Polluants éternels : Mieux connaître et surveiller les PFAS
Vaste famille de plusieurs milliers de composés chimiques, les substances « PFAS » sont extrêmement persistantes dans l’environnement. Sources de pollutions diverses, elles représentent également un véritable danger pour la santé. C’est dire l’importance de les identifier et de les surveiller de façon rigoureuse. Ayant dressé un état des lieux de la contamination aux PFAS en France, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) suggère plusieurs stratégies de surveillance adaptées. On fait le point.

PFAS : des substances dangereuses mais encore méconnues
Les substances per- et polyfluoroalkylées, mieux connues sous le nom de « PFAS », constituent une grande famille de plusieurs milliers de composés chimiques très utilisés dans l’industrie et les produits de consommation courante en raison de leurs nombreuses propriétés (antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs).
Seul bémol, leur extrême persistance dans tous les compartiments de l’environnement (air, alimentation, eau de consommation, produits du quotidien) et leur accumulation dans l’organisme, avec un réel risque pour la santé. Elles ont d’ailleurs déjà été retrouvées chez l’être humain dans le sang, le sérum, l’urine ou encore les cheveux.
Or, leur toxicité est encore insuffisamment documentée. Seuls quatre composés PFAS font aujourd’hui l’objet de contrôles réglementaires dans certains aliments (œufs, produits carnés et produits de la pêche).
Un état des lieux sur la contamination par les PFAS
Forte de ce constat, l’Anses a entrepris pour la première fois de dresser un état des lieux des données disponibles sur la contamination par les PFAS en France. De septembre 2023 à septembre 2024, elle a donc compilé et analysé près de deux millions de données relatives à 142 PFAS et provenant :
- Du secteur industriel.
- De la littérature scientifique.
- De bases de données de dispositifs ou de réseaux de surveillance existants.
- De données européennes sur l’air, les sols et les poussières.
- De produits de consommation (cosmétiques, textiles).
- De mesures complémentaires réalisées dans les eaux de consommation humaine, les eaux environnementales, les aliments, l’air, les poussières intérieures et extérieures, les sols, le sang, l’urine ou encore le lait maternel.
Des données de biosurveillance ont également été étudiées sur la base du programme national de biosurveillance et d’études scientifiques comme Esteban et Elfe.
Il ressort de cette analyse que les informations relatives aux contaminations aux PFAS demeurent très hétérogènes selon les substances et les compartiments concernés. A titre d’exemple, des données manquent quant à la pollution de l’air, des poussières et des sols.
S’agissant des niveaux moyens de PFAS mesurés dans le sang de la population française, ils sont comparables aux niveaux mesurés en Europe. Notons qu’aucune donnée française sur les expositions professionnelles aux PFAS n’est à ce jour disponible.
De l’importance de mieux surveiller et connaître les PFAS
Sur la base de cet état des lieux et des données de toxicité disponibles, l’Anses a pu classer les substances et identifier 105 PFAS supplémentaires, ce qui permet d’intégrer 247 PFAS au sein de la stratégie de surveillance nationale.
L’Anses suggère ainsi d’élargir la surveillance des PFAS à travers trois nouvelles stratégies :
- Une stratégie de surveillance pérenne des substances les plus préoccupantes et récurrentes.
- Une stratégie de surveillance exploratoire et ponctuelle des substances insuffisamment recherchées à l’heure actuelle.
- Une stratégie de surveillance localisée des substances contaminantes locales avérées ou suspectées.
Mais pour l’Anses, d’autres sources de contaminations spécifiques existent et il est indispensable de les rechercher pour pouvoir mettre à jour la classification proposée. C’est le cas par exemple des matériaux au contact des denrées alimentaires. L’Anses encourage également à approfondir les connaissances sur la toxicité des PFAS ainsi que sur les expositions professionnelles.
Et l’Anses de conclure que restreindre l’utilisation des composés PFAS est essentiel pour limiter leurs émissions et les pollutions associées. Cette recommandation pourrait d’ailleurs prochainement être appliquée si la restriction européenne en cours d’instruction est adoptée par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Affaire à suivre…
– Un point sur les PFAS. presse.inserm.fr. Consulté le 5 novembre 2025.
Cet article vous a-t-il été utile ?