Quand prendre l’avion devient impossible…

Décollage, embarcation, atterrissage… à l’annonce de ces quelques mots, certaines et certains d’entre nous ont le cœur qui s’emballe et le teint qui pâlit. L’aérophobie peut transformer un simple voyage en avion en une épreuve redoutée et insurmontable. Comment expliquer cette peur et, surtout, comment réussir à la dominer ?

Pourquoi certains ont-ils peur de l’avion ?

L’aérophobie est une peur irrationnelle et excessive de l’avion. D’après un sondage IFOP de 2015, elle toucherait 30% des hommes et 37% des femmes. Les jeunes sont plus concernés puisque 42% des moins de 35 ans redoutent de prendre l’avion contre 30% des plus de 50 ans.

Elle peut se manifester par des symptômes physiques (palpitations, sueurs, nausées) ou psychologiques (anxiété, crises de panique).

Plusieurs causes peuvent expliquer la peur de l’avion :

• La sensation du manque de contrôle : les personnes ressentent une perte de contrôle une fois dans les airs, ils ont l’impression de confier leur vie à un inconnu qui est le pilote ;
• La méconnaissance du fonctionnement de l’avion : le fait de ne pas comprendre les phénomènes physiques (turbulences, bruits) peut nourrir l’anxiété ;
• Les antécédents traumatiques liés à l’avion : un vol avec de fortes turbulences ou un événement marquant lié à un avion peut déclencher ou aggraver la phobie ;
• L’influence des médias : les vidéos d’accidents aériens graves peuvent initier et aggraver la phobie ;
• La peur de mourir : l’avion constitue un moyen de transport dangereux.

La phobie et la peur de mourir vont activer la zone cérébrale associée à la gestion des émotions, l’amygdale. L’individu va alors ressentir un stress élevé (anxiété, palpitations, sueurs), une attaque de panique voire une crise d’angoisse.

Comment reprendre le contrôle ?

Pour remédier à sa peur de l’avion, il est nécessaire de s’informer sur le fonctionnement d’un avion (pourquoi y a-t-il des turbulences ? pourquoi le pilote réalise tel ou tel type de manœuvres en vol ?) et les procédures de sécurité (maintenance aérienne, contrôles de sécurité).

Des documentaires ou stages en aéroport permettent de se renseigner et de trouver des réponses aux questions qui inquiètent. On note en effet que les personnes phobiques sont en hypervigilance sur tous les bruits liés à l’appareil de vol. En les identifiant, il sera possible de faire reculer cette hypervigilance.

Des stages de gestion de stress permettent aussi de s’immerger dans un simulateur ou un appareil réel pour mieux comprendre le fonctionnement des commandes d’un avion. Il est aussi possible de réaliser un stage de vol accompagné, c’est une véritable mise en situation encadrée par des professionnels de compagnies aériennes.

Pour apprendre à gérer son stress, on peut avoir recours à des techniques de relaxation comme la méditation pleine conscience, l’autohypnose, la cohérence cardiaque ou encore la sophrologie. Ces outils permettront de se détendre et de mieux canaliser sa peur avant et pendant le vol.

Chez un ou une psychologue, vous pouvez aussi expérimenter une thérapie cognitive et comportementale ou TCC. Reconnue pour traiter les phobies, elle permet de visualiser et se projeter dans les situations redoutées.  Le thérapeute vous aidera à identifier les pensées irrationnelles et les remplacer par des réflexions plus réalistes.

Aussi, pour s’accommoder progressivement à prendre l’avion, les spécialistes recommandant une « exposition progressive ». Autrement dit, de commencer par des vols courts ou de visiter plusieurs aéroports pour se désensibiliser progressivement. Les résultats attendus ? Mieux gérer son anxiété anticipatoire et gagner en confiance.  

En dernier lieu, et sous avis médical, certains médicaments peuvent être prescrits (anxiolytiques, antihistaminiques ou antidépresseur).

Les meilleures conditions pour bien vivre le vol

Ces quelques conseils pratiques vous permettront de diminuer le stress associé à l’action de prendre l’avion :

• Se préparer pour vaincre sa peur en amont du départ ;
• Préférer un vol avec accompagnateur pour débuter ;
• Choisir un siège côté couloir ou proche des sorties de secours pour plus de liberté de mouvement ;
• Préférer l’arrière de l’appareil où les chances de survie après un crash sont plus grandes ou au milieu de l’avion pour moins ressentir les trous d’air liés aux turbulences ;
• Éviter les excitants (café, alcool, thé) avant et pendant le vol ;
• Eviter le sucre ;
• S’hydrater régulièrement pour un effet antistress ;
• Prévoir des activités distrayantes (musique, films, livres) ;
• Éviter la position statique en se levant souvent durant un vol long-courrier ;
• Parler à l’équipage de votre état émotionnel : tous ses membres sont formés pour rassurer les passagers anxieux.

En combinant un stage au sein d’une compagnie aérienne et suivi psychologique plusieurs mois avant le voyage, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour surmonter votre peur liée au vol.