Phimosis


Rédigé par Charline D. et publié le 5 février 2019

Le plus souvent, le phimosis est la conséquence d’un prépuce (le morceau de peau qui recouvre le gland) trop serré. Il se traduit par une impossibilité de découvrir le gland du pénis. Le phimosis est un phénomène habituel chez les petits garçons qui se résout spontanément en grandissant. Il disparaît généralement avant les 5 ans du petit. En revanche, lorsqu’il survient plus tard, à l’âge adulte par exemple, des complications peuvent en découler.

Définition

Un phimosis correspond à un rétrécissement de l’extrémité du prépuce, le repli cutané entourant le gland de la verge, qui empêche le décalottage complet du gland. D’ordinaire, celui-ci est facile à dégager en coulissant le prépuce.

Cette affection est courante, on estime que le décalottage complet est possible chez seulement 4% des nouveau-nés. A 3 ans, 1 petit garçon sur deux a un décalottage normal et complet, et 99% des adolescents.

Le phimosis peut avoir différentes origines selon l’âge du patient lors de son apparition.

Chez le nouveau-né et le très jeune garçon, l’affection est normale. En effet, le petit présente à cet âge un prépuce long et serré, souvent associé à un orifice étroit, qui colle au gland. Dans la très grande majorité des cas, le phimosis n’a aucune conséquence sur l’enfant, et disparaît spontanément à mesure que l’enfant grandit (la croissance du pénis et les premières érections réflexes de l’enfance permettent d’assouplir le prépuce). Le phimosis disparaît, le plus souvent, aux alentours des 5 ans de l’enfant. Il arrive parfois que le décalottage complet soit effectif plus tardivement, voire à la puberté.

Chez l’adulte, il existe deux possibilités : soit le phimosis existe depuis l’enfance et n’a jamais guéri, soit le phimosis apparaît à l’âge adulte alors que le décalottage été normal auparavant. On parle dans ce dernier cas de phimosis acquis qui est dû à un épaississement de la peau du prépuce suite à un traumatisme (décalottage forcé et répété) ou une maladie de la peau du prépuce (eczéma, psoriasis). Cette affection ne guérit pas spontanément chez l’adulte.

Symptômes

Il n’existe aucun symptôme du phimosis chez l’enfant mis à part le fait de ne pas pouvoir effectuer un décalottage complet et aisé. Chez l’adulte, cette affection peut aussi faire l’objet de douleurs lors des érections, altérant alors la vie sexuelle du patient.

En revanche, des complications peuvent survenir lorsque l’affection persiste plus de 5 à 6 ans :

  • Des difficultés à uriner lorsque le prépuce est trop serré autour du gland ;
  • Une infection du prépuce et du gland (on parle de balanoposthite) qui se caractérise par une inflammation de la peau (rouge et gonflée), une sensation de brûlure en urinant et parfois un écoulement de pus ;
  • Un étranglement du gland (on parle de paraphimosis) qui se manifeste suite à un décalottage forcé ou une érection. Le recalottage est impossible. Il en découle un étranglement et un gonflement du gland accompagné de douleur et d’une réduction de la circulation sanguine dans le pénis. Cette situation nécessite une prise en charge médicale rapide.

Enfin, le phimosis chez un adulte prédispose à un risque plus important de cancer de la verge.

Diagnostic

Une consultation chez son médecin doit être envisagée en urgence en cas d’inflammation du gland et du prépuce avec une sensation de brûlure en urinant ou en cas d’impossibilité de recalotter le gland.

Une consultation chez son médecin doit être envisagée dans les prochains jours lorsqu’un enfant a plus de 5 ans et que son phimosis est toujours présent, qu’un phimosis vient d’apparaître chez un adulte ou lorsque le phimosis provoque des difficultés à uriner ou des douleurs pendant les érections.

La consultation

Pendant la consultation, le médecin procède à un examen des organes génitaux. En cas d’écoulement de pus, il prélève un échantillon pour réaliser des analyses et identifier une éventuelle infection. Lorsqu’une intervention chirurgicale est de rigueur, le médecin traitant redirige son patient vers un chirurgien en urologie.

Le traitement du phimosis

Avant toute chose, en cas de phimosis chez un nourrisson, il est formellement déconseillé de procéder à un décalottage forcé. Cette tentative risquerait de faire souffrir l’enfant et de causer des lésions au niveau du prépuce à l’origine d’infection ou de cicatrices. A noter, qu’une cicatrice provoquant un épaississement de la peau, elle aggrave donc le phimosis.

Pour la toilette du petit, il est conseillé de nettoyer ses organes génitaux uniquement à l’eau et au savon. Il faut attendre que le prépuce de l’enfant s’assouplisse naturellement pour dégager et nettoyer le gland. Lorsque la peau enveloppant le pénis est suffisamment souple, il faut effectuer un nettoyage quotidien en 3 étapes :

  • Découvrir le gland en tirant doucement le prépuce vers l’arrière ;
  • Laver le sexe avec un savon au pH neutre et à l’eau ;
  • Recalotter le gland.

Jusqu’aux deux ans de l’enfant, un phimosis ne nécessite aucun traitement, une simple surveillance est de rigueur.

Lorsqu’un traitement est nécessaire, il est d’abord médicamenteux et dépend de l’origine du phimosis. En effet, lorsque celui-ci est dû à un prépuce serré, l’application locale de dermocorticoïdes pendant maximum 6 semaines peut être envisagée. Ce traitement permet d’assouplir le prépuce et de limiter les petites adhérences de la peau sur le gland pour permettre le décalottage-recalottage. Une crème anesthésique peut aussi éventuellement être utilisée. Ce traitement est proposé aux petits garçons de plus de 2 ans et à certains adultes. Lorsque le phimosis est en lien avec une infection dermatologique comme le psoriasis ou l’eczéma, le médecin prescrit une crème adaptée à la pathologie.

Dans certains cas, le phimosis peut nécessiter une intervention chirurgicale. Elle est proposée chez l’adulte ou chez l’enfant de plus de 5 ans, soit en première intention soit en cas d’échec du traitement médicamenteux. Deux techniques chirurgicales existent : la plastie préputiale (petite incision sur l’extrémité du prépuce à l’endroit où il est le plus serré) ou la circoncision (ablation complète du prépuce, le gland est définitivement découvert). Les deux interventions sont précédées d’une consultation avec un anesthésiste et réalisées en ambulatoire (c’est-à-dire que le patient rentre chez lui le soir même). Des soins locaux réalisés par un infirmier sont prescrits pendant une dizaine de jours après l’intervention. La cicatrisation complète est obtenue en 2 voire 4 semaines. Il n’existe aucun retentissement sur la fonction urinaire ou sexuelle du patient. A noter qu’il existe tout de même de rares complications : un saignement pouvant rendre nécessaire une seconde intervention, un retard de cicatrisation ou une infection de la cicatrice, un rétrécissement de l’orifice urinaire pouvant demander une autre intervention chirurgicale, une plaie du gland ou de l’urètre (conduit urinaire) pendant l’intervention.

Le traitement des complications

En cas d’infection du gland et du prépuce, ou de balanoposthite, le traitement repose sur : un antiseptique local, un antalgique et des antibiotiques si besoin.

Le paraphimosis qui est un étranglement du gland nécessite une intervention sous anesthésie. Il existe deux techniques : la réduction manuelle (le gland est repoussé à l’intérieur du prépuce à la main) ou la plastie préputiale (incision sur l’extrémité du gland) voire l’incision en cas de besoin pour éviter les récidives.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Phimosis Ameli. Consulté le 20 septembre 2018.

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