Mort subite du nourrisson


Rédigé par Alexana A. et publié le 22 novembre 2019


La mort subite du nourrisson ou MSN frappe chaque année plusieurs centaines de nouveau-nés. Malgré les nombreuses études sur le sujet, les causes de ces décès ne sont pas toujours évidentes. Quelques mesures peuvent être adoptées pour prévenir ce syndrome.

Définition

Qu’est-ce que la mort subite du nourrisson ?

La mort subite du nourrisson, ou MSN, correspond au décès brutal et inattendu d’un nourrisson pourtant en pleine santé. Le décès a généralement lieu pendant le sommeil de l’enfant, dans la nuit ou à l’occasion d’une sieste.

À savoir ! La mort subite du nourrisson est connue depuis le 19ème siècle chez les Anglo-Saxons sous le terme « Sudden Infant Death Syndrome ». Cependant, la définition précise n’est énoncée qu’en 1969

Depuis 2007, la Haute Autorité de Santé (HAS) préfère utiliser le terme de « mort inattendue du nourrisson ». Ce syndrome concerne maintenant tous les décè survenant brutalement, sans que rien ne les présage, d’enfants âgés de moins de 2 ans auparavant n’étaient concernés que les nourrissons de moins d’1 an)

À savoir ! On parle aussi de mort subite inexpliquée du nourrisson. Le décès brutal n’est expliqué par aucun des examens post-mortem

Est-ce fréquent ?

Les données concernant la mort subite du nourrisson sont très variables de part et d’autre du globe. Au sein même de l’Union Européenne, la mortalité varie de manière importante en fonction du pays et de sa politique de santé. A noter également que tous les pays n’enregistrent pas les décès de façon homogène. On estimait ainsi en 2005 le taux européen moyen de morts subites du nourrisson autour de 25 pour 100 000 naissances. La France avait cette même année, un taux estimé à 32 pour 100 000 naissances. Au total, 247 décès par MSN étaient enregistrés en France, en 2005.

À savoir ! Le nombre de cas de mort subite du nourrisson varie également selon les régions de France, et le sexe de l’enfant. Il semblerait que la moitié nord de la France soit plus touchée, tout comme les nourrissons de sexe masculin

Quelle est l’origine de la mort subite du nourrisson ?

Il fait consensus au sein de l’ensemble de la communauté médicale que la mort subite du nourrisson est un sujet complexe encore incompris. La mort subite du nourrisson serait d’origine multifactorielle. Elle serait le funeste résultat d’un enchaînement d’évènements survenant à un âge vulnérable.

Diverses études ont permis de mettre en lumière quelques facteurs de risque de mort subite du nourrisson. On les regroupe en 3 catégories : le milieu, la maladie et la maturation. On parle de la règle des 3M.

Le milieu

Le milieu répertorie la position de couchage, la température, les intoxications (tabac et médicaments), le milieu social, mais aussi les éventuelles maltraitances.

Depuis très longtemps, la position de couchage sur le ventre est dénoncée comme facteur de risque majeur de mort subite du nourrisson. L’hypothèse couramment admise était celle de l’obstruction des voies aériennes pendant le sommeil du nourrisson. Cependant, la position sur le dos ne semble pas convaincre davantage les experts qui évoquent un risque de reflux-gastro-oesophagien ou de fausses routes dans cette position. Finalement, malgré des décennies de recherches, bien que la communauté scientifique s’entende sur les risques de la position couchée sur le ventre, la position de couchage idéale n’existe toujours pas.

Par ailleurs, les conditions de couchage (partage du lit, présence de couette ou draps, température de la chambre trop élevée) du nourrisson semblent impacter le risque de survenue d’une MSN.

L’intoxication tabagique (pendant la grossesse) est un facteur de risque de mort subite du nourrisson mis en évidence par beaucoup d’études scientifiques. Le risque médicamenteux est, quant à lui, associé aux addictions maternelles.

Le milieu social du nourrisson est un facteur encore très controversé. Cependant, de récentes études mettent en évidence un risque augmenté de mort subite du nourrisson dans les populations très défavorisées.

Enfin, selon certains auteurs, les confusions entre homicide et mort subite du nourrisson seraient importantes. Il convient alors d’investiguer tous signes potentiels de maltraitance avant de conclure à une mort subite.

La maladie

La catégorie « maladie » recense toutes les pathologies qu’elles soient en lien avec l’environnement ou propres au nourrisson. Ainsi, certains facteurs de risque sont déjà connus :

  • L’hyperthermie : Ce risque est parfaitement connu des médecins depuis plusieurs décennies. Il est amplifié lorsque l’enfant est couché sur le ventre ou lorsqu’il est trop couvert. Les hyperthermies sont plus souvent rencontrées en hiver avec les épidémies infectieuses ;
  • Les pics hivernaux avec la présence d’une rhinopharyngite ou une inflammation des voies respiratoires sont des facteurs bien documentés. Les virus les plus rencontrés sont les VRS (virus respiratoire syncitial),CMV (cytomégalovirus) ou les adénovirus. Les bactéries fréquemment en cause sont Haemophilus influenzae et Bordella Pertussis.
  • Les malformations, notamment les apnées obstructives.

Enfin, les troubles cardiaques (dont le syndrome de QT long), les maladies héréditaires ou métaboliques font l’objet de recherches plus récentes.

La maturation

Cette catégorie fait référence aux facteurs de risque en lien avec la maturation cérébrale du nourrisson dont l’âge de survenue du décès, le terme gestationnel à la naissance, ou des antécédents de souffrance néonatale.

L’âge de survenue du décès est situé aux alentours des deux mois et demi, en moyenne. On constate un pic entre 2 et 3 mois. Dans 90% des cas, la mort subite du nourrisson concerne un enfant de moins de 6 mois.

Lorsqu’un nourrisson né à terme, sans pathologie néonatale, a une respiration irrégulière et fait des pauses respiratoires (de moins de 15 secondes), ceci est normal et ne prédit en aucun cas la survenue d’une mort subite. Concernant les prématurés ou les nouveau-nés ayant souffert à la naissance, la responsabilité des apnées est encore à l’étude. En revanche, il est admis que les nourrissons ayant nécessité une prise en charge en réanimation peuvent souffrir de lésions cérébrales à l’origine d’apnées anormalement longues (plus de 20 secondes).

Prise en charge

En cas de mort subite du nourrisson, il faut contacter le 15 qui envoie, sans délai, les secours les plus proches. Lorsque l’arrêt respiratoire est récent (ou incertain), le régulateur demande aux parents de débuter les gestes de secourisme en attendant l’arrivée des secours. A leur arrivée, les médecins évaluent l’état du nourrisson et décident, ou non, de débuter les manœuvres de réanimation.

Prévention

Depuis les années 1990, des campagnes d’information de plus en plus nombreuses circulent auprès du grand public. Par ailleurs, dès la maternité, les parents sont sensibilisés aux bonnes pratiques de couchage et de portage. Les nourrissons sont également surveillés de très près afin d’évaluer leurs fonctions vitales, neurologiques et musculaires.

Divers conseils et mesures simples peuvent aussi être prodigués aux futurs parents pour prévenir la mort subite du nourrisson :

  • Eviter d’encombrer le lit avec des peluches ou des oreillers ;
  • Ne pas surélever le matelas ;
  • Ne pas utiliser de tour de lit ;
  • Ne pas trop couvrir l’enfant
  • Bien aérer la chambre.
  • Placer le lit du nourrisson dans la chambre de ses parents, mais attention il ne faut pas faire dormir le nouveau né dans le même lit que ses parents, particulièrement dans les 2 premiers mois ;
  • Coucher l’enfant sur le dos ;
  • Ne pas fumer dans la maison.

Charline D., Docteur en pharmacie

– La mort inattendue du nourrisson (MIN).  Université Médicale Virtuelle Francophone.Consulté le 23 avril 2019.