Arrêter le tabac (Sevrage tabagique)


Rédigé par Charline D. et publié le 19 mai 2021

Près de 34 % des Français sont fumeurs. Or, le tabac est la première cause de décès évitables. Il est, en effet, responsable chaque année d’environ 78 000 décès, soit 210 par jour. Plusieurs méthodes efficaces peuvent être proposées pour arrêter de fumer.

Définition et symptômes du sevrage tabagique

Qu’est-ce que le tabac ?

Le tabac est une plante de la famille des Solanées. Il peut être mâché mais est surtout fumé. Les composants toxiques sont la nicotine (responsable de la dépendance et des complications artérielles), le monoxyde de carbone (provoquant une hypoxie) et le goudron (substance cancérigène).

Le tabagisme, défini comme une intoxication aiguë ou chronique par le tabac, est la 1ère cause de mortalité évitable en France.

Près de 34% de la population française est fumeuse, et 50% des 18-25 ans fument régulièrement.

Quels symptômes ?

Il existe 3 types de dépendance :

  • La dépendance physique, due à la nicotine, s’exprime par une sensation de manque dont les symptômes sont le plus souvent : une nervosité, une irritabilité, une anxiété, une agitation, une perturbation du sommeil, une humeur dépressive, des troubles de la concentration, une augmentation de l’appétit ou encore une constipation ;
  • La dépendance psychologique est également due à la nicotine. Les effets psychoactifs de cette substance procurent du plaisir, de la détente, stimulent les facultés intellectuelles, mais également démontrent une action anxiolytique, antidépressive et coupe-faim. Ainsi, le tabac permet au fumeur de gérer le stress, les émotions mais également de se stimuler. Le sevrage produit donc l’effet inverse.
  • La dépendance environnementale ou comportementale : cette dépendance est liée à l’entourage, à certaines situations, à certaines circonstances qui suscitent l’envie de fumer.

Sont considérés comme dépendants les patients ayant rechuté après une tentative d’arrêt, les patients continuant de fumer malgré les conséquences sur leur propre santé, ainsi que les patients perpétuellement dans la crainte de manquer de tabac.

Diagnostic et traitement pour arrêter le tabac

Quel diagnostic ?

Un test reconnu permet d’évaluer la dépendance à la nicotine. Il s’agit du questionnaire de Fagerström. Il est disponible en deux versions : en 2 ou 6 questions, le dernier étant plus pertinent.

Le matin, dans quel délai après le réveil fumez-vous votre cigarette ?– Moins de 5 minutes
– 6 à 30 minutes
– 31 à 60 minutes
– Plus de 60 minutes
3
2
1
0
Trouvez-vous difficile de ne pas fumer dans les endroits où c’est interdit ?– Oui
– Non
1
0
Quelle cigarette trouvez-vous la plus indispensable ?– La première de la journée
– Une autre
1
0
Combien de cigarettes fumez-vous par jour ?– 10 ou moins
– 11 à 20
– 21 à 30
– 31 ou plus
0
1
2
3
Fumez-vous de manière plus rapprochée dans la première heure
après le réveil que pendant le reste de la journée ?
– Oui
– Non
1
0
Fumez-vous même si une maladie vous oblige à rester au lit ?– Oui
– Non
1
0
TOTAL

 

Une fois la somme de vos points faite, il faut la comparer aux résultats :
• [0-2] : pas de dépendance ;
• [3-4] : dépendance faible ;
• [5-6] : dépendance moyenne ;
• [7-8] : dépendance forte ;
• [9-10] : dépendance très forte.
Références : Heatherton et coll, 1991, Fagerström 2012

Les résultats de ce test guident le choix du traitement.
Il est nécessaire de garder en tête que le fait de fumer occasionnellement ou en faible quantité reste dangereux pour la santé.

Quel traitement ?

Dire non à la cigaretteLa motivation est un élément indispensable. Plus celle-ci est forte, plus les chances de réussite de l’arrêt du tabac sont grandes. Les motivations peuvent être diverses et variées : protéger sa santé, faire plaisir à des proches, faire des économies…Si la motivation est faible, il est important de se faire aider. Elle pourra alors grandir au fur et à mesure de l’avancée de l’arrêt du tabac.

La motivation peut être divisée en 5 étapes :

  • La pré-intention : le fumeur n’a pas encore envisagé réellement d’arrêter de fumer ;
  • L’intention : le fumeur pense à arrêter mais il est encore hésitant ;
  • Décision : le fumeur décide d’arrêter de fumer et élabore une stratégie d’arrêt ;
  • Action : le fumeur arrête de fumer ;
  • Maintien : la liberté face à la dépendance est gagnée, il doit cependant rester vigilant pour éviter la rechute.

Les traitements nicotiniques de substitution (TNS)

L’objectif est de soulager les troubles observés suite au sevrage nicotinique en évitant la toxicité des cigarettes. L’utilisation de ces médicaments est réservée aux personnes dépendantes : les doses peuvent être adaptées selon le score du test de Fagerström et les signes de sous ou surdosage nicotinique. Ces substituts peuvent également être utilisés dans des cas exceptionnels, par exemple lorsque le fumeur doit s’abstenir temporairement de fumer (lieux publics, transports…) ou encore dans un cadre de réduction de la consommation, visant l’arrêt définitif.

Ces traitements permettent aux fumeurs d’appréhender plus aisément la réduction voire l’arrêt du tabac. De plus, la prise de poids due au tabac serait moindre grâce à l’utilisation de substituts nicotiniques.

Les signes de surdosage nicotiniques peuvent être une bouche pâteuse, une diarrhée, des palpitations, une insomnie.
Les signes de sous-dosage sont liés au syndrome de sevrage comme des troubles de l’humeur, une insomnie, une irritabilité, une agitation, une anxiété, une majoration de l’appétit.

Différentes formes existent :

Les formes transdermiques : timbres ou patchs

L’avantage de ces dispositifs est qu’ils permettent une absorption continue de nicotine et donc un taux de nicotine dans le sang relativement constant. La grande facilité d’utilisation de ces patchs permet également d’augmenter l’observance du traitement. Il suffit d’appliquer le patch sur la peau sèche et sans poils (bras, poitrine, jambe, fesses, omoplate) une fois par jour. Le dispositif étant imperméable, il est possible de se doucher, prendre un bain ou encore se baigner sans soucis. Il est en revanche conseillé de changer tous les jours de lieu d’application du patch.

À savoir ! Il ne faut jamais découper un patch !

Il existe des patchs pouvant être utilisé pendant 24 heures ou pendant 16 heures. Ils peuvent être portés la nuit et permettent une amélioration du sommeil pendant l’arrêt du tabac si le dosage est équilibré.

nicotine : gommes à mâcherUn autre avantage des formes transdermiques est qu’elles peuvent se combiner avec d’autres médicaments de substitution. Il est donc possible, en plus du patch, de consommer des TNS par voie orale si un besoin impérieux de fumer est ressenti.

Les formes orales

Ces formes permettent une action rapide par l’absorption buccale. Elles existent à différents dosages et comprennent :

  • Les gommes à mâcher : La nicotine est absorbée par la muqueuse buccale. Elles sont efficaces grâce à la mastication, et non la déglutition. Il faut mâcher ou sucer la gomme lentement et non comme un chewing-gum. Le fait de mastiquer trop rapidement la gomme peut causer des effets indésirables comme des maux d’estomac ou de gorge. Des pauses peuvent être effectuées en calant la gomme entre la gencive et la joue pour optimiser son efficacité.
  • Les comprimés ou pastilles à sucer : de la même manière, la nicotine est absorbée par la muqueuse de la bouche.
    Si un goût désagréable est ressenti, le patient peut garder le comprimé contre la joue et recommencer son utilisation 1 à 2 minutes plus tard.
  • Les comprimés sublinguaux : il suffit de laisser fondre le comprimé sous la langue, la nicotine sera absorbée directement par la muqueuse sublinguale. Son action, comme celles des autres formes orales est rapide mais plus discrète d’un point de vue extérieur.
    Le fait de mâcher ou avaler le comprimé est inutile car cela diminue son efficacité.
  • Les inhalateurs : il ne s’agit pas d’un médicament mais d’un dispositif médical. Le patient introduit lui-même les cartouches contenant la nicotine dans le dispositif, et il lui suffit d’inhaler profondément ou par petites bouffées via l’embout buccal. Le flux d’air aspiré délivre au patient la nicotine accompagnée de menthol qui seront absorbés via la bouche.
    Plusieurs cartouches peuvent être utilisées par jour : entre 6 et 12, selon le besoin du patient.
    Des précautions sont à connaître, comme le fait que l’inhaler ne doit pas être utilisé en cas de températures basses (inférieures à 15°C) car la libération de nicotine est diminuée ; ou encore qu’une cartouche déjà entamée doit être rapidement consommée (dans les 12 heures).
    Il est conseillé d’éviter de consommer des cartouches plus de 12 mois d’affilé.
  • Les sprays buccaux : il s’agit de pulvérisateurs qui vaporisent la nicotine directement dans la bouche. Il est recommandé de ne pas dépasser 2 pulvérisations par prise, 4 pulvérisations par heure, ainsi que 64 pulvérisations par jour. Il est nécessaire de ne pas inhaler pendant la pulvérisation ; si possible, de ne pas avaler quelques secondes après ; ainsi que de s’abstenir de manger ou de boire.
    Il est conseillé d’éviter d’utiliser le spray pour une durée supérieure à 6 mois.

À savoir ! Les boissons telles que le café ou les jus de fruits doivent être consommées à distance de ces formes car ils sont capables de diminuer leur efficacité.

Ces médicaments peuvent être délivrés sans ordonnance. Dans le cadre d’une prescription médicale, ils sont remboursés par l’assurance maladie.

Les autres médicaments

En raison d’effets indésirables, ces médicaments sont utilisés seulement sur prescription médicale, en seconde intention du sevrage tabagique, après l’échec des substituts nicotiniques. Une surveillance médicale doit être établie.

  • Le bupropion : Il s’agit d’un inhibiteur de recapture de la dopamine et de la noradrenaline. La dopamine est un neurotransmetteur, ou messager chimique, impliqué dans le plaisir. Lors de la consommation de tabac, la dopamine est mise en jeu, et c’est grâce à elle qu’une sensation de plaisir est ressentie. Le bupropion va permettre de conserver la sensation de plaisir dans la durée, même après l’arrêt de la consommation de tabac. La durée de traitement est comprise entre 7 et 9 semaines. Le bupropion doit être instauré une à deux semaines avant l’arrêt du tabac.
  • La varénicline : Ce médicament agit directement sur les récepteurs de la nicotine. Il permet de soulager les symptômes de besoins impérieux et de manque, mais également de diminuer les effets agréables de la cigarette et donc le renforcement du tabagisme.
    Le traitement dure en moyenne 12 semaines.

Les traitements non médicamenteux

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC)

Ces thérapies constituent une prise en charge psychologique pour aider le fumeur à gérer son comportement face à l’arrêt du tabac. Elles aident au début de l’arrêt, mais également pour les risques de rechute. Les TCC peuvent être pratiquées en groupe ou individuellement.

Associées à un traitement de substitution, ces thérapies cognitives et comportementales permettent un bon taux d’abstinence.

Autres techniques de sevrage

Différentes techniques peuvent être utilisées comme l’activité physique, l’acupuncture, l’hypnose, le laser… Si leur efficacité n’a pas encore été prouvée, ces techniques semblent tout de même être bénéfiques pour les patients, au moins d’un point de vue psychologique.

Mis en ligne le 6 juin 2016 par Clémence R. Pharmacienne.
Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 19 mai 2021.
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Sources
– La dépendance au tabac. pro.tabac-info-service.fr. Consulté le 19 mai 2021.
– Médicaments pour faciliter l’arrêt. stop-tabac.ch. Consulté le 19 mai 2021.