Rosacée (rougeurs)


Rédigé par Lucie B. et publié le 10 novembre 2017

Rosacée-rougeursMalgré la connotation florale de son nom, la rosacée est une maladie chronique de la peau touchant plus précisément les petits vaisseaux sanguins du visage. Les symptômes de cette affection se manifestent par des rougeurs, de la couperose, voire d’autres types de lésions importantes (par exemple oculaires).

Les sujets de 30-50 ans seraient les plus concernés mais des cas avant l’âge de 20 ans sont aussi dépistés. Bien que la prévalence reste incertaine, elle serait estimée entre 2 et 3% de la population adulte.

Caractéristiques de la rosacée

Définition

La rosacée désigne une pathologie inflammatoire chronique affectant la peau et surtout la région centrale du visage (front, nez, joues, menton). Ce sont les petits vaisseaux sanguins qui sont atteints, entraînant des rougeurs (occasionnelles ou durables) et une couperose, dilatation anormale des vaisseaux sanguins situés sous la peau.

D’autres lésions cutanées peuvent aussi se produire mais en moindre fréquence.

Les 3 formes possibles de rosacée

    • La forme vasculaire avec/sans couperose (la plus fréquente) : l’apparition de la rougeur est l’élément principal suscitant une consultation auprès d’un dermatologue.Cette rougeur (érythème) est très localisée au centre du visage en touchant les joues, le nez, le milieu du front et le menton. Dans cette forme, la rougeur est associée à une très forte sensibilité de la peau, révélée par une application difficile de produits cosmétiques, y compris le savon et l’eau.Cette sensibilité extrême résulte de nombreuses terminaisons nerveuses présentes dans la partie profonde de la peau et de la présence d’une molécule « la substance P », donnant lieu à une inflammation locale.Des bouffées de chaleur (flushs) ainsi que des brûlures oculaires (1 patient sur 3) peuvent aussi se manifester dans ce type de couperose.

A savoir ! La substance P est un neurotransmetteur, une molécule assurant la transmission des messages nerveux d’un neurone à l’autre, particulièrement impliquée dans l’inflammation locale cutanée.

    • La forme papulo-pustuleuse: cette forme de rosacée est celle qui répond le mieux au traitement médicamenteux.Comme son nom l’indique, les rougeurs de cette forme sont marquées par des papules mais surtout des pustules qui sont des boutons ressemblant fortement à des lésions d’acné.Ces boutons apparaissent de manière exclusive sur le visage et évoluent par poussées.

A savoir ! Les papules sont des lésions cutanées sous forme de boutons rouges ou roses, fermes et lisses en relief et de 1 à 4mm de diamètre. Une inflammation entoure souvent ces lésions, parfois déclenchée par l’invasion d’un parasite dans la glande sébacée tel que Demodex folliculorum. Les pustules, quant à eux, sont d’autres types de boutons cutanés, de taille inférieure à celle des papules et qui peuvent se développer, même sans aucun contexte infectieux associé.Ces éruptions cutanées évoluent par poussées et régressent spontanément même si la rougeur locale continue de persister.

  • La forme hypertrophique(la forme plus rare, concernant moins de 5% des patients) : ce type de forme touche surtout les hommes et se caractérise par un gros nez bosselé (accompagné d’un épaississement cutané et d’une dilatation des orifices des glandes sébacées situées au niveau nasal).Appelée aussi le rhinophyma, cette forme n’a aucun rapport avec l’alcool bien que l’apparence physique renvoie à l’image typique de l’alcoolisme chronique.L’effet majeur ressenti lors de ce type de rosacée correspond à des bouffées vaso-motrices chez l’individu.

Quels sont les facteurs favorisants de cette affection dermatologique ?

Bien que cette maladie soit connue de longue date et souvent reliée à tort à une consommation excessive d’alcool, ses causes demeurent encore inconnues.

Pourtant, certains facteurs pourraient davantage favoriser son déclenchement :

Ce sont surtout des facteurs liés à l’environnement ou alimentaires qui déclenchent la rosacée tels que :

  • Une exposition au soleil ou au vent ;
  • Des changements brusques de température (froid-chaud) ou de temps ;
  • La pratique de certains exercices physiques intenses, échauffant le corps ;
  • De la fièvre ;
  • La pratique de bains à des températures très élevées ;
  • Certaines émotions ;
  • La consommation d’alcool, de plats chauds, de nourriture épicée ou de boissons chaudes.

D’autre part, il est aussi observé que les femmes à peau claire des régions du Nord de l’Europe seraient plus sujettes à ce type d’atteinte.

Diagnostic

Le diagnostic de la rosacée est surtout d’ordre clinique et doit être posé par un dermatologue ou un médecin traitant.

Dans un premier temps, le clinicien procède à un examen du visage (examen visuel) et interroge le patient sur différents points.

La confirmation de la pathologie est assurée par la présence d’une rougeur au niveau de la zone centrale du visage depuis plus de 3 mois, associée à d’autres signes externes tels que la couperose, les bouffées de chaleur, le développement de papules, etc.

Dans certains cas, plus rares, il peut s’avérer difficile de diagnostiquer ce type de pathologie qui ressemble à d’autres maladies cutanées tel que le lupus ou l’acné. Dans ce cas, le médecin va proposer au patient de réaliser une biopsie cutanée, durant laquelle un morceau de peau va être prélevé et analysé successivement à l’aide d’un microscope.

Ainsi, les lésions caractéristiques de la pathologie vont pouvoir être détectées plus facilement via ce type d’examen invasif.

A savoir ! Les yeux peuvent aussi être touchés par la rosacée, aboutissant au développement d’une conjonctivite, ou une blépharite (inflammation des paupières) ou même une kératite (inflammation de la cornée) et dont les symptômes associés sont les suivants :

  • Yeux qui pleurent, infiltrés de sang ;
  • Gonflement et rougeur des paupières accompagnées de petits vaisseaux sur le bord de la paupière ;
  • Sensations de corps étranger, de démangeaison, de brûlure ou de piqûre dans l’œil ;
  • Sécheresse oculaire ;
  • Sensibilité anormale à la lumière ou vision brouillée.

En cas d’existence de l’un de ces symptômes, une consultation auprès d’un ophtalmologiste est nécessaire.

Traitement

Il faut savoir que toutes les formes de rosacée décrites précédemment ne réagissent pas de la même façon au traitement indiqué. De ce fait, pour chaque forme de la maladie, les traitements sont différents.

Dans tous les cas, ce traitement va permettre de réduire les symptômes et de ralentir les poussées mais ne permet en aucun cas de guérir de façon définitive.

  • Pour la rosacée de type vasculaire, ce sont surtout des mesures hygiéno-diététiques (éviter les aliments chauds et épicés) qui sont recommandées à mettre en œuvre ainsi que la pratique du laser à but uniquement esthétique. En effet, plusieurs séances de laser vont permettre d’atténuer les rougeurs et les dilatations visibles des vaisseaux (télangiectasies) mais ne sont malheureusement pas prises en charge par l’Assurance Maladie.L’autre alternative, moins onéreuse, consiste à appliquer localement un gel, la brimonidine, permettant de réduire aussi la rougeur sur une durée de 8 à 10 heures. Ce type de produit est uniquement disponible sur ordonnance mais non remboursable.
  • Pour la rosacée de type papulo-pustuleuse, un traitement local sous forme de métronidazole, est le plus souvent prescrit. Il se présente sous forme de gel, crème ou de lotion à activité antibactérienne et antiparasitaire. Néanmoins, ce médicament est déconseillé en cas d’antécédents d’allergie au métronidazole ou à l’un des ingrédients composant le médicament.La doxycycline, antibiotique à voie orale, est un autre type de médicament conseillé dans cette forme de rosacée. Elle est surtout utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires sur l’épiderme de la peau (réduisant ainsi papules et pustules cutanés). En revanche, elle contre-indiquée en cas d’allergie connue aux tétracyclines, chez la femme enceinte, chez les enfants de moins de 8 ans et en association avec une autre classe médicamenteuse, les rétinoïdes (souvent indiqués en cas d’acné).Lorsque le traitement par l’un de ces antibiotiques s’achève, il est recommandé de ne pas arrêter brutalement cette phase thérapeutique et donc d’appliquer une crème au métronidazole pour éviter une rechute.
  • Pour la rosacée de type hypertrophique, un traitement chirurgical est plutôt recommandé pour combattre l’épaississement cutané trop important au niveau du nez. L’excès de peau est éliminé au moyen d’un bistouri (scalpel) ou par électro-coagulation afin de restaurer une forme normale du visage. Ce type d’intervention a lieu sous anesthésie locale ou générale.

A savoir ! L’électrocoagulation est une technique médicale faisant intervenir des impulsions électriques afin de permettre la coagulation des petits vaisseaux dilatés caractéristiques de la rosacée. Pour ce faire, une aiguille très fine est introduite sur le vaisseau puis envoie un courant électrique permettant de détruire le tissu coagulé (à l’origine de la rougeur locale faciale).

La durée de l’intervention est en moyenne de 15 minutes et plusieurs séances peuvent s’avérer nécessaires suivant l’étendue de la surface à traiter et de l’importance des symptômes.

Une séance coûte entre 50 et 100 euros et n’est pas remboursée par l’Assurance Maladie.

Les réflexes quotidiens à adopter en cas de rosacée

Afin que la qualité de vie générale puisse être meilleure, quelques mesures simples d’hygiène et comportementales peuvent être prises par les patients :

  • S’exposer le moins possible au soleil ou du moins, en cas de sortie, se protéger efficacement en utilisant une crème solaire SPF adéquate, un chapeau, des lunettes solaires protectrices ;
  • Se protéger du froid ou du vent en veillant à bien couvrir son visage et son nez avec une écharpe ;
  • Eviter la consommation d’alcool, d’aliments et de boissons très chauds, d’épices ou de tout aliment provoquant des poussées ;
  • Eviter les exercices intenses lors de la pratique d’un sport ;
  • Eviter tous les produits cosmétiques susceptibles d’irriter la peau et privilégier les produits doux (gels ou pains dermatologiques) ;
  • Privilégier les cosmétiques dits « non comédogènes », c’est-à-dire ne bouchant pas les pores ;
  • L’application de produits de maquillage camouflant les lésions visibles peuvent aider au bien-être des patients sous réserve de bien demander conseil auprès d’un pharmacien pour choisir le produit idéal à son type de peau et la façon dont l’utiliser.
  • Prendre le réflexe de nettoyer son visage matin et soir, même en cas d’absence de maquillage. Puis, veiller à bien sécher la peau et utiliser une crème hydratante par la suite.

Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé

– Couperose et rosacée. Dermato-Info. – Consulté le 03 novembre 2017.
– Dossier santé : Rosacée. Ameli santé. – Consulté le 03 novembre 2017.

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