Dysthymie


Rédigé par Charline D. et publié le 15 septembre 2022

monsieur atteint d'une Dysthymie

La dysthymie est un trouble chronique qui correspond à une dépression légère à modérée, mais qui dure dans le temps. Le patient est en effet d’humeur dépressive, irritable, mange moins, etc.  Le médecin psychiatre pose le diagnostic lorsque le trouble dure depuis au moins deux ans et que les symptômes sont présents au minimum un jour sur deux. Le traitement est médicamenteux, à base d’antidépresseurs et/ou d’anxiolytiques, associé à une prise en charge psychothérapique.

Dysthymie : définition et origines

La dysthymie fait partie de l’un des troubles chroniques de l’humeur. Dans le DSM-5, ouvrage de référence en psychiatrie, la dysthymie est définie comme étant un trouble dépressif léger.

La dysthymie a été décrite pour la première fois dans les années 1920. Les médecins de l’époque s’accordaient à dire que ce type de tempérament était prédisposant à la mélancolie. Aujourd’hui, la dysthymie reste un trouble mineur mais persistant chez le patient dysthymique.

une femme femme atteinte de dysthymie

Cette maladie se manifeste par les divers symptômes caractéristiques d’une dépression. En effet, le patient se sent triste, déprimé, irritable, ou éprouve une perte de plaisir ou une fatigue permanente. Cependant, l’intensité des manifestations peut varier dans le temps. C’est ainsi souvent la faible intensité des symptômes qui amène les personnes souffrant de dysthymie à ignorer leur état anormal. En effet, les patients ont tendance à penser qu’il s’agit là de leur personnalité ou caractère. Ils arrivent ainsi à fonctionner de façon adéquate, mais pas optimale. Cette maladie peut affecter leurs relations sociales, professionnelles et intimes.

La dysthymie concernerait à minima 2,5% de la population. L’âge moyen des premiers symptômes est situé aux environs de la trentaine, bien que dans certains cas la maladie se révèle dès l’adolescence, voire l’enfance. On parle de trouble précoce lorsque le diagnostic est posé avant les 21 ans du patient. Les femmes seraient plus affectées que les hommes par la dysthymie.

L’origine précise de cette maladie est encore inconnue à ce jour. Plusieurs causes sont généralement impliquées. Les facteurs génétiques, les antécédents familiaux ainsi que le déséquilibre de certains neurotransmetteurs ou hormones est particulièrement étudié.

Tout comme pour une dépression, divers facteurs déclenchants sont bien connus, comme un stress chronique, un burnout ou un traumatisme (une séparation, un deuil, etc.).

Les symptômes de la dysthymie

Un patient dysthymique est d’humeur dépressive quasiment toute la journée, et au minimum un jour sur deux. Ce symptôme doit être présent depuis au moins 2 ans chez les adultes, pour poser le diagnostic, et depuis au moins 1 an chez les enfants et adolescents. Les périodes asymptomatiques ne durent pas au-delà de 2 mois.

Par ailleurs, au moins deux des symptômes suivants sont présents :

  • Une perte d’appétit ;
  • De l’hyperphagie qui correspond à l’absorption d’une quantité déraisonnée de nourriture sur une courte durée ;
  • Des insomnies ;
  • De l’hypersomnie qui est un autre type de trouble du sommeil. Le patient se réfugie dans un sommeil qui n’est plus réparateur. Il se sent aussi fatigué à son réveil.

Le patient peut également souffrir d’une baisse d’énergie. Autrement dit, le patient éprouve des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions. Il peut également souffir d’une fatigue anormale qui n’est pas améliorée par le sommeil ou le repos ; d’une faible estime de soi ; d’une perte d’espoir ou d’envie de réaliser des activités habituellement agréables, etc.

La dysthymie s’installe de façon insidieuse dans la vie du patient. Généralement, la maladie se développe depuis l’enfance ou l’adolescence. Elle n’évolue pas par poussées, mais en continue. Cependant, les symptômes peuvent s’accentuer par la survenue d’épisodes dépressifs majeurs.

Le diagnostic de la dysthymie

Des tests permettant de détecter la présence d’une dépression existent, par exemple le test de Beck. Cependant, comme il est difficile de juger par soi-même de son propre état psychologique, rien ne remplace un diagnostic auprès d’un psychiatre.

personne chez un professionnel de santé

Le médecin a recours à divers outils d’évaluation, notamment des questionnaires, pour poser le diagnostic de dysthymie. Le professionnel de santé recherche également l’existence d’une pathologie associée, et questionne le patient sur son passé et ses antécédents familiaux.

Parfois, et lorsque le patient donne son autorisation, le médecin peut s’entretenir avec un ou plusieurs proches.

Les questions suivantes permettent d’évaluer la sévérité de l’affection :

  • L’humeur dépressive est-elle ressentie comme légère, modérée ou sévère ?
  • Quel est l’impact de dysthymie sur la vie quotidienne, professionnelle et familiale ?
  • Un risque de suicide est-il à craindre ?
  • Existe-t-il des symptômes associés (hallucinations, etc.) ?

Comment traiter la dysthymie ?

La prise en charge d’une dysthymie est à la fois médicamenteuse et psychothérapique. Le traitement médicamenteux consiste en la prescription de médicaments antidépresseurs et anxiolytiques.

Le choix de l’antidépresseur est adapté à chaque patient mais les effets secondaires peuvent diminuer l’observance

Les antidépresseurs ont une action sur les neurotransmetteurs, et permettent de normaliser leur taux. Avec le traitement adéquat, les patients peuvent retrouver le sommeil, l’appétit, l’énergie et une bonne humeur en plusieurs semaines. Cependant, les effets secondaires peuvent parfois diminuer l’observance des patients.

Le choix du médicament prescrit est adapté à chaque patient selon les caractéristiques de l’affection. Les antidépresseurs utilisés en première intention sont les suivants :

  • Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ou ISRS) comme le citalopram, l’escitalopram, la fluoxétine, la paroxétine ou la sertraline ;
  • Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline dont la duloxétine, la venlafaxine et le milnacipran ;
  • Les autres antidépresseurs, notamment la miansérine et la mirtazapine.

Dans un second temps, en cas d’échec des premiers types d’antidépresseurs, le prescripteur peut opter pour les antidépresseurs imipramiques tels que l’amitriptyline, le clomipramine ou la dosulépine.

Parmi les effets indésirables les plus fréquents avec ce type de traitement, on trouve le risque de somnolence diurne, la constipation, la prise ou la perte de poids, une sécheresse buccale, une diminution de la tension artérielle et des troubles de l’érection. Les effets indésirables des antidépresseurs sont généralement passagers, et présents en début de traitement ou lors d’une augmentation de posologie.

Les anxiolytiques sont prescrits pour soulager le patient en attendant l’action du traitement antidépresseur

A noter que les antidépresseurs n’ont pas une action immédiate. Il faut, en effet, deux à quatre semaines pour constater un impact sur les symptômes. Une fois démarré, le traitement est poursuivi pendant au minimum 4 mois afin de consolider l’amélioration des symptômes. Parfois, plusieurs années de traitement sont nécessaires. Bien entendu, l’observance est un élément indispensable pour garantir l’efficacité du traitement. L’arrêt du traitement est réalisé progressivement sur plusieurs semaines afin d’éviter les rechutes.

Les anxiolytiques, essentiellement les benzodiazépines (par exemple l’alprazolam) et la buspirone sont habituellement prescrits pour soulager le patient en attendant l’action du traitement antidépresseur. Ils peuvent être utilisés par la suite ponctuellement en cas d’angoisse chez le patient.

En termes de psychothérapie, c’est généralement la thérapie cognitivo-comportementale qui est utilisée

Elle consiste à faire prendre conscience au patient ses croyances erronés et à les corriger. Ce type de thérapie est dite active car le patient est acteur de sa guérison. Le psychothérapeute joue le rôle de coach. Généralement, moins d’une vingtaine de séances sont nécessaires. Plus rarement, une psychanalyse peut être prescrite.

D’autres méthodes thérapeutiques sont parfois essayées, notamment l’hypnose médicale ou la méditation pleine conscience.

 

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– La dysthymie. cogicor.com. Consulté le 15 septembre 2022.
– Dysthymie : comment guérir de la dépression chronique. qare.fr. Consulté le 15 septembre 2022.
– Dépression (troubles dépressifs). ameli.fr. Le 15 septembre 2022.

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