Syndrome de Kleine-Levin


Rédigé par Charline D. et publié le 21 septembre 2020

Femme très fatiguée qui se sert du café

Le syndrome de Kleine-Levin est une maladie neurologique rare d’origine inconnue. Les patients concernés présentent des épisodes d’hypersomnie brutaux associée à une fatigue intense et des troubles cognitifs. Une désinhibition sexuelle, des troubles anxieux, de l’humeur, voire des hallucinations sont parfois présents également. Le syndrome évolue de manière intermittente, par poussées entrecoupées de périodes normales. Avec le temps, les épisodes ont tendance à s’espacer, comportent moins d’hypersomnie et plus de troubles cognitifs. Les traitements sont peu concluants, l’abstention thérapeutique est généralement préférable.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que le syndrome de Kleine-Levin ?

femme qui dort beaucoup Le syndrome de Kleine-Levin (ou KLS) est une pathologie neurologique très rare puisqu’elle ne concerne que 1 à 2 individus sur 1 million. Elle est par conséquent peu connue et peu diagnostiquée, souvent avec du retard. Ce syndrome fait partie des hypersomnies récurrentes. Il est défini selon trois critères :

  • Plusieurs épisodes d’hypersomnie durant de 2 jours à plusieurs semaines ;
  • Entrecoupés de plusieurs mois sans aucun symptôme ;
  • Associé à des troubles cognitifs et comportementaux.

La maladie est donc caractérisée par des épisodes récurrents de sommeil excessif durant lesquels le patient peut dormir jusqu’à 23h par jour. D’autres troubles sont généralement associés : troubles cognitifs (confusion, apathie, etc.), troubles du comportement, de l’humeur et de l’anxiété. Des hallucinations et des délires peuvent être présents, mais plus rarement.

L’origine du syndrome de Kleine-Levin reste inconnue à ce jour. Il existe quelques cas familiaux, environ 5%. Dans 10% des cas, la maladie survient en association avec une autre qui peut être inflammatoire, génétique, vasculaire ou néoplasique. Les patients sont alors souvent plus âgés, avec des épisodes plus longs et plus sévères.

Quels symptômes ?

Le syndrome de Kleine-Levin débute, le plus souvent, autour de 15 ans. Elle est déclenchée dans 72% des cas par une infection. Sur une année, les patients souffrent en moyenne de 7 à 19 épisodes qui durent entre 10 et 13 jours chacun. On observe une rechute tous les 3 mois et demi environ. La fréquence des épisodes semble toutefois plus élevée chez les patients dont la maladie a débuté dans l’enfance.

Durant un épisode, tous les patients souffrent :

  • D’hypersomnie avec des périodes de sommeil qui s’étendent de 15 à 21h par jour ;
  • De troubles cognitifs se traduisant par une apathie, une confusion mentale, un ralentissement moteur et une amnésie ;
  • D’un détachement de la réalité avec une sensation d’être comme dans un rêve et des sensations altérées.

L’hypersomnie est caractérisée par un temps de sommeil important : plus de 18 heures sur 24. Il est possible de réveiller le patient, mais celui-ci semble épuisé, apathique et ne pense qu’à se recoucher. Durant son sommeil, le patient rêve ou hallucine, si bien que celui-ci n’est absolument pas récupérateur. A mesure que l’épisode avance, la durée de sommeil se réduit. Un épisode se termine brutalement, souvent par une insomnie avec hyperactivité.

Les troubles cognitifs sont généralement subtils, et décelables uniquement par l’entourage proche du patient. Le patient est apathique, il n’engage pas d’échange verbal, répond souvent par des monosyllabes ou des marmonnements, avec lenteur et en utilisant un langage simple, voire enfantin. Pour ces patients, le simple effort de parler leur semble difficile. La prise d’initiative, de décision ou le fait de réaliser deux tâches simultanément est compliquée. Il existe fréquemment une confusion mentale, avec une désorientation temporelle et une amnésie plus ou moins importante après l’épisode.

adolescent chez le docteurLa perception de l’environnement est altérée dans le syndrome de Kleine-Levin. C’est le symptôme le plus spécifique de la maladie. Les patients l’expriment comme l’impression d’être dans un rêve, d’être déconnectés. Cette perception peut être visuelle, spatiale, auditive, olfactive ou gustative. Ce sentiment de déréalité est désagréable pour le patient. Les plus petits demandent parfois à leurs parents si ils sont morts ou vivants.

66% des patients peuvent souffrir d’hyperphagie (ingestion d’aliments en quantité excessive). Elle se manifeste par la prise de nourriture de manière compulsive : tant qu’il y a de la nourriture, le patient mange, sans s’arrêter. Les patients hyperphagiques prennent environ 5 kg par épisode.

Inversement, chez d’autres patients, il faut au contraire les forcer à manger.

53% présentent une désinhibition sexuelle, surtout les garçons. Les patients ressentent une surexcitation sexuelle inhabituelle et peuvent se masturber jusqu’à se blesser.

D’autres patients se plaignent d’anxiété, de compulsions et de troubles de l’humeur. Les troubles psychologiques sont souvent à l’origine d’une erreur de diagnostic. Ce type de symptômes s’observe plus volontiers chez les filles.

Entre les épisodes, le sommeil, le comportement alimentaire, la vigilance diurne et l’humeur, sont normaux. Ce retour progressif ou brutal à un état normal à la fin d’un épisode est caractéristique du syndrome de Kleine-Levin. Les périodes de répit sont en moyenne de 3 à 4 mois. Parfois, plusieurs années peuvent se passer avant un nouvel épisode.

La maladie dure entre 8 et 14 ans. Elle est généralement plus longue chez les hommes, en cas de désinhibition sexuelle ou lorsque la maladie débute après 20 ans. Le syndrome évolue de manière intermittente, par poussées entrecoupées de périodes normales.

Bien que certains épisodes soient éprouvants et impactent fortement la vie familiale et sociale du patient, le syndrome de Kleine-Levin est une maladie de bon pronostic.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

patient avec un docteur

Le syndrome de Kleine-Levin est évoqué une première fois lors d’une consultation médicale où le patient évoque ses difficultés.

Le diagnostic clinique, qui est le seul actuellement, repose sur la présence des symptômes caractéristiques de la maladie : hypersomnie avec fatigue intense, des troubles cognitifs et un sentiment de déréalisation.

A noter que les IRM cérébrales, l’étude du liquide céphalorachidien et des marqueurs inflammatoires ne montrent pas d’anomalie particulière. Dans 70% des cas, on observe un ralentissement de l’activité de l’électroencéphalogramme pendant les épisodes. Sur certaines imageries cérébrales (scintigraphie, PET scan) on peut fréquemment voir une hypoperfusion au niveau de l’hypothalamus, le thalamus et des régions temporales et frontales témoignant d’une différence notable d’activité de ces zones lors d’un épisode et en dehors d’un épisode.

Quel traitement ?

Afin de réduire l’impact de la maladie sur la vie des patients et prévenir les complications, une prise en charge spécialisée doit être mise en place le plus rapidement possible. Environ 1 patient sur 5 garde des troubles de l’attention et de la mémoire entre les crises.

La prévention des épisodes repose sur un traitement à base de lithium associé à un sommeil régulier, à une diminution voire l’arrêt de l’alcool, et à la prévention des infections. Le lithium permet de stopper la maladie dans 37% des cas, et de diminuer la fréquence ou la durée des épisodes dans 46% des cas. Ce type de traitement est proposé aux patients souffrant d’épisodes sévères, fréquents ou longs.

Les antiépileptiques sont parfois utilisés, avec toutefois moins de succès que le lithium.

Lorsque les épisodes sont peu fréquents, par exemple 1 par an, l’abstinence thérapeutique peut être proposée.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Syndrome de Kleine-Levin. Orphanet. Consulté le 16 septembre 2020.


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