité à maintenir un niveau de vigilance satisfaisant.

A savoir ! Il existe beaucoup de termes se référant à cet état d’altération de la qualité de veille : somnolence, somnolence excessive, somnolence diurne excessive, hypersomnolence, hypersomnie, hypovigilance, fatigue, etc.

On estime que 27,8 % de la population générale serait touchée par l’hypersomnolence :

  • 13.2 % de la population décrirait des épisodes récurrents de besoins irrépressibles de dormir dans une même journée ;
  • 1.9 % des siestes répétées dans une même journée ;
  • 0.7 % un sommeil non réparateur malgré un temps de sommeil supérieur à 9h ;
  • 4.4 % une ivresse du sommeil.

L’hypersomnolence est le plus souvent liée à : la dépression, un manque de sommeil, l’obésité, la prise de certains médicaments et certaines pathologies, notamment les troubles du sommeil comme l’apnée du sommeil. Toutefois, les formes les plus sévères de somnolence excessive sont généralement engendrées par les hypersomnies centrales (par exemple, la narcolepsie).

A savoir ! Les hypersomnies centrales sont des maladies rares. Parmi elles figure la narcolepsie (de type 1 ou 2) à l’origine de la forme la plus sévère d’hypersomnolence.

Prise en charge des hypersomnies centrales responsables d’hypersomnolence sévère

Sous le terme d’hypersomnies centrales, on regroupe plusieurs pathologies : l’hypersomnie idiopathique (d’origine inconnue), le syndrome de Kleine-Levin et les narcolepsies.

La narcolepsie de type 1 (ou narcolepsie avec cataplexie) est une pathologie rare (20 à 30 cas pour 100 000) caractérisée par deux symptômes : une somnolence diurne excessive et des cataplexies (pertes brutales de tonus musculaire). A ce jour aucun traitement curatif n’existe, les molécules disponibles (modafinil, méthylphénidate, oxybate de sodium, pitolisant et dextroamphétamine) ont une action stimulante afin de limiter la somnolence dans la journée. Concernant l’autre symptôme (les catalepsies), l’oxybate de sodium est également indiqué.

Cependant, à l’inverse des autres hypersomnies centrales dont l’origine reste obscure, la narcolepsie de type 1 a été étudié de nombreuses fois, ce qui a permis de mettre en évidence un biomarqueur (substance dont la présence ou l’absence signal un évènement anormal).

Ce fameux biomarqueur est une hypocrétine. Les hypocrétines sont des peptides (éléments constituants une protéine) produits uniquement par certains neurones et se fixant sur des récepteurs cellulaires qui leur sont propres. L’ensemble forme le système hypocrétinergique, connu pour être impliquer dans diverses fonctions, dont la veille.

Chez la grande majorité des patients narcoleptiques de type 1, les taux d’hypocrétine sont abaissés voire absents avec une diminution de près de 90% de l’expression des gènes contrôlant ces taux.  L’origine de cette dégénérescence neuronale n’est pas connue, mais l’approche multifactorielle est privilégiée, avec néanmoins une hypothèse auto-immune très probable.

Une meilleure connaissance de la pathologie, en particulier grâce à la découverte d’une déficience en hypocrétine dans la narcolepsie de type 1, permet d’envisager un traitement curatif pour cette pathologie et pourquoi pas de l’étendre à l’ensemble des hypersomnies centrales.  De nombreuses pistes sont à l’essai sur des modèles animaux, par exemple l’administration d’hypocrétine ou d’agonistes hypocrétinergiques (molécules mimant l’action de l’hypocrétine). Pour le moment, les résultats ne sont pas suffisamment concluant pour passer à des essais sur l’Homme, mais les années à venir verront très certainement émerger de nouvelles thérapies innovantes. Les nombreux patients devront donc s’armer de patience encore quelque temps…

Charline D., Pharmacien

– Dossier – Hypersomnolence. Larevuedupraticien Vol 66. Juin 2016