Dyslexie


Rédigé par Estelle B. et publié le 30 janvier 2022

des lettres

La dyslexie est un trouble significatif et durable d’apprentissage et d’acquisition de la lecture. Seule ou accompagnée, elle se manifeste par un certain nombre de signes caractéristiques, qui évoquent son diagnostic. Dépistée le plus précocement possible, sa prise en charge, par une équipe pluridisciplinaire, permet à l’enfant de minimiser les conséquences de ce trouble sur sa qualité de vie.

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Troubles DYS et autre trouble de l’apprentissage

Définition et symptômes

Qu’est-ce que la dyslexie ?

La dyslexie est un trouble de l’acquisition du langage écrit, et plus particulièrement de la lecture et de l’acquisition de son automatisme. La personne dyslexique présente des difficultés à identifier les lettres, les syllabes ou les mots, et ce en l’absence de troubles neurosensoriels ou psychologiques, de difficultés socio-culturelles, et malgré une intelligence et une scolarisation normale.

un petit garçon en train de lire

Un trouble qui touche tous les milieux

La dyslexie toucherait selon les estimations entre 5 et 15 % des enfants, et environ 5 % de la population générale. Ainsi, chaque classe compterait en moyenne un enfant dyslexique. Les garçons sont plus touchés que les filles et la dyslexie est plus fréquente dans les pays où la langue est difficile. Elle concerne tous les milieux sociaux.

Une probable prédisposition génétique

Aucune cause évidente ne permet aujourd’hui d’expliquer la survenue de la dyslexie. L’enfant naît dyslexique, et ne le devient pas à cause de son environnement ou d’une méthode spécifique de lecture. Néanmoins, 50 % des personnes dyslexiques ont des antécédents familiaux, ce qui suggère une prédisposition génétique à la dyslexie. Plusieurs études sont menées dans le but de déterminer les gènes impliqués dans cette transmission génétique. De nombreux chercheurs évoquent par ailleurs un dysfonctionnement des réseaux cérébraux impliqués dans la phonologie (représentation et traitement des sons et de la parole).

Dyslexie isolée ou associée à d’autres troubles

La dyslexie peut être un trouble isolé ou être associée à d’autres troubles de l’apprentissage tels que :

  1. La dysorthographie (trouble affectant l’orthographe), très fréquemment associée à la dyslexie ;
  2. La dysphasie (troubles du langage oral) ;
  3. La dyspraxie (trouble de la réalisation des gestes) ;
  4. La dyscalculie (troubles du raisonnement, de la logique et de l’utilisation des nombres) ;
  5. La dysgraphie (troubles du graphisme) ;
  6. Ainsi que les troubles de l’attention, associés ou non à une hyperactivité.

De ce fait, la dyslexie est précédée dans un tiers des cas d’un retard de langage.

La sévérité et l’impact de la dyslexie sur le quotidien du patient sont très variables d’une personne à l’autre. Cependant, généralement, les premiers signes de dyslexie surviennent dès la maternelle.

Types de dyslexie

Les spécialistes considèrent plusieurs types de dyslexie, chacun pouvant être plus ou moins sévère :

  • La dyslexie phonologique, lorsque le patient éprouve des difficultés pour associer une graphie à un son ;
  • La dyslexie de surface, lorsque l’enfant ne mémorise que peu voire pas du tout l’orthographe des mots entiers et ne déchiffre que les mots composés de syllabes régulières ;
  • Les dyslexies mixtes, lorsque les deux premiers types de dyslexie sont associés ;
  • Et enfin les dyslexies visuo-attentionnelles, dans lesquelles l’attention nécessaire à l’activité de lecture est affectée, avec des erreurs de type inversions dans les groupes de lettres, omissions, ajouts, reformulations approximatives ou sauts de lignes.

Quels sont les symptômes ?

La dyslexie survient dès les premiers apprentissages du langage écrit et de la lecture. Le stade alphabétique (identification des lettres) n’est pas maîtrisé et la mémorisation de la forme visuelle des mots (stade orthographique) est difficile. La lecture est hésitante, plus lente, parsemée d’erreurs, et l’orthographe est également touchée.

Les principales manifestations de la dyslexie sont les suivantes : une difficulté à identifier les mots, une difficulté pour lire sans erreur et de manière fluide, une difficulté à découper les mots dans une phrase, une lenteur exagérée de la lecture, une difficulté à comprendre un texte, une écriture lente, difficile et parfois illisible, de nombreuses fautes d’orthographe, une fatigabilité importante lors de la lecture et de l’écriture.

Difficultés lors de la lecture

Pendant la lecture, le patient fait plusieurs types de fautes, liés à plusieurs catégories de difficultés :

  1. Des confusions auditives (perception difficile des sons proches) ;
  2. Des confusions visuelles (différenciation difficile des formes proches) ;
  3. Un défaut de mémoire visuelle de travail (faible ou mauvaise mémorisation de la forme et de l’ordre des lettres) ;
  4. Un défaut de mémoire auditive de travail (difficulté à retenir les sons à l’intérieur d’une phrase) ;
  5. Des omissions (ajouts ou inversions de lettres) ;
  6. Une lecture partielle d’un mot ;
  7. Une fusion de plusieurs mots ;
  8. Ainsi qu’à un mauvais découpage des unités ou des éléments lus.

Conséquences sur la vie de l’enfant

Compte-tenu des manifestations de la dyslexie, ce trouble est à l’origine de conséquences parfois importantes sur la vie de l’enfant comme :

  1. Une mauvaise tenue des cahiers scolaires, incomplets, illisibles et incompréhensibles ;
  2. Des difficultés pour étudier les leçons et faire les devoirs ;
  3. Des difficultés de lecture et d’écriture, pouvant aller jusqu’à une absence de goût pour ces deux activités ;
  4. Des difficultés d’apprentissage dans de nombreuses matières scolaires ;
  5. Des problèmes de compréhension des énoncés ou des sujets d’examens ;
  6. Des difficultés pour produire des copies lisibles et dans les temps impartis ;
  7. Des résultats scolaires insuffisants, voire un échec scolaire ;
  8. Un risque d’interruption de la scolarité ;
  9. Des difficultés professionnelles dans toutes les situations où il est nécessaire de lire et écrire ;
  10. Une fragilisation psychologique ;
  11. Ainsi qu’une baisse de l’estime de soi, parfois accompagnée d’un repli sur soi.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

Le diagnostic de la dyslexie n’est pas immédiat. En effet, il ne suffit pas de constater des difficultés dans l’acquisition de la lecture et du langage écrit.

Signes évocateurs

Cependant, lorsque certains signes évocateurs sont repérés par les enseignants et/ou l’entourage, ils doivent être surveillés de près :

  1. Un retard de langage oral ;
  2. Aucun automatisme de lecture après 6 mois d’apprentissage ;
  3. Des inversions ou des confusions de lettres, de syllabes ou de mots ;
  4. Une transposition ou une omission de lettres ;
  5. Une difficulté à déchiffrer des sons complexes ;
  6. Une mauvaise orthographe et une ponctuation aberrante ;
  7. Une mauvaise interprétation des phrases et un mauvais découpage des mots ;
  8. Une lenteur excessive ;
  9. Une difficulté à retenir les poésies ou les tables de multiplication ;
  10. Un mauvais repérage dans le temps et l’espace ;
  11. Une mauvaise mémoire immédiate ;
  12. Des difficultés d’organisation personnelle ;
  13. Des difficultés avec les nombres (compter de 2 en 2, composer les nombres, système décimal, …) ;
  14. Un refus de l’école ;
  15. Une fatigabilité ;
  16. Ainsi qu’un manque de concentration.

Une dyslexie est évoquée lorsqu’il existe un retard d’au moins 18 mois dans l’apprentissage normal de la lecture. De ce fait, le diagnostic de la dyslexie ne peut survenir avant la fin du CE1 ou le début de CE2. Avant cela, les spécialistes parlent simplement de troubles du langage oral et/ou écrit, ou éventuellement d’une prédisposition à la dyslexie.

Bilans nécessaires

Finalement, pour établir formellement un diagnostic de dyslexie, divers bilans sont nécessaires, si possible dans un centre de référence régional spécialisé :

  1. Un bilan orthophonique pour dresser le bilan des compétences dans le langage écrit et oral ;
  2. Un bilan psychologique pour établir le quotient intellectuel (QI, souvent normal ou supérieur à la normale) et faire le bilan des compétences dans la mémoire ;
  3. Un bilan comportemental ou psycho-affectif ;
  4. Un bilan neuro-pédiatrique pour déterminer les fonctions mentales de l’enfant, avec si besoin des examens complémentaires d’imagerie médicale (scanner, IRM) ;
  5. Un bilan psychomoteur pour rechercher des difficultés de coordination motrice, susceptibles d’impacter les capacités graphiques ;
  6. Un bilan ORL pour détecter d’éventuels troubles de l’audition ;
  7. Un bilan ophtalmologique pour évaluer la vision de l’enfant et proposer une correction adaptée si besoin ;
  8. Un bilan orthoptique pour évaluer les capacités motrices des yeux de l’enfant.

A l’occasion de ces bilans, les spécialistes recherchent également d’autres causes possibles de troubles du langage.

Quel traitement ?

Les symptômes de la dyslexie peuvent beaucoup varier d’un enfant à l’autre et chaque enfant doit être pris en charge de manière personnalisée. Le bilan orthophonique est l’examen de base à partir duquel découle l’élaboration d’un projet thérapeutique pluridisciplinaire adapté à chaque enfant. Celui-ci est régulièrement réévalué et ajusté selon les progrès et les difficultés du patient.

une petite fille chez l'orthophoniste

L’orthophoniste, comme chef d’orchestre

La prise en charge de la dyslexie consiste en un programme de rééducation personnalisé. L’orthophoniste occupe le rôle de chef d’orchestre, mais d’autres spécialistes peuvent intervenir en fonction des besoins de l’enfant. L’ergothérapie consiste à rééduquer par l’activité physique ou manuelle afin de développer l’autonomie du patient. Il peut notamment conseiller le patient sur l’utilisation d’un clavier d’ordinateur ou proposer des exercices ludiques adaptés à l’âge du patient. L’orthoptie travaille sur la vision et la motricité de l’œil. La psychothérapie prend en charge d’éventuels troubles psycho-affectifs associés à la dyslexie. La psychomotricité pour aider le patient à prendre conscience de son corps et à se repérer dans l’espace.

La prise en charge des difficultés du langage écrit consiste à aider l’enfant à mettre en place des stratégies de compensation pour détourner ses troubles. Par ailleurs, plus la prise en charge intervient tôt, plus il est possible d’atténuer la dyslexie.

Une réévaluation permanente

Les traitements sont constamment réévalués pour répondre au mieux aux besoins du patient. En cas de troubles de l’apprentissage persistant malgré la rééducation, d’autres professionnels peuvent intégrer l’équipe de soin comme un ergothérapeute, un psychologue, etc. Il existe également des centres de référence des troubles spécifiques du langage et des apprentissages (CRTLA) qui peuvent être sollicités à tout moment.

Une prise en charge à 60 ou 100%

La prise en charge d’un patient dyslexique peut avoir lieu dans un cabinet libéral, auquel cas la prise en charge des séances est de 60% par la sécurité sociale pour les séances d’orthophonie, ou dans une structure spécialisée (centres d’action médico-sociale précoce, centres médico-psycho-pédagogiques, centres médico-psychologiques ou services d’éducation spécialisée et de soins à domicile) où la prise en charge est de 100% par la sécurité sociale.

Comment est détectée la dyslexie ?

La dyslexie est davantage détectée par le personnel enseignant ou par l’entourage de l’enfant.

De plus, ce trouble impacte considérablement la scolarité de l’enfant. En effet, dyslexie et scolarité sont ainsi intimement liés.

L’enseignant ou le professeur de l’enfant doit être informé du diagnostic et du suivi de l’enfant. L’orthophoniste peut lui fournir des conseils pédagogiques.

Il faut que le médecin scolaire soit prévenu afin de pouvoir établir une collaboration avec l’orthophoniste et l’enseignant. Plusieurs possibilités s’offrent à l’enfant : la poursuite d’une scolarité normale ou la mise en place d’un accueil personnalisé de l’élève.

Ces aménagements scolaires ont pour objectif de faciliter la scolarité de l’enfant. L’aide d’une Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS) ou du matériel pédagogique adapté peut également être proposé.

A noter ! Les enfants dyslexiques ont la possibilité de bénéficier d’un aménagement des conditions d’examens ou de concours, par exemple un temps supplémentaire, l’assistance d’un/une secrétaire, un ordinateur avec des logiciels spécifiques, etc.

Publié le 28 juillet 2017 par Estelle B., Docteur en Pharmacie et mis à jour le 30 janvier 2022 par Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Dyslexie et dysorthographie. Fédération Française des Dys. ffdys.com. Consulté le 30 janvier 2022.
– Troubles spécifiques des apprentissages. Les « dys », des troubles durables mais qui se prennent en charge. inserm.fr. Consulté le 30 janvier 2022.
– Dyslexie. Livret d’information. Académie de Grenoble. ac-grenoble.fr. Consulté le 30 janvier 2022.
– Dyslexie, dysorthographie et dysgraphie : suivi médical et rééducation . ameli.fr. Consulté le 30 janvier 2022.