Syphilis


Rédigé par Isabelle V. et publié le 13 octobre 2017

La Syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST) due à une bactérie, le tréponème pâle. Pratiquement éteinte au XXéme siècle, elle est en recrudescence aujourd’hui. Elle concerne surtout la communauté des hommes homosexuels (84 % des cas de Syphilis en 2014), mais le nombre de cas augmente également chez les hétérosexuels.

Syphilis

Une maladie ancienne

Appelée aussi vérole, la Syphilis serait originaire des Amériques et aurait contaminée l’Europe suite au retour des marins de Christophe Colomb. D’abord introduite en Italie (d’où son surnom de « mal de Naples »), elle gagne la France pendant les guerres d’Italie (1494-1559), puis tout le continent européen.

À savoir ! La Syphilis ou vérole ne doit pas être confondue avec la petite vérole ou variole, maladie également mortelle, mais éradiquée grâce à la vaccination.

Cette thèse n’est cependant pas unanimement reconnue ; d’autres chercheurs estiment que le tréponème était présent sur le vieux continent depuis la préhistoire, mais que la Syphilis y était confondue avec d’autres maladies.

À savoir ! Le terme de « Syphilis » est issu d’un poème italien du XVème siècle. Il s’agit du nom donné à l’un des personnages, un berger atteint de la maladie. Le nom de ce personnage serait lui-même tiré d’un poème d’Ovide (1er siècle).

La Syphilis a connu son apogée au XIXème siècle où de nombreuses personnalités en ont souffert, comme Baudelaire, Maupassant, Daudet ou encore Nietzche.

Si la littérature française du XIXème siècle a payé un lourd tribut à la Syphilis, des millions d’anonymes y ont également succombé avant l’arrivée du traitement à la pénicilline en 1943.

À savoir ! Coureur de jupons impénitent, Guy de Maupassant, le célèbre auteur de Bel ami, contracte la Syphilis a 27 ans. Il commence alors à perdre ses cheveux et souffrir de migraines, puis perd la vision d’un œil. Il essaie différents traitements prescrits à l’époque dont l’arsenic et le cyanure. Des névralgies et paralysies accompagnées de troubles de l’humeur le frappent ensuite. Vieilli prématurément et sujet à des accès de démences, il meurt à 43 ans.

Une bactérie en cause

Morphologie du Tréponème pâle
Le germe responsable de la Syphilis a été isolé en 1905. Il s’agit d’une bactérie Gram négatif de la famille des Spirochètes : Treponema pallidum ou Tréponème pâle. Elle se présente sous la forme d’une spirale de quelques microns de longueur.

À savoir ! Treponema pallidum est dit « pâle » car il prend mal la coloration gram (technique d’identification des bactéries grâce à différents colorants. Les bactéries Gram négatif apparaissent rouges). Il existe d’autres espèces de tréponèmes qui sont responsables de maladies non sexuellement transmissibles.

Le Tréponème pâle est spécifique à l’homme et se transmet par voie sexuelle par contact d’une muqueuse ou d’une peau infectée avec une muqueuse saine. Les rapports vaginaux, anaux ou oraux-génitaux peuvent être contaminants.

La transmission de la mère au fœtus est également possible. La Syphilis congénitale (Syphilis sur le nouveau-né) est très rare en France du fait d’un dépistage systématique proposé aux femmes enceintes au cours du premier trimestre.

La transmission par transfusion est possible mais très exceptionnelle. Lors de don du sang, une sérologie (dosage des anticorps révélateurs de la maladie) est réalisée pour écarter tout prélèvement contaminé.

À savoir ! La bactérie ne survit pas en dehors de son hôte (l’humain).

Symptômes de la Syphilis

Après contamination par voie sexuelle, la période d’incubation est variable d’un individu à l’autre, mais en général de 2 à 4 semaines.

La Syphilis évolue en deux phases : une phase précoce correspondant à la première année d’infection et une phase tardive.

Phase précoce

Cette période se subdivise en : chancre-syphilitique

  1. Syphilis primaire : c’est la phase du chancre syphilitique, ulcération indolore et indurée de 1 cm et très contagieuse. Elle est située sur le gland chez l’homme et au niveau de la vulve chez la femme. Parfois la localisation peut être anale, buccale voire cutanée. Le chancre guérit spontanément en 2 à 6 semaines sans cicatrice. Cependant la bactérie est toujours présente dans l’organisme ;
  2. Syphilis secondaire : en l’absence de traitement et dans un deuxième temps, la maladie s’étend. Une éruption contagieuse peu spécifique atteint la peau au niveau du tronc, des membres et du visage et les muqueuses. Ces lésions sont appelées syphilides papuleuses ;
  3. Syphilis sérologique précoce : ce sont des périodes sans symptôme. Seule une analyse de sang pour rechercher les anticorps déclenchés par la pathologie (sérologie) témoigne de sa présence.

Phase tardive

Devenue rare, cette phase survient 2 à 10 ans après la première. Elle comprend soit une :

  1. Syphilis tertiaire qui se caractérise par une atteinte neurologique (la neurosyphilis) et ophtalmologique. Des atteintes au niveau de la peau et des muqueuses, des os, du cœur ou du système digestif sont également possibles.
  2. Si la personne contaminée ne présente pas de symptômes, on parle de Syphilis sérologique tardive. C’est le cas le plus fréquent en l’absence de traitement de la phase précoce.

À savoir ! La syphilis est d’emblée plus grave et d’évolution plus rapide chez les personnes immunodéprimées. Les malades du Sida par exemple présentent lors de la phase primaire des chancres multiples, puis une évolution plus rapide vers des complications ophtalmologiques ou neurologiques (uvéites, encéphalites…).

Diagnostic de la Syphilis

Il repose sur l’examen clinique et des tests de laboratoire.

  1. Au stade du chancre ou sur les lésions cutanées, un prélèvement permet de mettre en évidence l’ADN du tréponème ;
  2. La sérologie (sur prise de sang) vise à mettre en évidence les anticorps révélateurs de la maladie. On distingue des anticorps établissant une Syphilis précoce (moins d’un an) et des anticorps révélant une Syphilis tardive. Cependant son interprétation n’est pas toujours aisée et plusieurs analyses sont parfois nécessaires pour infirmer ou confirmer un diagnostic ;
  3. La biopsie cutanée peut être pratiquée en cas de doute sur la sérologie.

À savoir ! La sérologie peut aussi se révéler positive en cas de contamination par d’autres tréponèmes que celui de la Syphilis. Ces bactéries ne se transmettent pas sexuellement et sévissent surtout en Afrique.

Traitement et prévention de la Syphilis

De nos jours, le traitement de la Syphilis est simple ; il est parfois mis en œuvre sans attendre le résultat de la sérologie. Il consiste en une injection unique de benzathine pénicilline G retard. Cet antibiotique est dit « retard » car sa durée d’action dans l’organisme après l’injection est de 8 à 10 jours. En cas de diagnostic en phase tardive, ces injections peuvent être répétées toutes les semaines pendant 3 semaines.

Pour les personnes allergiques à la pénicilline (un test est conseillé avant le traitement), on utilise la doxycycline par voie orale pendant 15 (Syphilis précoce) à 28 jours (Syphilis tardive).

Des sérologies sont ensuite réalisées pour attester de la guérison du patient. Les partenaires sexuels doivent être dépistés.

À savoir ! En Alabama (USA), une étude clinique visant à mieux connaître l’évolution naturelle de la Syphilis s’est déroulée sur des afro-américains pauvres de 1932 à… 1972. Les malades n’y bénéficiaient pas du traitement à base de pénicilline pourtant disponible depuis 1943. Suite aux révélations d’un médecin, l’affaire fuita dans la presse et l’étude fut arrêtée. C’est suite à ce scandale qu’ont été posées les premières bases éthiques protégeant les participants aux essais cliniques.

La prévention de la Syphilis repose au point de vue individuel sur le port du préservatif et, sur un plan collectif, par le dépistage des personnes à comportement sexuel à risques et le traitement précoce des sujets contaminés.

Isabelle V., Journaliste scientifique

– La Syphilis. Dermato-Info. – Consulté le 10 octobre 2017.
– La syphilis : définition, évolution et transmission. Ameli santé. Le 21 juin 2017.
– Cours de bactériologie médicale. Microbes-edu.org. – Consulté le 10 octobre 2017.

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