Et si le neurofeedback permettait de retrouver plus rapidement la mobilité d’un membre après un accident vasculaire cérébral (AVC) ? C’est ce que suggère une équipe de chercheurs de l’Inserm qui aide les patients victimes d’un AVC à récupérer grâce à une technique d’entraînement exploitant leur activité cérébrale.
Les ravages de l’AVC
L’AVC ou Accident Vasculaire Cérébral touche chaque année en France près de 140 000 personnes et provoque environ 31 000 décès. L’AVC correspondant à une obstruction ou une rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau, il peut faire des ravages chez les patients qui en réchappent en les handicapant lourdement (hémiplégie, paralysie complète ou d’un seul côté, troubles cognitifs…).
Tout l’enjeu de la convalescence réside donc dans la récupération de la motricité qui implique de restaurer la transmission des informations entre le cerveau et les membres atteints. Pendant de nombreuses années, la rééducation s’appuyait sur la mobilisation des membres à travers la manipulation de différents objets par le patient, mais sans grand succès :
« La récupération de la motricité du membre supérieur est plus difficile à obtenir pour la majorité des patients car la lésion touche complètement la zone de commande du membre, laquelle est très large du fait de la complexité de son fonctionnement. Par ailleurs, le niveau de récupération doit être excellent pour que le patient puisse utiliser son membre supérieur» explique Isabelle Bonan, chercheuse Inserm.
Dans ce contexte, la chercheuse et son équipe ont souhaité explorer d’autres pistes thérapeutiques en plongeant au fin fond du cerveau.
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La plasticité cérébrale
Depuis une vingtaine d’années, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) représente un allié précieux pour le corps médical. Cette technique innovante permet en effet d’observer en temps réel l’intérieur du cerveau du patient en 2D ou 3D et d’accéder à des informations inaccessibles avec des techniques d’imagerie traditionnelles.
L’IRM permet ainsi de suivre les progrès du patient ayant subi un AVC pendant sa période de rééducation et de relever une caractéristique essentielle du cerveau : la plasticité cérébrale. Certaines zones du cerveau reprennent en effet du service au fur et à mesure des séances et des exercices de rééducation des membres handicapés.
À savoir ! Grâce à la plasticité cérébrale, le cerveau fait appel à des zones saines capables de remplacer les zones lésées ou bien de créer de nouveaux réseaux neuronaux en remplacement de ceux qui ont été endommagés, afin de restaurer une fonction perdue.
L’équipe de scientifiques a couplé deux techniques pour visualiser l’activité des neurones dans le cerveau des patients ayant subi un AVC :
- l’électroencéphalographie (EEG) : des électrodes placées sur le cuir chevelu du patient mesurent l’activité cérébrale avec une très bonne précision temporelle
- l’IRM qui procure une bonne précision spatiale
Ce sont ensuite des logiciels d’analyse de ces informations qui permettent d’identifier lesquelles de ces activités sont en lien avec le déficit de motricité d’un ou plusieurs membres atteints.
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Le pouvoir de la pensée potentialisé par le neurofeedback
Si les exercices de rééducation et séances d’entraînement favorisent la plasticité cérébrale, les scientifiques ont également observé que la simple pensée des mouvements pouvait avoir le même effet ! C’est dire le pouvoir immense de la pensée ! Forte de ce constat, l’équipe de chercheurs a choisi d’avoir recours au « neurofeedback » pour potentialiser cette technique d’imagerie mentale.
À savoir ! Le « neurofeedback » permet de montrer au patient ce qu’il se passe dans son cerveau en temps réel. L’objectif est qu’il puisse progressivement apprendre à stimuler les zones du cerveau les plus favorables à sa récupération.
Pour mener à bien leurs recherches et étudier l’impact réel du neurofeedback, les scientifiques ont élaboré un protocole d’entraînement intensif qu’ils ont soumis à quatre patients présentant une paralysie partielle suite à un AVC. Leur activité cérébrale a été suivie pendant 5 semaines soit par EEG et IRM, soit par EEG seulement.
Des études antérieures ayant démontré qu’il était préférable de se focaliser sur telle ou telle zone cérébrale en fonction de la gravité des lésions, l’objectif de cette nouvelle étude consistait à identifier les zones cérébrales dont l’activation par la pensée permettait une meilleure récupération de la motricité des membres affectés :
« Lorsque les zones clés pour la rééducation s’allument dans le cerveau et que les activités électriques des neurones reprennent, une « récompense » est donnée au cerveau grâce à une image de jauge présentée en temps réel. Le cerveau comprend alors qu’il est sur le bon chemin et continue l’exercice de la même façon. Si par contre la jauge diminue, c’est que le patient s’éloigne de l’objectif, et il doit corriger le tir. »
Pour l’équipe de scientifiques, les premiers résultats enregistrés sont encourageants. Et, première mondiale, ils suggèrent l’intérêt d’une approche multi-cibles avec des exercices focalisés sur différentes aires cérébrales au fur et à mesure des séances pour améliorer les résultats chez les patients victimes d’un AVC.
Prochaine étape pour l’équipe de chercheurs ? Confirmer les avantages de cette technique inédite grâce à une étude randomisée comparant ces résultats à ceux d’une rééducation traditionnelle chez les patients victimes d’un AVC.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
Bonjour,
J’ai eu un accident vasculaire cérébral ça fait 1 ans 1/2 de ça. (J’ai pu arriver à temps à l’hôpital et on m’a juste fait des perfusions pour dissoudre le caillot). Là je suis à 70% de récupération, je sais qu’il me manque quelque chose et je ressens des douleurs dans les épaules et je suis intéressé par vos méthode neurofeedback.
Merci beaucoup
Bonjour,
Nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à ce sujet. La méthode présentée dans l’article est encore expérimentale. Il s’agit d’un protocole testé dans le cadre d’une étude scientifique inédite. Les scientifiques prévoient d’ailleurs de mener une autre étude pour confirmer les avantages de cette technique en comparant les résultats à ceux d’une rééducation traditionnelle chez les patients victimes d’un AVC.
Bonne journée,
L’équipe Santé sur le Net
Bonsoir,
Victime d’un accident de la route le 15 décembre 1989 : traumatisme crânien, hémmorragie cérébrale, 10 jours de coma : séquelles hémiplégie gauche. Aujourd’hui il me reste comme séquelles de la spascticité dans la jambe gauche (releveur du pied très faible), je fais des injections de toxine botulique tous les 4 mois afin de diminuer la spasticité. Est-ce que le neurofeedback me permettrait de marcher « normalement » et m’éviter de faire des injections de toxine botulique ?
Merci pour votre retour
Bonjour,
Merci de faire confiance à Santé sur le Net pour trouver des informations sur votre santé. Nous ne sommes pas en mesure de répondre à votre question. Seul un médecin ayant pris connaissance de l’intégralité de votre dossier médical pourra vous répondre. Nous vous invitons à vous rapprocher de votre médecin.
Nous vous souhaitons une bonne journée.
L’équipe Santé sur le net.
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