Prématurité


Rédigé par Charline D. et publié le 16 octobre 2018

Enfant prématuré

On parle de prématurité pour tout bébé qui naît avant 37 semaines d’aménorrhée, soit 8 mois et demi de grossesse. Chaque année, plusieurs milliers de nouveau-nés sont dans ce cas.

Définition

Qu’est-ce qu’un bébé prématuré ?

Un nouveau-né est prématuré lorsqu’il naît avant le terme normal d’une grossesse équivalant à 41 semaines d’aménorrhée, soit 9 mois et demi depuis les dernières règles.

Une naissance avant 37 semaines d’aménorrhée est considérée comme prématurée. On distingue 3 degrés de prématurité :

    • La prématurité moyenne lorsque la naissance a lieu entre la 32ème et la 36ème semaine d’aménorrhée (soit entre le 7ème et le 8ème mois de grossesse) ;
    • La grande prématurité entre la 28ème et 32ème semaine (soit entre le 6ème et le 7ème mois de grossesse) ;
  • La très grande prématurité pour toute naissance avant les 28 semaines (soit avant 6 mois de grossesse).

Pour les naissances avant le 5ème mois de grossesse, le nouveau-né ne survit pas.

Est-ce fréquent ?

La prématurité est fréquente en France, et dans tous les pays développés. Elle semble, par ailleurs, en hausse ces dernières années. On compte, chaque année, plus de 50 000 prématurés dont 10% sont « grands prématurés » et 5% « très grands prématurés ».

À savoir ! Un tiers des accouchements prématurés concerne une grossesse multiple.

Existe-t-il une cause à la prématurité ?

Dans la moitié des cas, les naissances prématurées sont spontanées en raison de contractions précoces dont l’origine est rarement connue, ou de la rupture précoce des membranes, parfois d’origine infectieuse.

Concernant l’autre moitié des naissances prématurées, ceux sont des naissances déclenchées sur décision médicale. La majorité de ces naissances ont lieu par césarienne. On peut décider de déclencher une naissance lorsqu’il existe un risque de décès du fœtus ou de la mère durant la grossesse. Ce dernier peut être en lien avec un retard de croissance grave du fœtus, une hypertension artérielle importante chez la mère ou une hémorragie maternelle.

À savoir ! L’hypertension artérielle est responsable de près de 20% des accouchements avant la 32ème semaine d’aménorrhée. Elle peut, en effet, engendrer de graves complications comme la pré-éclampsie.

Des infections génito-urinaires ou générales, des anomalies utérines et du placenta, un diabète maternel ou un hématome rétro-placentaire (décollement prématuré du placenta avec formation d’un hématome) sont aussi des raisons médicales possibles justifiant un accouchement prématuré.

Enfin, il semblerait que d’autres facteurs influencent la survenue prématurée d’un nouveau-né :

  • Des conditions socio-économiques défavorables. Le taux de bébés prématurés est 2 fois plus important chez les ouvrières ou employées que chez les cadres ;
  • L’âge avancé de la mère :
  • Le stress maternel ;
  • La consommation de tabac.

Risques et conséquences

Lorsqu’un nouveau-né vient au monde prématurément son développement in utéro est interrompu, de fait ses organes, bien que présents, peuvent être immatures. Les quatre organes les plus concernés sont : le cerveau, les poumons, le tube digestif et le canal artériel.

A propos de l’immaturité du système nerveux central

Chez les grands prématurés, bien que le cerveau soit présent, il est immature puisque les étapes essentielles à son développement ont lieu entre la 24ème et la 32ème semaine de gestation. La naissance prématurée vient donc interrompre ce processus de maturation.

Il est donc nécessaire de mettre le petit sous surveillance (électroencéphalogramme et imagerie) pendant ses premières semaines de vie afin de dépister d’éventuelles anomalies.

A propos de l’immaturité pulmonaire

Lorsque les poumons sont matures, ils produisent une substance (le surfactant) qui tapisse la surface des alvéoles pulmonaires et assure leur bon fonctionnement. Or, chez les prématurés, les poumons ne sont pas encore en capacité de produire le surfactant (après la 32ème semaine), ce qui entraîne des difficultés pour respirer.

Il est nécessaire d’administrer un surfactant exogène avec une sonde d’intubation aux nouveau-nés prématurés. L’enfant est placé sous assistance respiratoire afin de pallier à cette immaturité pulmonaire. Cependant, chez certains petits, une complication survient : la dysplasie broncho-pulmonaire.

A propos de l’immunité cardiorespiratoire

Chez le prématuré, le système contrôlant le rythme cardiaque est immature et très sensible à la moindre variation. Il est dont fréquent d’observer chez eux des ralentissements du rythme cardiaque. Par ailleurs, il existe chez ces enfants une persistance du canal reliant l’aorte et l’artère pulmonaire (qui s’obstrue spontanément à la naissance) pouvant entraîner des reflux de sang vers le poumon. Un traitement médicamenteux est nécessaire pour le fermer.

A propos de l’immaturité digestive

Un prématuré n’a pas le réflexe de succion. Les mécanismes de déglutition et de respiration ne sont pas non plus coordonnés. Ainsi, avant la 34ème semaine de gestation, l’alimentation du petit est exclusivement parentérale via une sonde introduite dans le tube digestif et via la bouche.

Une immaturité digestive peut se compliquer par une entérocolite ulcéro-nécrosante, une maladie rare (2% des grands prématurés), mais mortelle. Elle fait référence à la destruction du tube digestif.

A propos des autres immaturités

Les prématurés ont souvent la jaunisse, en raison d’une immaturité hépatique. Elle débute le 2ème ou 3ème jour de vie et s’étend sur quelques jours. Elle est traitée par photothérapie.

Les reins sont eux aussi immatures. Il est donc nécessaire de contrôler régulièrement le volume et le contenu des urines du petit afin d’adapter ses besoins en nutriments ou en érythropoïétine (substance normalement produite par les reins).

Enfin, il existe des immaturités du système immunitaire pouvant conduire à de graves infections.

Prise en charge d’un prématuré

La prise en charge d’un nouveau-né prématuré dépend avant tout du degré de prématurité.  Ainsi, les grands ou très grands prématurés vont être pris en charge en service de réanimation néonatale au sein duquel ils vont recevoir les soins nécessaires et adaptés aux risques qu’ils encourent, et une surveillance renforcée. Lorsque leur état s’améliore, ils sont orientés vers les soins intensifs, puis en service de néonatalogie une fois stabilisé.

Les petits patients sont placés en couveuse afin de garantir une température équivalente à celle du ventre de leur mère, à savoir 34-35°. La couveuse présente un taux d’humidité de 80%. Lorsque les petits atteignent 2 kg, ils peuvent sortir de la couveuse.

Un nouveau-né peut sortir de l’hôpital lorsqu’il est autonome au niveau respiratoire et digestif.

À savoir ! L’évolution de l’état de santé est variable d’un enfant à l’autre, et aucun marqueur ne permet de prédire avec certitude si l’enfant va avoir des séquelles ou complications à long terme.

Les séquelles neurologiques sont fréquentes, particulièrement chez les grands prématurés. Elles se manifestent sous forme de troubles moteurs (retard ou difficulté de la marche), de troubles cognitifs (difficultés de langage écrit ou oral), des troubles de l’attention et des troubles sensoriels, visuels ou auditifs.

Où en est la recherche ?

L’Inserm mène depuis 2011 un important projet de recherche sur la prématurité dans l’hexagone en s’appuyant sur de nombreuses sous-études. L’étude en cours se base sur les données de plus de 7000 naissances survenues avant 35ème semaine de gestation, dans près de 25 régions françaises. Parmi les petits ayant survécu, 4200 sont suivis jusqu’à leur 12 ans. Le but est de connaître davantage le devenir et la santé de ces enfants.

Par ailleurs, l’un des enjeux importants des prochaines années porte sur le cerveau, l’organe qui souffre certainement le plus à la naissance et dont les médecins ne disposent d’aucun moyen pour le protéger. Des recherches ont lieu actuellement sur le rôle protecteur potentiel de la mélatonine, une substance naturellement produite par l’organisme et impliquée dans le rythme veille-sommeil. Il semblerait, en effet, que les prématurés sécrètent moins cette substance que les bébés nés à terme.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Prématurité. Inserm. Consulté le 17 septembre 2018.