Le diabète représente l’une des principales causes de cécité (perte totale de la vue) en Europe. La rétinopathie diabétique concernerait, en effet, au moins 6 diabétiques de type 2 sur 10 après une dizaine d’années de diabète. C’est l’une des complications majeures du cette maladie.
La rétinopathie diabétique est une atteinte des yeux du diabétique, plus particulièrement de la rétine. C’est une grave complication du diabète qui concerne une grande majorité des patients atteints de diabète de type 2. En France, cette pathologie représente même la première cause de cécité, c’est-à-dire de perte totale de la vue, avant 65 ans. Cette maladie touche 2 à 2,5% de la population française, dont près de 90% des diabétiques.
La rétine est une fine membrane transparente composée de cellules optiques. Elle est parcourue par une multitude de petits vaisseaux sanguins que l’on nomme « capillaires ». Elle tapisse le fond de l’œil. Sa fonction est de réceptionner les ondes lumineuses de l’environnement pour les transmettre au cerveau via le nerf optique. Le cerveau se charge ensuite de traduire ces signaux lumineux en images. La rétinopathie diabétique est une conséquence de l’hyperglycémie chronique. En cas d’excès de sucre dans le sang, comme au cours d’un diabète, la paroi des capillaires est fragilisée et perd son étanchéité. Il s’ensuit alors un éclatement des vaisseaux de la rétine. On parle de « micro-anévrisme ».
A mesure que le temps passe, ce phénomène gagne du terrain et des zones de plus en plus nombreuses de la rétine ne sont plus irriguées jusqu’à atteindre la macula. La macula se situe au milieu de la rétine, c’est le centre de la vision. A ce niveau, il se produit un œdème maculaire (gonflement de la macula) qui va engendrer une baisse de l’acuité visuelle. Cette dernière peut être importante, et partiellement réversible. D’autre part, les nouveaux vaisseaux produits par la macula sont plus fragiles et peuvent saigner facilement dans le vitré. Le vitré est la zone située devant la rétine. Ces hémorragies des néo-vaisseaux sont responsables d’une perte de la vision jusqu’à ce que les saignements stoppent. Lorsque les saignements ne s’arrêtent pas, ils nécessitent une intervention chirurgicale. On parle de vitrectomie (ablation du vitré). Ces complications peuvent aboutir à un décollement de la rétine, à l’origine d’une perte définitive de la vision.
À savoir ! On distingue deux grands types de rétinopathies : la rétinopathie non proliférative caractérisée par quelques micro-hémorragies et la rétinopathie proliférative avec apparition de néo-vaisseaux. La rétinopathie proliférative est caractérisée par des hémorragies plus importantes
Symptômes
Quelques troubles de la vue peuvent alerter sur la présence d’une rétinopathie diabétique, par exemple des difficultés à passer de la lumière à l’obscurité ou la déformation des lettres à l’écriture.
Cependant, dans la majorité des cas, il n’existe aucun symptôme d’alerte. Ainsi, un individu avec une bonne vue et sans symptôme peut tout aussi bien être atteint de rétinopathie. Un contrôle ophtalmique régulier est alors primordial pour les diabétiques. En effet, la rétinopathie diabétique est une pathologie sournoise, insidieuse, puisqu’elle est dans la majorité des cas totalement asymptomatique jusqu’au stade de complications.
À savoir ! Une rétinopathie diabétique accélère la survenue d’autres pathologies oculaires comme le glaucome ou la cataracte
Evolution
L’évolution de la rétinopathie diabétique est plutôt lente. Elle s’installe de manière progressive à mesure que les années de diabète passent. La baisse de l’acuité visuelle en lien avec l’œdème maculaire est progressive, mais peut aboutir à une cécité. Les diverses complications de la maladie, c’est-à-dire une hémorragie intra-vitréenne due à un saignement des néo-vaisseaux, un décollement de la rétine ou un glaucome peuvent entraîner une perte brutale et totale de la vue.
Par ailleurs, il existe divers moments de la vie d’un diabétique durant lesquels la rétinopathie diabétique risque d’évoluer plus rapidement qu’à une autre période : la puberté et l’adolescence, la grossesse, une variation rapide de la glycémie (par exemple au cours de l’installation d’une pompe à insuline), la prise en charge chirurgicale d’une cataracte, une décompensation de la tension artérielle ou une décompensation rénale. Dans ces cas précédemment cités, une surveillance ophtalmique renforcée est nécessaire.
Diagnostic et Prévention
Bien qu’il existe des traitements permettant de freiner l’évolution de la rétinopathie diabétique, la prévention reste le meilleur des traitements. Un contrôle ophtalmique régulier, c’est-à-dire au moins une fois par an, chez un ophtalmologue est recommandé.
Au cours d’une consultation de contrôle, le spécialiste effectue plusieurs examens :
- La mesure de l’acuité visuelle ;
- La tension oculaire ;
- Eventuellement, une angiographie rétinienne afin de vérifier la perméabilité des capillaires de la rétine ;
- Le fond de l’œil.
L’ensemble des examens précédemment cités permet à l’ophtalmologue d’établir le diagnostic de rétinopathie diabétique. Par ailleurs, le spécialiste procède à un interrogatoire du patient en début de consultation afin de déterminer l’ancienneté du diabète et la qualité du contrôle de la glycémie et de la tension artérielle.
L’examen du fond de l’œil est l’examen de référence qui permet de prévenir et surveiller une rétinopathie diabétique. Il permet, en effet, de photographier la rétine dont les clichés sont analysés par l’ophtalmologiste. Il doit être effectué régulièrement. Cet examen est indolore.
À savoir ! Il existe une alternative au classique examen du fond de l’œil (qui nécessite une dilatation de la pupille). On parle de rétinographe non mydriatique qui permet de photographier le fond de l’œil sans avoir recours à la dilatation de la pupille
Il est également conseillé de conserver une bonne hygiène de vie, d’équilibrer sa glycémie et d’avoir une tension artérielle bien contrôlée.
Traitement
La prise en charge d’une rétinopathie diabétique nécessite une étroite collaboration entre l’ophtalmologue, le diabétologue et le médecin généraliste. Les premières mesures portent sur le contrôle du diabète :
- Obtenir une hémoglobine glyquée inférieure à 7% ;
- Avoir une tension artérielle inférieur ou égale à 14/8 mm Hg;
- Arrêter le tabac ;
- Contrôler le poids ;
- Avoir un bilan lipidique correct.
A un stade plus évolué, toutes ces mesures sont couplées à un traitement au laser que l’on appelle la photocoagulation au laser. Elle consiste à coaguler le sang et à stopper la prolifération des néo-vaisseaux (c’est-à-dire les nouveaux vaisseaux très fragiles produits suite aux micro-anévrismes).Les traitements des rétinopathies au laser sont effectués en plusieurs séances afin de détruire les zones « mortes » de la rétine pour limiter les complications graves. Cette méthode a largement démontré son efficacité au fil du temps. Le laser permet de freiner l’évolution de la maladie, et donc d’éviter la cécité. En revanche, l’acuité visuelle déjà perdue ne peut pas être restaurée. Plus la prise en charge est précoce, plus le patient a de chances de conserver une bonne acuité visuelle.
En cas d’œdème maculaire, des injections intraoculaires de corticoïdes ou d’anti-angiogéniques sont prescrites.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Rétinopathie diabétique. SNOF..Consulté le 20 décembre 2018.
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