Pommade ophtalmique à la vitamine A : de nouvelles alternatives après un arrêt de commercialisation

Pendant le mois de juin, l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicaments et des produits de santé, a été informée par le laboratoire pharmaceutique Abbvie, de son intention de cesser de commercialiser son médicament Vitamine A Dulcis pommade ophtalmique. Quelles sont les recommandations et alternatives pour les patients ? On fait le point.

Directives de l’ANSM auprès des médecins et pharmaciens

Pour l’arrêt de la commercialisation, Les motifs invoqués sont assez obscurs et relèvent, selon le communiqué de presse d’Abbvie, « de raisons liées à la fabrication ».

 « L’arrêt intervient au 30 juin 2025 », a précisé l’ANSM, qui a notamment confirmé à l’AFP que ce traitement était couramment utilisé : entre 130 000 et 160 000 tubes sont vendus chaque mois.

Pour l’ANSM, depuis cette annonce, l’objectif est de gérer au mieux les stocks restants et de trouver un ou plusieurs groupes pharmaceutiques qui pourraient reprendre la commercialisation de la vitamine A Dulcis ou d’autres produits « similaires ».

Pour gérer les stocks au mieux, l’ANSM a appelé « les médecins à ne prescrire ce traitement qu’aux patients souffrant des troubles les plus sévères, et pour qui un autre traitement n’a pas fonctionné ».

Pour les patients présentant des troubles moins sévères, l’agence sanitaire recommande aux professionnels de santé de « prescrire des produits à base d’acide hyaluronique ou de dexpanthénol tout en restant vigilants sur leur composition, car certains composants étant parfois mal tolérés ».

Les pharmaciens, de leur côté, sont invités à n’accepter que « les ordonnances de moins d’un an, et de dispenser qu’une « juste quantité » adaptée aux besoins du patient ».

L’ANSM rappelle par ailleurs l’existence d’autres pommades semblables, mais non remboursées.

À plus long terme, l’agence dit rechercher « activement » des groupes pharmaceutiques qui pourraient reprendre la commercialisation de la vitamine A Dulcis ou d’autres produits « similaires ».

Les pathologies pouvant encore bénéficier de Vitamine A Dulcis

Depuis juillet 2025, pour les personnes qui souffrent de troubles ophtalmiques très sévères, l’ANSM recommande aux médecins de réserver leurs prescriptions pour la pommade ophtalmique.

Les patients concernés sont ceux souffrant de :

• Syndromes secs sévères ;
• Cicatrisations résistantes et compliquées de la cornée ;
• Ulcères neurotrophiques ;
• Anomalies de conformation des paupières.

En complément, l’ANSM demande aux pharmaciens de réserver la délivrance de ce médicament aux patients présentant une ordonnance datant de moins d’un an et de leur dispenser la juste quantité. Pour ces mêmes patients, certains dispositifs médicaux de composition comparable peuvent être adaptés comme Vitanuit avec vitamine A ou Xailin Night sans vitamine A et sans conservateur, des traitements non pris en charge par l’Assurance Maladie.

Le recours à une pommade importée de Suisse dès octobre

En parallèle de ces recommandations, l’agence sanitaire recherche des alternatives similaires au sein de l’Union européenne.

Ainsi, l’agence autorise l’importation de la spécialité Vitamine A Blache 15 000 UI/g, pommade ophtalmique, initialement destinée au marché suisse.

La mise à disposition en France est assurée par le laboratoire Chauvin et est prévue à compter.

Comme pour la vitamine A Dulcis, la prescription de Vitamine A Blache doit être réservée à certaines situations thérapeutiques, en seconde intention.

Les modalités de prise en charge sont les mêmes que pour la pommade vitamine A Dulcis.

En remplacement, l’ANSM annonce la mise à disposition d’un produit supplémentaire à base de vitamine A, l’Hydramed Night sensitive. Des approvisionnements progressifs sont prévus par les fabricants pour ce produit non inscrit sur la liste des produits et des prestations remboursables.

Avant de prescrire ou de délivrer, l’ANSM demande aux professionnels de santé de prendre connaissance de la composition de ces produits, et notamment de la présence de conservateurs qui peuvent être mal tolérés par les patients.