Mortalité néonatale en France : une hausse touchant les zones défavorisées

Par |Publié le : 7 octobre 2025|Dernière mise à jour : 2 octobre 2025|4 min de lecture|

Depuis une dizaine d’années, la mortalité néonatale repart à la hausse en France, alors qu’elle continue de reculer chez la plupart de nos voisins européens. Une étude nationale parue en septembre 2025 dans BMJ Medicine révèle que cette progression ne touche pas tout le territoire de la même manière : elle se concentre dans les zones les plus défavorisées. Pourquoi les inégalités sociales pèsent-elles si lourdement sur la santé des nouveau-nés ? Et surtout, quelles actions concrètes pourraient être mises en place pour réduire ces écarts ? On fait le point.

Une hausse de la mortalité néonatale marquée par de fortes disparités

Alors que la mortalité néonatale baisse régulièrement dans la majorité des pays européens, la France connaît une hausse du nombre de décès chez les nouveau-nés. Entre 2015 et 2020, la France métropolitaine a enregistré 2,53 décès néonataux pour 1 000 naissances vivantes, soit un niveau supérieur à celui observé dans les années 2000 (2,39 ‰ entre 2001 et 2008).

Dans une récente étude, les chercheurs ont utilisé un indice de désavantage social, afin de comparer les taux de mortalité selon le niveau socio-économique des communes de résidence des mères.

Les résultats mettent en évidence de fortes disparités. Le taux de mortalité néonatale atteint 3,34 ‰ dans les communes les plus défavorisées, contre 1,95 ‰ dans les plus favorisées. Le risque est ainsi 1,7 fois plus élevé dans les territoires les moins aisés.

Selon les estimations, environ 2 500 décès auraient pu être évités entre 2015 et 2020, si tous les nouveau-nés avaient bénéficié des mêmes conditions que dans les zones favorisées.

À savoir !Mortalité infantile et mortalité néonatale, quelle différence ?
Mortalité néonatale : correspond aux décès survenus dans les 28 premiers jours de vie du nourrisson.
Mortalité infantile : regroupe l’ensemble des décès avant l’âge d’un an. Elle inclut donc la mortalité néonatale, mais aussi les décès survenant entre 1 mois et 12 mois.

Des inégalités d’accès aux soins et à la prévention en cause

L’étude souligne l’impact direct des inégalités socio-économiques sur la santé des nouveau-nés. Dans les communes les plus défavorisées, plusieurs obstacles compliquent le suivi des grossesses et la prise en charge des nourrissons :

  • Accès limité aux soins prénataux : délais plus longs pour obtenir un rendez-vous, manque de maternités de proximité, services parfois saturés.
  • Suivi de grossesse moins régulier : difficultés logistiques ou financières qui réduisent la fréquence des consultations.
  • Prévention moins efficace : campagnes d’information sur la santé maternelle ou néonatale moins accessibles, notamment concernant la nutrition, le tabac ou la pollution.

Ces facteurs, liés au contexte socio-économique, fragilisent les chances de dépistage précoce et de prise en charge rapide, augmentant le risque de complications à la naissance.

Les leviers pour réduire le taux de mortalité néonatale

Pour agir sur cette mortalité évitable, plusieurs leviers sont identifiés par les chercheurs et les institutions de santé publique :

  • Renforcer l’offre de soins : amélioration du maillage territorial en maternités et centres périnataux, augmentation des effectifs soignants et meilleure répartition géographique.
  • Développer la prévention ciblée : programmes d’accompagnement personnalisés pour les femmes enceintes à risque, suivi renforcé dans les territoires les plus touchés, actions de sensibilisation adaptées localement.
  • Évaluer et améliorer la qualité des prises en charge : réalisation d’audits territoriaux réguliers, comme en Seine–Saint-Denis, pour identifier les fragilités et mettre en place des solutions adaptées.

La Haute Autorité de santé estime que plus de la moitié des événements indésirables graves liés aux soins chez les nouveau-nés pourraient être évités. Ce potentiel de progrès montre qu’une organisation renforcée et équitable des soins pourrait avoir un impact direct sur la réduction de la mortalité néonatale.

La hausse de la mortalité néonatale en France se concentre dans les zones socio-économiquement défavorisées. Ce constat met en évidence le rôle des inégalités sociales et rappelle l’intérêt d’interventions ciblées : amélioration de l’accès aux soins, renforcement des équipes et des infrastructures, et prévention adaptée aux besoins locaux. L’objectif est de réduire les écarts territoriaux et d’améliorer la survie des nouveau-nés.

Sources
– INSERM, Les inégalités économiques pourraient contribuer à la hausse récente de la mortalité néonatale en France, . presse.inserm.fr. Consulté le 23 septembre 2025.
– BJM Médecine, Évaluation des inégalités socio-économiques territoriales et des taux de mortalité néonatale en France : étude nationale populationnelle, . bmjmedicine.bmj.com. Consulté le 23 septembre 2025.

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Julie R.
Infirmière pendant 15 ans, dont 10 en pédiatrie, Julie R. est animée par une passion pour la santé, l'écologie et les sciences. Spécialisée en rédaction web SEO, alliant respect de notre charte HIC et approche humaine, elle met son expérience au service d’une meilleure compréhension de la santé pour le plus grand nombre