La greffe d’organes, ou transplantation d’organes, sauve chaque année en France la vie de malades, qui n’ont aucune alternative thérapeutique. Mais la greffe n’est possible que grâce au don d’organes. Toute personne peut, de son vivant ou après la mort, être donneur d’organes ou de tissus. Le don d’organes en France suit le principe du consentement présumé, avec une inscription possible sur le registre national des refus. Actuellement, différents organes et tissus peuvent être prélevés, le plus souvent chez un donneur décédé, en état de mort encéphalique.
Tous considérés comme donneurs, sauf en cas de refus !
En France, le principe du consentement présumé prévaut en ce qui concerne le don d’organes. La loi stipule donc que tout individu, en état de mort encéphalique, est considéré comme un donneur d’organes ou de tissus, sauf s’il a exprimé son refus d’être prélevé de son vivant.
À savoir ! L’état de mort encéphalique ou mort cérébrale correspond à l’arrêt irréversible de toute activité cérébrale. Les fonctions de l’organisme, comme la respiration ou la circulation, sont maintenues artificiellement jusqu’au prélèvement des organes.
Le don d’organes est possible quel que soit l’âge. Les parents d’un enfant décédé peuvent autoriser le prélèvement de ses organes. A l’opposé, des organes peuvent être prélevés chez une personne âgée, si les organes sont considérés comme de bonne qualité par les médecins transplanteurs. La qualité des organes est donc le critère principal pour le prélèvement.
Pour les personnes qui refusent d’être donneur d’organes après la mort, trois modalités de refus sont possibles depuis la loi du 26 janvier 2016 :
- Elles doivent s’inscrire de leur vivant sur le registre national des refus, géré par l’Agence de Biomédecine, accessible en ligne et par courrier postal :
Lien vers le registre des refus :
- Une autre possibilité pour faire connaître son refus est de le notifier par écrit dans un document daté et signé remis à un proche. En cas d’impossibilité d’écrire et de signer, deux témoins peuvent attester du refus, consigné par écrit par une tierce personne.
- Enfin, il est possible de notifier oralement son refus à ses proches, qui devront attester par écrit des circonstances dans lesquelles la personne a exprimé son refus.
L’inscription sur le registre national des refus est modifiable et révocable à tout moment. Si une personne a changé d’avis plusieurs fois, l’équipe médicale prendra en compte la position la plus récente. Par ailleurs, le refus du don d’organes peut être total ou partiel. Pour des raisons personnelles ou religieuses, il est possible de refuser le prélèvement de certains organes, tout en restant donneur potentiel pour les autres organes et tissus. Enfin, les enfants pouvant être des donneurs d’organes, un enfant peut s’inscrire sur le registre national des refus, dès l’âge de 13 ans.
A l’inverse, il n’est pas possible de s’inscrire sur un registre de donneurs d’organes. Il est toutefois possible de se procurer une carte de donneur, qui n’a pas de valeur juridique et reste uniquement indicative. La consultation du registre national des refus et l’avis de la famille seront systématiquement effectués.
Comme pour le don du sang (lien vers fiche du don du sang), le don d’organes respecte en France des valeurs éthiques fondamentales, qui sont :
- L’anonymat : le receveur ne pourra en aucun cas connaître l’identité ou des informations personnelles sur le donneur ;
- La gratuité : aucune rémunération ou avantage ne peut être attribué en contrepartie d’un don d’organes ou de tissus.
Les organes et les tissus prélevés
Au total, un grand nombre d’organes et de tissus peuvent être prélevés sur un donneur, pour les greffer à un receveur.
Les organes et tissus qui peuvent être prélevés du vivant du donneur sont les suivants :
- La moelle osseuse (les cellules souches hématopoïétiques) ;
- Le rein ;
- La peau ;
- Des fragments osseux, comme la tête du fémur ;
- Des veines (les veines saphènes) ;
- Exceptionnellement un lobe hépatique ou un lobe pulmonaire.
Les organes et tissus qui peuvent être prélevés sur un donneur en état de mort encéphalique sont les suivants :
- Le cœur ;
- Les poumons ;
- Le cœur-poumons ;
- Des valves cardiaques ;
- Le foie ;
- Le rein ;
- Le pancréas ;
- Les os longs et les cartilages ;
- Des tendons ;
- La cornée, partie transparente du globe oculaire, située devant l’iris (ce prélèvement peut aussi être effectué plus tardivement, après l’arrêt du cœur) ;
- La peau ;
- Des artères ;
- Plus rarement, des parties de l’intestin.
Les organes prélevés sont placés dans des liquides de conservation adaptés et greffés le plus rapidement possible à un ou plusieurs receveurs. Les tissus prélevés sont stockés dans des conditions adaptées (à 31 °C pour les cornées, congelés pour les os) dans des banques de tissus, sous le contrôle de l’Agence de Biomédecine. Ils seront greffés ultérieurement à des patients qui en ont besoin.
Comment se déroule le don d’organes ?
Au moment du décès par mort cérébrale, les équipes médicales consultent le registre national des refus, puis si nécessaire consultent l’entourage du défunt. La démarche du don d’organes implique plusieurs acteurs :
- L’entourage du défunt ;
- L’équipe médicale qui a pris le patient en charge avant son décès ;
- Une équipe de régulation, qui prend en charge tous les aspects du prélèvement des organes jusqu’aux transplantations aux receveurs ;
- L’Agence de Biomédecine, qui gère l’attribution des organes aux receveurs inscrits sur les listes d’attente de greffes ;
- Les équipes médicales de transplantation, qui prélèvent les différents organes et les greffent aux patients receveurs.
À savoir ! Donner ses organes et donner son corps à la science sont deux choses différentes. Le don de son corps à la science consiste à léguer son corps à la faculté de médecine pour la formation des étudiants. Dans ce cas, le corps du défunt n’est pas restitué à son entourage. En revanche, le don d’organes et de tissus a pour objectif la greffe à des malades. Le corps du défunt est restitué à sa famille, après le prélèvement des organes et des tissus.
Les proches consultés pour le prélèvement des organes sont :
- La famille ;
- Le conjoint ou partenaire de PACS ;
- Le compagnon.
Le prélèvement des organes est réalisé au bloc opératoire, dans les mêmes conditions que n’importe quelle intervention chirurgicale. Après le prélèvement des organes, le corps du défunt est restitué à son entourage. Les équipes médicales ont l’obligation de restaurer l’aspect du corps du défunt pour le rendre présentable pour ses proches.
A quoi servent les organes et tissus prélevés ?
Les organes et les tissus prélevés sur un donneur sont utilisés pour des greffes ou des transplantations, qui sont indiquées dans plusieurs circonstances :
- Le remplacement ou la suppléance d’un organe vital défaillant de manière grave et irréversible ;
- Le retour du patient à une vie normale, pour ce qui concerne les tissus.
Dans moins de 10 % des greffes, le donneur d’organes est un donneur vivant et des règles particulières s’appliquent alors. Ce type de don d’organes concerne presque exclusivement les reins. Puisqu’il est possible de vivre avec un seul rein, une personne peut en effet décider de donner l’un de ses reins de son vivant à l’un de ses proches, atteint d’une maladie rénale très grave. Un tel don d’organes ne peut bénéficier qu’à un receveur proche :
- Un membre du cercle familial ;
- Une personne ayant un lien étroit et stable depuis au moins 2 ans avec le donneur.
Dans ce contexte particulier, le donneur d’organes doit être majeur et remplir des conditions médicales très strictes pour s’assurer qu’il peut subir le prélèvement d’organes sans risques majeurs et qu’il n’est pas porteur de maladies transmissibles. Avant le prélèvement d’organes, il doit exprimer librement son consentement éclairé, devant le président du Tribunal de Grande Instance ou un magistrat désigné. Jusqu’au prélèvement de l’organe, le donneur peut révoquer à tout moment ce consentement, sans justification.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– Don d’organes. France ADOT. Consulté le 9 novembre 2018
– Les modalités du don d’organes ou de tissus. Ministère des Solidarités et de la Santé. 17 octobre 2017.