Trachéotomie


Rédigé par Charline D. et publié le 5 août 2020

Mannequin de trachéotomie

La trachéotomie consiste à ouvrir la trachée pour la mise en place d’une canule de trachéotomie dans l’orifice. Cette intervention est indiquée lorsque les voies aériennes supérieures sont bloquées à cause d’une tumeur, d’un œdème ou d’une hémorragie. Une trachéotomie chirurgicale permet l’entrée l’air dans les poumons en court-circuitant le nez et la bouche. Elle est également utilisée pour prévenir les fausses routes.

Définition et objectif

Rappels anatomiques

La gorge est composée de 2 zones distinctes : le pharynx et le larynx.

Le pharynx est un conduit permettant de relier la bouche et le nez à l’œsophage et au larynx situé juste en dessous. Ainsi, il permet le passage des aliments de la bouche vers l’œsophage, et de l’air vers le larynx (puis la trachée et les poumons).

Schéma de rappel anatomique de la tête

Le larynx relie le pharynx à la trachée au niveau des cordes vocales. A l’entrée du larynx, on trouve l’épiglotte qui permet de protéger le larynx en basculant en arrière lors de la déglutition. Elle permet ainsi d’empêcher les aliments de passer dans le larynx et la trachée.

La trachée est un conduit à la fois fibreux et cartilagineux qui conduit l’air jusqu’aux poumons.

Qu’est-ce qu’une trachéotomie ?

La trachéotomie est une intervention chirurgicale qui repose sur la création d’une petite ouverture, appelée trachéostome, dans la trachée pour y placer une canule. Elle est effectuée entre la pomme d’Adam et la base du cou.

À savoir ! Une trachéotomie peut être permanente ou transitoire.

Diverses situations peuvent impliquer la réalisation d’une trachéotomie :

  • Une obstruction des voies respiratoires à cause d’une tumeur présente dans la gorge. Par ailleurs, le traitement du cancer du larynx peut entraîner la mise en place d’une trachéotomie temporaire pour permettre au patient de respirer correctement après une intervention chirurgicale ;
  • Une chirurgie du nez, du pharynx ou du larynx ;
  • Une paralysie des cordes vocales ;
  • Des fausses routes fréquentes ;
  • Un larynx non fonctionnel. On parle de trachéostomie lorsque la pose de la canule est définitive, en cas de laryngectomie (ablation du larynx) par exemple.

Il existe divers types de canules selon la morphologie du patient, ses besoins respiratoires, ces capacités phonatoires et le risque hémorragique. C’est le chirurgien qui fait le choix de la canule à utiliser. On distingue, les canules : rigides, souples, à ballonnets (permet le branchement à un respirateur artificiel) ou fenêtrées (pour faciliter la parole).

 

Trachéotomie : déroulement et suites de l’intervention

Préparation de l’intervention

Trachée infectée en surbrillance rougeLe patient est convoqué à une première consultation au cours de laquelle, il est reçu successivement par un médecin anesthésiste, un chirurgien et une infirmière. Il lui est demandé de signaler toute allergie connue et de présenter d’éventuels résultats d’examen précédemment passés (radiologies, tests sanguins, etc.).

Toute prise de traitement est également à préciser. En effet, les médicaments fluidifiants le sang comme l’aspirine, le clopidogrel ou l’acénocoumarol doivent être temporairement interrompus pour réaliser l’intervention.

La veille et le matin de l’intervention, le patient doit se doucher, y compris les cheveux, avec son savon habituel, et se sécher avec une serviette propre.

Il est indispensable d’être à jeun le jour de l’intervention depuis la veille à minuit. Le patient ne doit ni boire, ni manger, ni fumer.

Déroulement d’une trachéotomie

Une trachéotomie est réalisée au bloc opératoire après une anesthésie générale. Le chirurgien palpe le cou pour localiser la zone d’incision avant de procéder à la trachéotomie. L’opération dure environ 1 heure. Le choix de la canule insérée dépend de la morphologie du patient et de l’indication.

À savoir ! Une trachéotomie peut aussi être réalisée en urgence, parfois uniquement sous anesthésie locale.

Selon le type de trachéotomie réalisée, des complications peuvent survenir :

  • Des douleurs post-opératoires transitoires, généralement soulagées par des antalgiques ;
  • Une sensation de gêne au niveau de la canule dans moins de 10% des cas. Il est important de signaler ce type de désagrément afin d’adapter le traitement antalgique et éventuellement changer le type de la canule ;
  • Une accumulation de sécrétions épaisses constituant un obstacle au passage à l’air dans la canule. Cette complication est fréquente et nécessite souvent l’adaptation d’un filtre ou l’usage d’un humidificateur ;
  • Une infection des voies respiratoires ;
  • Une infection de l’orifice dans moins de 5% des cas. Une désinfection rigoureuse des mains permet d’éviter cette complication ;
  • Des saignements généralement peu importants et qui guérissent spontanément. Très rarement, une réintervention est nécessaire ;
  • Un œdème du cou est habituel après l’intervention. Lorsqu’il persiste, une réadaptation de la canule doit être envisagée ;
  • Un pneumothorax dans moins de 1% des cas qui nécessite un drainage de la cage thoracique.

Les suites de l’intervention

Une fois l’intervention réalisée, le patient est conduit en salle de réveil.

Il lui est impossible de communiquer verbalement, en effet, l’air qui ressort par la canule ne passe plus par les cordes vocales. La communication est alors uniquement écrite via un bloc-notes, une ardoise, une tablette ou un smartphone, ou gestuelle. Ce n’est qu’une fois le gonflement post-opératoire atténué, qu’une canule adaptée pour la phonation (production de sons) est posée.

Comme le patient n’est plus guidé par son nez pour renseigner le passage de l’air, il perçoit différemment son environnement et sa respiration. Il peut être rassurant pour lui de mettre sa main devant la canule pour sentir le passage de l’air.

L’équipe médicale évalue régulièrement la douleur du patient afin d’adapter son traitement antalgique.

Lorsque le médecin le permet, le patient est autorisé à boire. En cas de difficultés pour avaler, d’autres moyens peuvent être utilisés : perfusion, sonde nasogastrique.

Généralement, et toujours avec l’accord du médecin, le patient peut manger dès le lendemain de l’intervention, avec toutefois quelques précautions : assis ou avec la tête légèrement surélevée.

Les soins au quotidien

Femme qui sort un mouchoir de la boîte à mouchoirLes premiers soins de trachéotomie sont réalisés avec une infirmière afin d’apprendre au patient les gestes essentiels à sa convalescence. La canule et la peau autour doivent être nettoyées au moins une fois par jour.

À savoir ! En réalité, il n’existe pas une canule, mais deux. L’une est externe, l’autre est interne et vient s’insérer dans la première.

Avant de débuter les soins, il faut se laver les mains à l’eau et au savon, et disposer le matériel nécessaire à proximité d’un lavabo face à un miroir. Le matériel nécessaire comprend : un bol, un rouleau de lacet en coton, une paire de ciseaux, une poubelle et des cotons tiges, un écouvillon, un antiseptique, une compresse spécifique, un appareil d’aspiration (disponible en location).

Après s’être correctement lavé les mains, il faut :

  • Se moucher. Une physiothérapeute ou une infirmière apprend le patient à se moucher par la canule. Pour un mouchage efficace, il faut : aspirer profondément et doucement l’air, puis souffler fortement en plaçant un mouchoir devant la canule ;
  • Retirer la canule interne ;
  • Brosser la canule interne avec l’écouvillon et la laisser tremper dans un bain antiseptique ;
  • Retirer la compresse (dite en Y) présente sous la trachéotomie et désinfecter le pourtour de la trachéotomie, en utilisant des cotons tiges pour les zones difficiles d’accès ;
  • Nouer les lacets propres, sans retirer les sales avant d’être sûre que les propres sont correctement noués ;
  • Remettre une nouvelle compresse en place sous la trachéotomie ;
  • Sécher la canule interne et la remettre en place.

L’hospitalisation après une trachéotomie dure entre 5 et 10 jours, le temps nécessaire au personnel de santé pour former le patient à sa prise en charge. Durant les premières semaines qui suivent l’intervention, il est conseillé au patient :

    • D’humidifier l’air ambiant à l’aide d’un humidificateur ;
    • D’éviter de frotter ou de gratter la cicatrice ;
    • De porter un foulard afin de protéger la trachéotomie des corps étrangers ;
    • D’éviter les bains.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Trachéotomie : l’ouverture de la trachée. CONCILIO. Consulté 20 juillet 2020.
– Informations avant la réalisation d’une trachéotomie. ORL FRANCE. Consulté le 20 juillet 2020.
– La trachéotomie. HÔPITAUX UNIVERSITAIRES DE GENÈVE. Consulté le 20 juillet 2020.

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