Prurigo


Rédigé par Charline D. et publié le 21 février 2023

Femme atteinte de démangeaisons Prurigo

Un prurigo est une maladie dermatologique aigüe ou chronique qui peut affecter les enfants ou les adultes. Les origines du prurigo sont diverses : infectieuses, parasitaires, allergiques, etc. Les démangeaisons intenses associées aux lésions à l’aspect écorché sont caractéristiques du prurigo, et suffisent généralement à établir le diagnostic de la maladie. Des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour mettre en évidence une pathologie ou cause sous-jacente au prurigo. Le traitement est celui de sa cause lorsqu’elle existe. Sinon, la prise en charge est symptomatique et repose sur la prescription de corticoïdes et/ou d’antihistaminiques pour soulager les démangeaisons.

Définition et symptômes du prurigo

Une dermatose urticante

Le prurigo est une affection de la peau qui se caractérise par une éruption cutanée rougeâtre, en relief, à l’origine d’intenses démangeaisons.

On distingue deux types de prurigo : celui de l’adulte et celui de l’enfant.

Le prurigo de l’adulte est généralement d’origine parasitaire lorsqu’il est aigu. La forme chronique peut survenir suite à une allergie, à une grossesse (on parle de prurigo gravidique), à une pathologie générale (diabète, cancer, trouble de la thyroïde, etc.) ou à une infection bactérienne, fongique ou parasitaire. Les prurigos chroniques persistent généralement plusieurs années.

Le prurigo nodulaire de Hyde est un type de prurigo chronique qui se différencie par l’aspect atypique de ses lésions. Au lieu des papules caractéristiques, il se manifeste par la présence de nodules, autrement dit des petites boules palpables sous la peau. Ils sont essentiellement localisés sur les avant-bras et les cuisses. Le prurigo nodulaire à tendance à se développer chez les personnes présentant un eczéma atopique.

Le prurigo de l’enfant, aussi nommé prurigo strophulus, est majoritairement aigu et d’origine parasitaire : il s’agit d’une hyper réactivité aux acariens dans la plupart des cas. Il concerne surtout les enfants âgés de 2 à 7 ans en période estivale. Les enfants ayant un terrain atopique et/ou issus d’un milieu socio-économique défavorisé sont les plus à risque de développer un prurigo. Ce dernier résulte d’une réaction allergique à des parasites présents dans l’environnement comme les acariens, les aoûtats, les puces, les punaises, les fourmis ou les moustiques. Les lésions du prurigo de l’enfant sont essentiellement localisées au niveau des membres et de l’abdomen.

A noter ! Il existe une forme de prurigo dite actinique liée à l’exposition solaire. Celui-ci touche plus volontiers les femmes. Cette pathologie répandue en Amérique, reste rare en Europe. La maladie est transmise génétiquement dans certains cas. Ce type de prurigo survient dans l’enfance et régresse généralement à l’adolescence. Il existe cependant quelques rares cas à l’âge adulte. Les lésions sont d’abord localisées aux zones corporelles exposées à la lumière, puis s’étendent ensuite à celles qui ne le sont pas comme le tronc ou les fesses. L’affection évolue sous forme de poussées pendant plusieurs semaines durant le printemps et l’été, suivies de périodes de rémission en automne et en hiver. Les cicatrices sont fréquentes.

Un prurit caractéristique

L’éruption cutanée du prurigo de l’enfant se manifeste dans les 48 heures qui suivent le contact ou la piqûre avec le parasite en cause. Elle peut persister entre 2 et 10 jours.

Traitement de la prurigo

Selon le type de prurigo, les lésions ont des localisations diverses :

  • Les zones exposées au soleil pour le prurigo actinique ;
  • Toute zone en contact avec l’agent allergique responsable du prurigo de l’enfant ;
  • Les régions du corps facilement accessibles au grattage (cuir chevelu, fesses, bras, jambes, haut du dos, etc.) en cas de prurigo chronique.

Les lésions du prurigo sont caractéristiques. Les papules (boutons) rouges contenant généralement une vésicule sont très prurigineuses. Elles prennent, d’ailleurs, souvent la forme d’une urticaire. Les lésions du prurigo peuvent être recouvertes de croûtes.

Les démangeaisons sont quasi-constantes et associées à des picotements, brûlures ou douleurs cutanées qui impactent fortement le bien-être physique et mental du patient. La qualité de sommeil est impactée, ce qui se répercute sur les activités quotidiennes des patients, aussi bien professionnelles que personnelles. Une dépression ou des troubles anxieux peuvent être associés. L’aspect parfois disgracieux des lésions ou des cicatrices de la maladie peuvent entraîner une détresse psychologique, des troubles du comportement voire un isolement social.

A noter ! les démangeaisons pouvant être très intenses, les surinfections sont à craindre et peuvent être à l’origine d’un impetigo ou de cicatrices irréversibles. Un impétigo est une affection cutanée d’origine bactérienne, très fréquente dans la population infantile. Elle se traduit par la formation de bulles transparentes de 2 cm maximum qui laissent place à des croûtes lorsqu’elles se rompent. Une antibiothérapie est indispensable pour guérir la maladie.

En cas de prurigo actinique, d’autres manifestations peuvent être associées aux lésions : une photophobie (intolérance à la lumière), une alopécie des sourcils, une conjonctivite, une chéilite (inflammation de la commissure des lèvres) ou un ptérygion (lésion bénigne de la membrane externe de l’œil).

À savoir ! On parle de prurigo chronique lorsque les lésions persistent plus de 6 semaines, et de prurigo aigu pour les lésions qui guérissent en moins de 6 semaines.

Prurigo, diagnostic et traitement

Un diagnostic simple

Le diagnostic de cette pathologie est clinique. Il repose totalement sur l’aspect caractéristique des lésions.

Diagnostic de la prurigo

A noter ! Avant tout examen, le médecin élimine certaines causes connues pour engendrer des démangeaisons, comme par exemple la consommation de cannabis ou certains médicaments (antibiotique, antipaludéen, antalgiques, etc.).
Lorsqu’une maladie sous-jacente est suspectée, divers examens peuvent être prescrits (bilan sanguin, etc.) pour compléter le diagnostic.

La prise en charge symptomatique

La prise en charge d’un prurigo repose sur la prescription d’un traitement symptomatique visant principalement à apaiser les démangeaisons. Des antihistaminiques par voie orale ou des corticoïdes sous forme de crème ou de pommade permettent de soulager les patients.

En revanche, le traitement d’un prurigo actinique implique soit la photothérapie, soit la prescription de thalidomide. Ce dernier est cependant utilisé avec précaution compte tenu des potentiels effets neurotoxiques et tératogènes.

Le prurigo nodulaire qui génère des démangeaisons très intenses fait l’objet de beaucoup de recherches scientifiques à travers le monde. Une biothérapie (dupilumab) d’abord commercialisée aux États-Unis est disponible en France depuis 2022. Elle est indiquée en cas de « prurigo nodulaire modéré à sévère de l’adulte qui nécessite un traitement systémique ».

En parallèle, et plus particulièrement chez les enfants, il est recommandé de couper les ongles courts et de désinfecter régulièrement les lésions avec un antiseptique afin de prévenir les surinfections.

Une prise en charge psychologique peut être proposée pour les formes sévères ou chroniques de la maladie.

Les produits d’hygiène quotidienne doivent être adaptés : surgras, syndet, etc. L’application d’une crème émolliente est recommandée. Il faut également traiter les animaux domestiques en cas d’infestation.

En amont, diverses mesures préventives peuvent être conseillées afin d’éviter toute recontamination :

  • La limitation des peluches pour les enfants ;
  • Le recours aux répulsifs contre les insectes ;
  • L’éviction des textiles d’ornement comme les tapis, rideaux, moquettes, etc.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Larousse. larousse.fr. Consulté le 23 janvier 2023.
– Le Dermato info. dermato-info.fr. Consulté le 23 janvier 2023.

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