Coronaropathie


Rédigé par Charline D. et publié le 11 octobre 2022

Coronaropathie

Coronaropathie, définition et symptômes

La coronaropathie appelée aussi maladie coronarienne ou insuffisance coronarienne ou encore cardiopathie ischémique fait référence à un rétrécissement des vaisseaux sanguins qui irriguent le cœur. Ces derniers sont les artères coronaires. Elles permettent le bon fonctionnement du muscle cardiaque grâce à l’apport d’oxygène.

Lorsque ces artères se bouchent à cause d’un caillot sanguin ou de plaques d’athérome, les cellules cardiaques ne sont plus alimentées et meurent (se nécrosent), ce qui conduit à l’infarctus du myocarde.

À savoir ! Le cœur est un muscle appelé myocarde, composé de cellules appelées cardiomyocytes ventriculaires qui sont très sensibles au manque d’oxygène.

Il existe différents facteurs de risques, certains sont immuables comme le sexe (avant la ménopause, l’homme est plus exposé au risque cardiovasculaire que la femme), l’âge et l’hérédité (cas d’infarctus ou d’accidents vasculaires dans l’environnement familial proche).

D’autres sont relatifs à l’environnement et à notre mode de vie comme une alimentation trop riche en graisses, le tabagisme, l’hypertension artérielle (HTA), le diabète, la sédentarité ou le stress.
Douleur cardiaque
Les symptômes d’une coronaropathie peuvent être :

  1. Une pression ou une douleur constrictive au centre de la poitrine essentiellement au niveau du sternum.
  2. Une douleur qui irradie de la poitrine jusque dans les épaules, les bras, le dos ou la mâchoire.
  3. Un essoufflement à l’effort accompagné d’une douleur.

La maladie coronarienne est associée à plusieurs complications en fonction de la gravité de la maladie, parmi lesquelles figurent les angines de poitrine (ou angor) :

  1. L’angine stable ou chronique est le résultat d’une insuffisance temporaire du flux sanguin vers le muscle cardiaque causée par le rétrécissement d’un vaisseau qui bloque la circulation. L’angor est stable lorsqu’il survient toujours pendant des efforts de même intensité. La douleur thoracique survient de manière prévisible, par exemple lors d’une activité physique ou d’un stress émotionnel, lorsque le cœur travaille plus fort et exige un débit sanguin accru. A l’arrêt de l’activité ou du stress, le flux sanguin se rétablit et les symptômes s’estompent rapidement sans que le cœur soit endommagé.
  2. L’angine instable ou aiguë ou encore syndrome coronarien aigu (SCA) est causée par une rupture soudaine d’une plaque d’athérome, ce qui entraîne la formation d’un caillot par une accumulation de plaquettes à l’endroit de la rupture. L’encombrement de l’artère va diminuer le flux sanguin jusqu’à ce que l’accumulation de plaquettes bloque complètement le flux sanguin et entraîne un infarctus du myocarde (crise cardiaque). Les symptômes se manifestent de façon brusque, inattendue et imprévisible. Les symptômes peuvent se manifester à la suite d’un petit effort ou au repos.

Maladie coronarienne, diagnostic et traitement

Le diagnostic repose en première intention sur un interrogatoire du patient, des examens cliniques qui peuvent se réaliser au cours d’un effort ou encore l’identification par imagerie des zones du cœur qui manquent de sang à l’effort.

  • Les analyses sanguines

Certains biomarqueurs comme la troponine sont libérés par les cellules cardiaques et se retrouvent dans la circulation sanguine à partir de 3 heures après la mort des cellules et restent pendant 5 à 10 jours. Ces concentrations de biomarqueurs peuvent aider à déterminer l’ampleur des dommages cardiaques et le moment de leur survenue.

  • Un électrocardiogramme (ECG) au repos 

C’est un des examens principaux et non invasif, effectué pour analyser le rythme cardiaque. Ce test enregistre l’activité électrique du cœur grâce à des électrodes placées sur la peau. Les cellules cardiaques qui ont subi une lésion ne transmettent pas d’impulsions électriques et l’ECG peut montrer qu’une crise cardiaque a eu lieu ou se prépare.

  • L’épreuve d’effort

Cet examen permet de vérifier l’activité du cœur pendant une épreuve d’effort. Ce test consiste à marcher sur un tapis roulant ou à pédaler sur un vélo stationnaire et de mesurer l’activité électrique cardiaque par l’intermédiaire d’un électrocardiogramme. Il est généralement prescrit après un infarctus du myocarde afin de surveiller le fonctionnement du cœur.

  • Une échocardiographie trans-thoracique

Les ondes sonores utilisées rebondissent sur l’organe et sont réfléchies à travers la paroi de la cage thoracique, afin de déterminer si une région du cœur a été endommagée.

  • IRM cardiaque

Il est réalisé chez les patients chez qui l’échocardiographie trans-thoracique n’a pas permis d’évaluer correctement la situation. Il peut également être utilisé pour décrire des anomalies cardiaques structurelles et évaluer la fonction ventriculaire ainsi que l’irrigation du muscle cardiaque (myocarde) par les artères coronaires.

  • Une angiographie coronarienne ou coronarographie

Schéma explicatif de l'angioplastie

Cet examen est considéré comme l’examen par excellence afin de visualiser l’anatomie et le rétrécissement des artères coronaires. Cependant des études ont montré une importante variabilité inter-observateur dans le classement de la sténose (rétrécissement permanent du diamètre d’une artère lié à une pathologie) de l’artère coronaire. Elle ne peut pas non plus déterminer si une plaque d’athérosclérose est stable ou sur le point de se rompre.

Un produit de contraste est injecté dans les artères coronaires grâce à un cathéter (long tube mince) remonté au niveau du cœur à partir de l’aine (jambe) ou du bras. Le produit de contraste rend les artères visibles et permet de révéler les sections rétrécies ou bouchées. Durant cet examen, un geste de revascularisation par angioplastie avec implantation d’un stent (petits ressorts métalliques) peut être réalisé.

Prise en charge de la cardiopathie ischémique selon la gravité

Selon la gravité de la coronaropathie, le traitement sera médicamenteux ou bien associé à une chirurgie.

Chez les patients avec un faible risque d’obstruction des coronaires, la survenue de la douleur peut être limitée grâce à des médicaments vasodilatateurs des artères coronaires.

Chez les patients avec un risque plus élevé ou en cas de symptômes persistants et malgré un traitement médicamenteux, la chirurgie peut se révéler nécessaire pour rétablir une circulation sanguine normale au niveau des artères coronaires. En l’absence de facteurs de risque particuliers, un traitement médicamenteux est généralement prescrit en première intention.

1)      Prise en charge médicamenteuse

Les médicaments bêta-bloquants sont habituellement proposés en première intention sauf contre-indication. Les anti-calciques sont indiqués en cas d’intolérance des bêta-bloquants ou en association. Les autres classes thérapeutiques sont prescrites comme adjuvants en cas d’efficacité insuffisante des bêta-bloquants.

  1. Les bêta-bloquants : ils agissent en diminuant la consommation d’oxygène du myocarde par diminution de la fréquence cardiaque.
  2. Les inhibiteurs calciques : ils agissent en diminuant la pression artérielle.
  3. Les anti-agrégants plaquettaires : les anti-agrégants comme l’aspirine ou le clopidogrel empêchent la formation de caillots au niveau des plaques d’athérome qui peuvent obstruer une artère coronaire et conduire à l’infarctus du myocarde.
  4. Les hypocholestérolémiants : les statines sont généralement associées à des mesures hygiéno-diététiques afin de prévenir le risque de récidive.

2)      Prise en charge chirurgicale

Un traitement chirurgical peut être réalisé lorsqu’il y a une gêne fonctionnelle importante ou un risque majeur mettant en jeu le pronostic vital. Il existe différentes techniques visant à restaurer le diamètre artériel initial, et irriguer ou reperfuser la zone lésée :

  1. L’angioplastie ou dilatation artérielle : c’est une opération courante avec un taux de succès élevé. Il s’agit d’introduire un cathéter muni d’un ballonnet dans l’artère bouchée, il est ensuite gonflé afin de dilater l’artère rétrécie. Cette opération peut être complétée par la mise en place d’un stent placé lors du gonflement du ballonnet au contact du rétrécissement (le stent est monté autour du ballonnet). Le stent va permettre de récupérer et maintenir le diamètre initial de l’artère et retrouver un approvisionnement sanguin optimal des cellules cardiaques. Certains stents sont dits actifs car ils libèrent de façon prolongée un principe actif.

Le principe actif est un agent cytostatique, parfois doté de propriétés anti-inflammatoires et/ou immunosuppressives. L’accès à l’artère coronaire se fait à travers l’aine ou la partie supérieure du bras. Le ballonnet est ensuite dégonflé et retiré.

À savoir ! Un agent cytostatique est une substance qui bloque le fonctionnement ou la multiplication cellulaire.

  1. Chirurgie par pontage aorto-coronaire : les pontages coronaires correspondent à un court-circuit entre l’aorte et l’artère coronaire en aval de la sténose. Ils sont pratiqués avec ou sans (pontage à cœur battant) utilisation d’une circulation extracorporelle (arrêt cardiaque, dérivation transitoire du flux sanguin vers un cœur artificiel).

Formation du caillot sanguin

Cette opération consiste à faire dériver le flux sanguin entre l’aorte (artère la plus volumineuse de l’organisme) et l’artère coronaire obstruée. Elle est réalisée au moyen d’un fragment veineux (veine saphène), artériel (artères mammaires) ou d’une prothèse. Elle permet le passage du sang de l’artère saine en amont jusqu’à l’artère perméable en aval. Le sang pourra ainsi circuler au-delà de l’obstruction de l’artère coronaire malade.

  • Adaptation du mode de vie

En complément de ces traitements, un changement du mode de vie est nécessaire (perte de poids, arrêt du tabac, mesures hygiéno-diététiques contre le cholestérol…) pour réduire les risques d’obstruction des coronaires et de récidives d’angor ou d’infarctus.

Publié le 17 août 2017 par Clément G., Ingénieur Biomédical. Mis à jour le 11 octobre 2022 par Charline D., Docteur en pharmacie.

Sources
– Revue générale des coronaropathies. msdmanuals.com. Consulté le 26 juillet 2022.

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