Choléra


Rédigé par Charline D. et publié le 22 octobre 2018

Le choléra est une maladie intestinale épidémique engendrée par l’ingestion de la bactérie Vibrio cholerae. Dès les jours qui suivent l’infestation, des diarrhées associées ou non à des vomissements apparaissent. Cette maladie reste une menace dans les pays dont l’hygiène est précaire.

La bactérie du choléra, vibrio cholerae

Définition

Au XIXème siècle, le choléra était présent dans le monde entier, et a tué des millions de personnes. Aujourd’hui, la maladie reste endémique dans de nombreux pays à l’hygiène encore fragile.

Le choléra est une infection intestinale contractée suite à l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. On distingue divers sérogroupes (souches ayant les mêmes caractéristiques distinctifs) de Vibrio cholerae, mais seulement deux (O1 et O139) sont à l’origine d’importantes épidémies.

Selon l’OMS, le choléra provoque chaque année, le décès de 21 000 à 143 000 individus dans le monde. Près de 1,3 à 4 millions de cas de la maladie sont répertoriés. Depuis 1817, on dénombre 7 pandémies de choléra dans le monde qui ont toutes comme point de départ l’Asie. La première a débuté en 1817 et a envahi l’Asie, le Moyen-Orient et une partie de l’Afrique. La 7ème pandémie a débuté en 1961 par l’Indonésie puis l’Asie en 1962, le Moyen-Orient et une partie de l’Europe en 1965, l’Afrique en 1970 et enfin l’Amérique Latine en 1991. Plus récemment, Madagascar (en 1999) et l’Afrique (en 2000) ont également été touchés. Enfin, encore plus récemment Haïti en 2010, et le Yémen en 2017 étaient concernés par ce fléau. Finalement, entre 2000 et 2016, en moyenne 200 691 cas de la maladie, et 3 858 décès ont été déclarés à l’OMS. Ces chiffres sont, cependant, bien en dessous de la réalité pour plusieurs raisons : une sous-notification des cas, une surveillance insuffisante et une absence d’uniformité de la définition du choléra. En effet, rien qu’au Bangladesh, le nombre de cas de la maladie est évalué entre 100 000 et 600 000 cas par an, alors qu’aucun n’est officiellement signalé.

Vibrio cholerae est une bactérie très robuste puisqu’elle est mobile et a des besoins nutritionnels moindres. Le choléra est provoqué par l’ingestion de ces bactéries dans de l’eau ou des aliments contaminés. Une fois dans l’intestin, les bactéries vont produire une toxine cholérique à l’origine d’une importante déshydratation (pouvant atteindre jusqu’à 15 litres par jour). Les selles diarrhéiques de l’individu contaminé sont libérées en grande quantité, et sont donc responsables de la propagation de la bactérie dans l’environnement. La transmission du choléra est favorisée par un niveau socio-économique faible et des conditions de vie difficiles. Ainsi, une forte concentration de population et une hygiène insuffisante représentent le milieu de culture idéal pour le développement du choléra.

Symptômes

Le choléra est asymptomatique (sans symptôme) dans plus de 75% des cas. En effet, seul un quart des individus infestés développent des symptômes dans les quelques heures voire les quelques jours qui suivent la contamination. 10 à 20% de ces individus déclarent une maladie sévère.

Une fois la période d’incubation passée, quelques symptômes peuvent donc se manifester :

  • Violentes diarrhées
  • Vomissements

Sans traitement, lorsque le choléra est sévère, il est l’une des maladies infectieuses les plus rapidement mortelles. En effet le décès peut survenir en 1 à 3 jours, par collapsus cardio-vasculaire (affaiblissement du cœur) dans près de 30% des cas. Le risque de décès est plus important chez les individus fragiles comme les enfants ou les personnes âgées, par exemple.

Traitement

Le choléra est facile à traiter. Le traitement du choléra repose principalement sur une compensation des pertes digestives en eau et en électrolytes. La réhydratation est effectuée soit par voie orale, soit par voie intraveineuse, selon la sévérité. Le patient constate une amélioration dès les quelques heures qui suivent le traitement, et est guérit, sans séquelle en quelques jours.

Les solutions de réhydratation orale (SRO) se présentent sous forme de sachets à diluer dans 1 litre d’eau potable. Lors du premier jour de traitement, jusqu’à 6 litres de SRO peuvent être nécessaires en cas de déshydratation modérée du patient. Dans les cas plus sévères, lorsque le patient est sévèrement déshydraté, l’administration est effectuée par voie veineuse. Jusqu’à 7 litres de liquide par perfusion peuvent être nécessaires.

En cas de flambées de choléra, l’accès au traitement doit être rapide. Le traitement de réhydratation orale doit donc être mis à disposition des communautés. Les patients doivent aussi avoir accès à des centres médicaux plus importants lorsqu’une prise en charge complète et des perfusions intraveineuses sont nécessaires. Lorsque la prise en charge est rapide et adaptée, le taux de létalité (nombre de décès liés à la maladie) du choléra passe en dessous de 1%.

L’antibiothérapie est utilisée dans les cas les plus graves. En effet, comme il existe des problèmes de multi-résistances aux antibiotiques, ces derniers ne sont pas administrés en masse afin de ne pas renforcer les résistances.

Prévention

Pour lutter contre le choléra, plusieurs mesures sont incontournables :

  • Améliorer l’accès à l’eau potable
  • Améliorer les mesures générales d’hygiène
  • Développer l’éducation sanitaire dans les pays où elle n’existe pas

En effet, l’endiguement du choléra, et de toutes les maladies transmises par voie féco-orale, passe par un meilleur développement économique et un accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement. Ces mesures nécessitent d’importants investissements sur le long terme avec des coûts élevés parfois difficiles à assumer par les pays les moins développés qui en ont paradoxalement le plus besoin.

Il existe 3 vaccins anticholériques oraux (VCO) : Dukoral®, ShancholTM et Euvichol®. Pour les trois, seulement 2 doses sont nécessaires pour assurer une protection totale contre la maladie.

Dukoral® peut être administré à partir de 2 ans, avec 7 jours d’intervalle entre les 2 doses. Chez les enfants de 2 à 5 ans, une troisième dose est nécessaire. Ce vaccin est principalement utilisé pour les voyageurs. Il confère une protection de 2 ans contre le choléra.

SancholTM et Euvochol® sont similaires. Ils peuvent être administrés à partir de 1 an, avec un intervalle minimum de 2 semaines entre les deux doses. Ils assurent une protection de 3 ans vis-à-vis du choléra. Ces deux vaccins sont disponibles pour les campagnes de vaccination de masse dans les zones à risque élevé de choléra.

À savoir ! L’existence d’un vaccin contre le choléra ne dispense pas des mesures d’hygiène. Ils doivent être associés.

En octobre 2017, la stratégie « Mettre fin au choléra : une feuille de route jusqu’en 2030 » a été lancée. L’objectif est de faire diminuer de 90% le nombre de décès causés par le choléra, et d’éliminer la maladie dans 20 pays d’ici 2030. Cette initiative comporte 3 axes majeurs :

  • Une détection précoce des cas de choléra (renforcement de la surveillance et de la capacité des laboratoires), et un endiguement rapide des flambées (préparation des systèmes de santé, des fournitures et des équipes d’intervention) ;
  • Une approche multisectorielle afin d’éviter une réapparition du choléra en traitant les zones peu étendues touchées par la maladie ;
  • Un dispositif efficace de coordination entre l’appui technique, la sensibilisation, la mobilisation des ressources et le partenariat aussi bien au niveau local que mondial.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Cholera. WHO. Le 1er février 2018.
– Choléra. Institut Pasteur. Consulté le 18 octobre 2018.

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