Des scientifiques de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, en coopération avec la start-up Lucentix, viennent de développer un capteur biologique qui peut suivre la concentration d’un médicament donné dans le sang en changeant de couleur. Le dispositif de mesure, facile d’utilisation, peut être utilisé sur le terrain par les médecins et même par le patient à son domicile. Il est donc possible d’allier Smartphone et suivi médicamenteux !
Smartphone et suivi médicamenteux : Vérifier sa concentration en médicament dans le sang
Surveiller sa teneur en médicaments dans le sang est primordial dans les traitements pharmaceutiques, mais cela nécessite des équipements et des infrastructures complexes dont sont dépourvus les pays en voie de développement.
Le biocapteur, c’est-à-dire le capteur biologique, mis au point par le laboratoire de l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) est composé de trois éléments :
- Un anticorps capable de se lier au médicament à contrôler ;
- Une enzyme qui émet une lumière bleue quand elle est activée ;
- Et enfin, une molécule agissant comme un interrupteur ON/OFF et qui émet une lumière rouge quand il n’y a pas de médicament présent.
Si la teneur en médicament dans le sang est nulle, la lumière émise par le biocapteur est rouge et l’interrupteur est sur ON.
A savoir ! Un anticorps est une molécule du système immunitaire, capable d’interagir avec un antigène (élément externe à l’organisme induisant une infection), et ainsi d’en limiter la pathogénicité. Une enzyme est une molécule qui catalyse les réactions chimiques.
Quand l’anticorps détecte des composants du médicament contenus dans le sang, cela déclenche l’activation de l’enzyme, se traduisant par l’émission d’une lumière bleue. Une fois le médicament détecté, la molécule interruptrice se met en mode OFF et la lumière rouge disparaît au profit de la lumière bleue.
L’intensité du bleu reflète le niveau de concentration du médicament présent dans le sang et donc, par déduction, la teneur en médicament dans le corps du patient.
On imagine facilement que les patients atteints de maladies nécessitant un suivi régulier de leur traitement médicamenteux et/ou habitant loin des laboratoires d’analyse pourront exécuter, eux-mêmes leur contrôle à la maison.
La manipulation est simple : il suffit d’insérer une goutte de sang dans un boîtier contenant le biocapteur et lire les résultats de concentration en médicaments sur un smartphone relié au boîtier.
Même si la mise au point de ces anticorps reconnaissant des petites molécules telles que des médicaments demande une technicité très fine en laboratoire, le procédé reste réalisable par les scientifiques. Par conséquent, ce système de mesure peut s’adapter à un nombre illimité de médicaments.
Pour l’instant, les chercheurs suisses ont montré l’efficacité de ce biocapteur à détecter une molécule impliquée dans la prise en charge de certains cancers et maladies auto-immunes, une molécule soignant l’asthme et une autre encore, administrée pour ses propriétés antipaludiques.
La prochaine étape pour l’équipe de chercheurs ? Optimiser la sensibilité du biocapteur pour qu’il puisse détecter avec précision des infimes concentrations de médicaments dans les échantillons de sang.
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L’importance du suivi des traitements
La mauvaise observance des traitements médicamenteux par les patients, c’est-à-dire le manque de concordance entre le comportement de la personne malade et les prescriptions émises par son médecin, constitue un problème de santé publique majeur. Selon une étude menée par le LEEM, l’organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France :
- 1 patient sur 2 oublie de prendre ses médicaments ;
- 1 patient sur 3 ne suit pas le traitement prescrit ;
- 3 patients sur 10 ne vont pas jusqu’au bout de leur traitement.
Pour améliorer le suivi des traitements thérapeutiques, les professionnels de l’industrie pharmaceutique s’efforcent d’innover sans cesse sur les modalités de prise de médicaments.
Ils mettent en place des bouchons compteurs, des dispositifs de rappel ou des piluliers électroniques. Aussi, un ensemble de partenariats avec les acteurs du numérique sont établis pour programmer des SMS de rappels, des hotlines et développe la télémédecine favorisant le suivi des patients, à distance, par leurs thérapeutes.
Avec un accompagnement pédagogique et un suivi médical adapté, l’essor du numérique reste une chance pour augmenter l’observance.
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Julie P., Journaliste scientifique