Du rat au poisson : ces animaux de laboratoire qui testent nos médicaments

Actualités Thérapies

Rédigé par Estelle B. et publié le 30 janvier 2019

Encore aujourd’hui, aucun nouveau médicament ne peut être développé sans être au préalable testé sur des animaux de laboratoire. Mais contrairement aux idées reçues, les laboratoires ne sont pas uniquement peuplés de rats, de souris ou singes …

animaux-labos

Un maillon essentiel de la recherche clinique

Avant d’évaluer l’efficacité d’un nouveau médicament chez l’Homme, il est systématiquement testé sur des animaux de laboratoire. Les tests menés sur les animaux permettent, non seulement d’évaluer l’efficacité du futur médicament, mais aussi d’estimer sa tolérance et sa toxicité éventuelle. Dans les laboratoires de recherche clinique, se trouvent différentes espèces animales, et pas seulement des rats, des souris ou des singes comme on l’imagine bien souvent.

Les animaux de laboratoire bénéficient d’un statut réglementaire particulier, destiné à assurer leur sécurité et le respect de principes éthiques fondamentaux. A chaque étape de l’expérimentation, les chercheurs doivent prendre en compte deux aspects essentiels :

  • Les exigences de l’essai clinique ;
  • Les exigences du bien-être animal.

A noter ! La réglementation sur les animaux de laboratoire concerne uniquement les vertébrés vivants, quel que soit leur stade de développement. Elle exclut en revanche les embryons des vertébrés ovipares et les invertébrés.

Parallèlement à cette réglementation sur les animaux utilisés à des fins expérimentales, un réseau national de comités d’éthique en expérimentation animale a été mis en place depuis 2002. Ces comités ont pour objectif d’aider les chercheurs à développer des protocoles et des méthodes d’analyses respectant le plus possible le bien-être animal.

Parallèlement, se pose aussi la question des risques pour le personnel ou pour l’environnement. Une réglementation spécifique définit les moyens et les procédures concernant :

  • La manipulation des animaux de laboratoire ;
  • Le confinement de ces animaux ;
  • Le traitement des déchets du laboratoire.

Selon la nature de l’essai clinique, les chercheurs font appel à des espèces différentes d’animaux. Et ces animaux peuvent être très divers.

Lire aussiEnquête : les Français et les essais cliniques en cancérologie

Des rats et des souris, mais aussi des vers ou des poissons

Actuellement, en Europe, 80 % des animaux de laboratoire sont des rats, des souris et des lapins. Les chiens, les chats et les singes ne représentent qu’une infime minorité de la population des animaux de laboratoire (moins de 1 %).

Si les rongeurs continuent à occuper le devant de la scène dans les essais cliniques chez l’animal, certains modèles inattendus se font une place de plus en plus importante dans les laboratoires. Depuis près de 60 ans, différentes équipes de recherche du monde entier travaillent ainsi sur des nématodes, une famille de vers. Les vers présentent plusieurs intérêts en recherche médicale : un développement rapide qui permet de réduire la durée des essais cliniques, une absence de système nerveux central, qui les rend insensibles. De plus, des automates se développent actuellement pour faciliter leur élevage dans les laboratoires.

Autre animal de laboratoire original, le poisson-zèbre, qui est devenu en quelques années un modèle de choix pour les études de génétique. En effet, ce poisson tropical possède l’un des plus importants génomes connus chez un vertébré. Son élevage est facile, il se reproduit rapidement et en grand nombre et devient adulte en moins de 3 mois. Autant d’atouts pour les chercheurs. Actuellement, le poisson-zèbre est utilisé dans le cadre de nombreux essais cliniques en immunologie, en cancérologie, en toxicologie ou encore en neurosciences.

De nombreuses avancées médicales et plusieurs prix Nobel ont été obtenus grâce aux essais menés chez l’animal. Pourtant, aujourd’hui de plus en plus de voix s’élèvent pour interdire l’utilisation des animaux de laboratoire. Quelles seraient les alternatives possibles ? Plusieurs méthodes peuvent contribuer à réduire le nombre d’essais chez l’animal, par exemple :

  • Le développement des modèles informatiques ;
  • L’utilisation des cultures de cellules ou de tissus issus d’animaux ou d’êtres humains.

Mais à ce jour, il reste impossible de se passer totalement des animaux de laboratoire. Ils représentent un maillon essentiel de la recherche médicale, et aucun nouveau médicament ne peut voir le jour sans qu’ils y aient contribué !

Lire aussiLe rat taupe nu : une longévité exceptionnelle, sans cancer ni douleur !

Estelle B. Docteur en Pharmacie

– Définition de l’animal de laboratoire. INSERM. Consulté le 28 janvier 2019.
– Des vers pourraient remplacer les souris dans les laboratoires. RTS. Consulté le 28 janvier 2019.
– L’image de la semaine : «Le poisson-zèbre, organisme modèle». Gros, A. CNRS. Consulté le 28 janvier 2019.
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *