Paraplégie


Rédigé par Charline D. et publié le 4 février 2019

ParaplégieUne paraplégie désigne une paralysie des deux membres inférieurs, très largement, résultant d’une atteinte de la moelle épinière. Cette atteinte est le plus souvent d’origine accidentelle.

Définition

Une paraplégie est très souvent la conséquence d’une atteinte traumatique (c’est à dire due à un accident) de la moelle épinière.

La moelle épinière appartient au système nerveux central, et se situe dans la colonne vertébrale. Son rôle est d’assurer la liaison entre les nerfs de l’ensemble du corps et le cerveau par la transmission de messages nerveux. En fait, la moelle épinière se loge au sein de la colonne vertébrale, ce qui la protège. Cette moelle épinière est constituée de deux substances : la blanche à l’extérieur et la grise au centre. C’est dans la substance grise que l’on trouve les fameux neurones (cellules nerveuses de l’organisme).

À savoir ! On parle de tétraplégie lorsque l’atteinte de la moelle épinière est localisée au niveau des cervicales, et a pour conséquence une paralysie des quatre membres du corps.

On estime que les accidents représentent la première cause de paraplégie. On dénombre entre 1000 et 1500 accidents chaque année. Les victimes sont plus volontiers des jeunes, c’est-à-dire entre 15 et 35 ans, et des hommes. En France, le nombre de cas de paraplégie ou de tétraplégie est évalué entre 25 000 et 30 000 individus. A noter que ces derniers chiffres incluent également les causes non traumatiques.

Les causes traumatiques les plus fréquentes sont l’accident de la route, les accidents sportifs, les tentatives de suicide et les plaies par arme à feu ou arme blanche. Il existe également des causes médicales, bien que minoritaires : infection, maladie parasitaire, tumeur, problème vasculaire.

Symptômes

Divers symptômes peuvent découler d’une atteinte de la moelle épinière : des troubles moteurs, sensitifs,  neurovégétatifs, sphinctériens, génito-urinaires, respiratoires ou des douleurs.

Le symptôme le plus visible est moteur par l’atteinte de la motricité volontaire. En effet, elle se traduit par une paralysie (impossibilité totale de bouger) ou une parésie (mouvements possibles mais faibles). Cette caractéristique dépend du niveau de l’atteinte vertébrale. Ensuite, l’intensité de la paralysie peut varier, notamment entre le côté droit et le côté gauche, et les extrémités des membres.

Parmi les symptômes moteurs, on constate également une atteinte du tonus musculaire : soit une raideur musculaire, on parle de spasticité, soit à l’inverse un ramollissement musculaire. Dans ce dernier cas, on qualifie alors la paraplégie de flasque.

Des symptômes sensitifs peuvent être présents. Ainsi, la sensibilité superficielle c’est-à-dire celle qui nous permet de ressentir toutes les sensations cutanées peut être perturbée. Elle peut être absente, on parle d’anesthésie, ou diminuée, on parle d’hypoesthésie. La sensibilité profonde peut aussi être touchée. Cette dernière nous permet d’ordinaire de nous positionner dans l’environnement et de détecter les pressions que la peau subit. Cette atteinte est à l’origine de certaines difficultés d’équilibre ou de sensation de vertige et de peur du vide.

Des troubles sphinctériens résultent des atteintes motrices et sensitives. Les patients peuvent rapidement souffrir, sans prise en charge adaptée, d’incontinence urinaire et fécale. D’une part les fuites sont dues à un trop plein, d’autre part la vidange, quelle soit vésicale ou rectale, n’est jamais complète. On distingue deux types de dysfonctionnement des sphincters : une hypertonie en cas de paraplégie spasmodique, une hypotonie en cas de paraplégie flasque. La prise en charge thérapeutique diffère.

Des troubles neuro-végétatifs peuvent se manifester en cas de lésion au niveau cervicale ou dorsale haut :

  • Une hyper-reflectivité autonome qui se traduit par des élévations brusques et importantes de la tension artérielle, de maux de tête, de sudation avec rougeur, de frissons avec érection des poils. Ces symptômes surviennent à diverses occasions, par exemple en cas de sondage ou d’infection urinaire, d’hémorroïdes.
  • Une hyper ou à l’inverse hypothermie se traduisant par des variations de la température corporelle.

Des douleurs peuvent être associées. On distingue deux types de douleurs pouvant survenir chez les patients paraplégiques : les douleurs par hyper stimulation qui se manifestent au-dessus de la lésion (où la sensibilité n’est pas touchée), et les douleurs par levée d’inhibition au niveau de la lésion soit de type hyperesthésique (réaction douloureuse disproportionnée par rapport au contact) soit de type brûlure.

On constate également fréquemment des troubles génito-sexuels chez les patients paraplégiques. Chez l’homme, notamment, cette fonction est profondément impactée. L’érection réflexe et l’éjaculation peuvent être absentes selon la localisation de la lésion. Pour les autres cas, une consultation avec un spécialiste de la paraplégie est souvent nécessaire afin d’apprendre les techniques appropriées à mettre en œuvre. Chez la femme, des troubles de la sensibilité périnéale peuvent être présents et empêcher toute perception pendant les rapports. L’orgasme reste possible lorsque la voie nerveuse concernée n’est pas touchée. Par ailleurs, une période de un à neuf mois est souvent nécessaire après un traumatisme pour que la femme retrouve ses menstruations et redevienne féconde.

Des troubles respiratoires peuvent être présents. Ils résultent de l’atteinte des muscles respiratoires, et impliquent très souvent une assistance respiratoire au début. Le relai est pris par un kinésithérapeute qui assure la toilette régulière des bronches. Parfois, le déficit des muscles abdominaux nécessite d’être compensé par le port d’une sangle abdominale.

Enfin, des troubles circulatoires sont généralement associés. Le port de compression veineuse est primordial. Par ailleurs, une immobilité forcée favorise les troubles osseux (ostéoporose) et les risques de calculs urinaires.

Prise en charge

A ce jour, il n’existe pas de traitement de lésions de la moelle épinière. La prise en charge d’une paraplégie repose tout d’abord sur le traitement de sa cause, c’est-à-dire la prise en charge de la fracture associée à un bilan des lésions en cas de traumatisme ou la chirurgie dans certaines causes médicales.

La rééducation prend ensuite le relais. Elle est réalisée au sein d’une structure spécialisée et dirigée par un médecin rééducateur. L’objectif de la rééducation est de permettre au patient paraplégique de retrouver au maximum son autonomie par l’utilisation de la totalité des ressources permises par les muscles situés en amont de l’atteinte médullaire.

La kinésithérapie permet d’entretenir la mobilité des articulations dans les territoires atteints, de développer la force des muscles dans les zones non atteintes et de lutter contre les rétractations musculaires.

Le sport doit être totalement intégré à la prise en charge. La natation, le basket, l’athlétisme ou encore le ping-pong, le tennis ou le ski peuvent être pratiqués, et sont même recommandés.

Une rééducation vésico-sphinctérienne permet un rétablissement du cycle continence-évacuation normale compatible avec une vie sociale, ainsi que l’obtention de la vidange complète de la vessie à chaque évacuation. De même, qu’une rééducation intestinale vise à rétablir le réflexe de défécation avec une stimulation adaptée. Une alimentation riche en fibres doit également être adoptée.

La prévention des escarres est possible. Son apprentissage par le patient est important pour en limiter la survenue. Il est indispensable que ce dernier ait une hygiène cutanée irréprochable. Il doit changer ses vêtements et protections en cas de fuites. L’apparition d’une rougeur doit le conduire à supprimer tout appui dans la zone concernée jusqu’à sa disparition.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Moelle épinière. Larousse.Consulté le 18 janvier 2019.
– Les lésions médullaires traumatiques et médicales (paraplégies et tétraplégies). Dr Jean François Désert.Consulté le 18 janvier 2019.

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