La somnolence se définit comme une envie irrépressible de dormir pendant la journée. Cet état, bien que sans gravité pour la santé, peut fortement impacter le quotidien des patients, voire même augmenter les risques d’accident. Les personnes les plus concernées par la somnolence diurne sont celles qui ne dorment pas suffisamment la nuit. Diverses autres causes peuvent cependant être évoquées : la prise de certains traitements, ou certaines pathologies comme la narcolepsie ou l’apnée du sommeil par exemple. Le diagnostic de la somnolence nécessite l’établissement d’un bilan complet par des spécialistes du sommeil. La prise en charge d’une somnolence diurne dépend de sa cause. Elle peut impliquer l’arrêt ou le remplacement d’un traitement, de nouvelles habitudes de sommeil, ou la prise en charge d’une pathologie sous-jacente.
Qu’est-ce que la somnolence ?
La somnolence est dite physiologique, et donc normale, lorsqu’elle survient le soir à l’heure du coucher, ou à midi après le déjeuner. Chez les personnes âgées, ce phénomène a tendance à s’accentuer. A noter qu’une somnolence peut aussi se manifester suite à des évènements particuliers comme une soirée ou une nuit blanche.
À savoir ! Somnolence et fatigue ne sont pas synonymes. La fatigue est généralement induite par une activité excessive, et elle est souvent réversible après le repos. La fatigue aiguë est généralement induite par une activité excessive. Elle est souvent réversible après le repos. On distingue la fatigue physique caractérisée par un manque d’énergie, un épuisement et la fatigue psychique caractérisée par un manque de motivation, de désir ou d’intérêt. La fatigue excessive est une fatigue irrésistible, écrasante, un réel état d’épuisement soutenu, avec une diminution des capacités physiques et mentales. La fatigue excessive peut être chronique. Elle est souvent associée à une pathologie. Elle est non réversible par le repos ou le sommeil.
On parle de somnolence excessive ou pathologique lorsque le besoin de dormir se fait sentir à un moment non désiré ou inapproprié, quotidiennement ou presque, et constitue une gêne pour le patient. Le besoin de dormir est parfois tellement difficile à contenir pour les patients que des épisodes d’endormissement, plus ou moins récupérateurs, peuvent parfois survenir.
Environ 1 Français sur 5 est concerné par ce trouble.
Il existe de nombreuses situations à l’origine d’une somnolence diurne excessive dont :
- Une insuffisance de sommeil. La somnolence est alors souvent associée à d’autres troubles comme un manque de motivation, une fatigue chronique, une baisse des performances professionnelles, etc. ;
- La prise de certains médicaments (neuroleptique, hypnotique, antidépresseur, anxiolytique, antihistaminique, antiépileptique, etc.) ;
- Un syndrome d’apnée du sommeil qui se manifeste également par un ronflement sévère et régulier, et un sommeil agité avec des réveils dans la nuit.
- Un syndrome des jambes sans repos;
- Une narcolepsie;
- Une hypersomnie idiopathique qui est une affection rare se manifestant autour de 25 ans. Cette maladie se traduit par des accès d’endormissement moins irrésistibles qu’en cas de narcolepsie. Les réveils sont généralement difficiles ;
- Une pathologie psychiatrique (trouble bipolaire), neurologique (AVC, maladie de Parkinson, sclérose en plaques, maladie d’Alzheimer), métabolique ou endocrinienne (diabète, maladie rénale, cirrhose, hypothyroïdie), infectieuse (hépatite, mononucléose infectieuse), etc.
Comment se manifeste une somnolence excessive ?
L’envie ou le besoin de dormir durant la journée peut se manifester de diverses manières :
- Sensation d’être somnolent ou mal réveillé. L’envie de dormir est quasiment toujours présente, et le patient a du mal à se concentrer ou à rester attentif ;
- Réveil matinal difficile. En se levant le patient se sent incapable d’affronter la journée ou de réfléchir. Parfois, des nuits de plus de 10 heures sont nécessaires pour que le patient se sente mieux réveillé le matin ;
- Endormissements involontaires dans la journée. Ces accès se manifestent plus volontiers lorsque l’environnement est calme, que le patient est passif ou s’ennuie, ou dans des circonstances indésirables (au travail ou à l’école, au volant, etc.).
La somnolence pathologique se caractérise par les éléments suivants :
- Irritabilité, désinhibition ;
- Diminution de motivation, baisse de la productivité ;
- Altération du lobe frontal : apathie, fluence verbale diminuée, trouble de l’attention, de la mémorisation, trouble du jugement et du raisonnement ;
- Intrusion de la somnolence : périodes de micro-sommeil (5 à 10 secondes) qui engendrent des troubles de l’attention, sommeil continu.
Ces accès de sommeil parfois irrépressibles et inappropriés peuvent avoir des conséquences gênantes voire dramatiques sur la vie du sujet. Ils perturbent la qualité de vie du patient et de son entourage et peuvent même empêcher toute activité professionnelle du fait du risque d’accidents du travail et de la circulation.
À savoir ! La somnolence pathologique peut altérer la vigilance. La vigilance est la capacité du système nerveux central à répondre efficacement à un stimuli ou à un événement, par la mobilisation de ressources de cognition et de comportement. La vigilance peut être altérée par une somnolence excessive mais aussi par un état d’hyperéveil.
Comment reconnaître la somnolence excessive ?
Dans un premier temps, il est possible de réaliser un test pour évaluer le risque d’endormissement : l’échelle d’Epworth. Ce test permet d’évaluer la probabilité de s’endormir dans plusieurs situations de la vie courante (en lisant, en regardant la télé, étant passager dans une voiture, en discutant avec quelqu’un, etc.). Pour chaque situation, il faut indiquer un score (0, 1, 2 ou 3) pour indiquer le degré d’endormissement. Une somnolence pathologique est mise en évidence lorsque le score total est supérieur à 10.
Dans un deuxième temps, il est conseillé de rechercher une cause évidente à la somnolence diurne comme un manque de sommeil ou les effets secondaires d’un traitement médicamenteux.
Il est conseillé de consulter un médecin traitant lorsque qu’aucune cause évidente ne permet d’expliquer le besoin de sommeil. La consultation médicale interroge le patient sur la qualité et la durée de son sommeil, et sur sa somnolence diurne.
Le médecin peut demander au patient de tenir un agenda de vigilance et de sommeil pendant plusieurs semaines qui précise plusieurs paramètres comme les heures de coucher et de lever, le nombre de réveils dans la nuit et les ressentis de chaque nuit et journée.
En complément, divers tests sont réalisés pour estimer avec précision l’impact de la somnolence sur la vie quotidienne.
Un avis médical spécialisé (réalisé dans des unités du sommeil) peut aussi être demandé afin de réaliser un bilan complet sur le sommeil. Celui-ci comprend les examens suivants :
- Polysomnographie qui est un enregistrement du sommeil réalisé sur une nuit et une journée. Cet enregistrement permet d’obtenir divers paramètres concernant l’activité cérébrale, musculaire et les mouvements oculaires ;
- Tests itératifs de latence d’endormissement (TILE).
- Ce test nécessite l’enregistrement simultané de l’électroencéphalogramme (EEG), de l’électromyogramme (EMG) et de l’électro-occulogramme (EOG). Le patient est allongé, dans l’obscurité avec 5 sessions de 20 minutes réalisées dans la journée toutes les 2 heures et 2 heures après l’éveil matinal. Un enregistrement polysomnographique préalable est indispensable pour l’interprétation du TILE. Pour un enregistrement de 23h à 7h, les tests seront réalisés à 9, 11, 13, 15 et 17h. On calcule ensuite la latence d’endormissement au cours de chaque test puis la latence moyenne d’endormissement sur l’ensemble des tests. L’interprétation tiendra aussi compte du nombre d’endormissements en sommeil paradoxal, caractérisé par la survenue de ce stade en moins de 15 minutes. Une latence moyenne d’endormissement au TILE inférieure à 8 minutes indique une somnolence diurne pathologique, supérieure à 10 minutes l’absence de somnolence, et entre ces valeurs le caractère pathologique doit tenir compte du contexte clinique.
- Tests de maintien de l’éveil (TME) réalisés en position semi-allongée dans une pièce calme et peu éclairée. Le patient doit pouvoir résister une vingtaine de minutes sans s’endormir. Cet examen permet notamment de vérifier l’efficacité du traitement de la somnolence.
À savoir ! Le diagnostic est déterminant pour écarter certains diagnostics différentiels, comme le syndrome de retard de phase, le syndrome de fatigue chronique et faire la distinction avec les « longs » dormeurs en privation chronique de sommeil.
Comment soigner la somnolence excessive ?
La prise en charge d’une somnolence diurne dépend de son origine.
Lorsque la somnolence est causée par un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité, la première mesure mise en place est de conseiller au patient d’allonger son temps de sommeil ou de faire une sieste courte (entre 5 et 20 minutes) dans l’après-midi. Les insomnies doivent être prise en charge lorsqu’elles sont répétées.
Si un médicament est à l’origine d’une somnolence diurne pathologique, ce dernier doit être arrêté et remplacé par une autre molécule ayant moins d’effets secondaires.
Dans les cas où c’est une pathologie (apnée du sommeil, hypothyroïdie, etc.) qui est à l’origine d’une somnolence diurne, celle-ci doit être prise en charge.
La narcolepsie et l’hypersomnie idiopathique sont traitées par des traitements stimulant la vigilance comme le modafinil ou le méthylphénidate. A noter que la prescription de ce type de traitement est très réglementé et implique un suivi médical régulier.
Publié le 28 juin 2017 Mis à jour par Estelle B., Docteur en pharmacie, le 11 juillet 2024.