Les « superaliments » : un qualificatif utile ou une simple stratégie marketing ?
Myrtille, cacao cru, avocat, betterave, saumon, graines de chia…la taille du marché mondial des « superaliments » atteint 213 milliards d’euros en 2025 avec une croissance estimée à 386 milliards en 2033. Convaincus que la santé passe en premier lieu par l’assiette, ce sont 62% des consommateurs mondiaux qui recherchent des produits alimentaires riches en nutriments sains et fonctionnels. Mais, que penser de ces superaliments ?

Les attributs flous d’un « superaliment »
Malgré l’omniprésence du terme ‘superaliment » dans les médias, il n’existe aucune définition officielle ou légale d’un superaliment.
L’Oxford English Dictionary, par exemple, définit un superaliment comme « un aliment riche en nutriments, considéré comme particulièrement bénéfique en termes de santé et de bien-être », tandis que le dictionnaire américain Merriam-Webster le décrit plus simplement comme « un aliment hautement nutritif, contenant une grande quantité de vitamines, minéraux, fibres, antioxydants, et/ou phytonutriments »
Selon Cancer Research UK, « le terme super-aliment est seulement un outil marketing avec peu de base scientifique ».
En effet, plusieurs paramètres permettent de douter de la validité scientifique des études ayant mis en évidence que tel ou tel aliment avait des effets bénéfiques supérieurs à ceux des autres aliments.
Les résultats scientifiques des études portant sur ces potentiels « superaliments » peuvent être remis en cause car :
- Les taux élevés de nutriments étudiés ne sont pas compatibles avec un régime alimentaire normal ;
- Les effets bénéfiques sont observés sur de courtes périodes ;
- Les études sont majoritairement réalisées sur des modèles animaux ou des cellules humaines in vitro ;
- Les résultats sont difficilement applicables à des régimes alimentaires réels où l’interaction entre les nutriments d’un bol alimentaire joue un rôle crucial.
Comme le souligne le Conseil Européen de l’Information sur l’Alimentation : « Les recherches concernant les effets sur les humains sont complexes à mener : les régimes alimentaires, les gènes et les modes de vie varient d’une personne à l’autre, il est donc difficile d’étudier les effets des nutriments sur la santé. Dans l’idéal, il conviendrait de combiner des études interventionnelles (au cours desquelles les chercheurs font varier le régime alimentaire afin de déterminer les effets d’un aliment ou d’un nutriment) et des études observationnelles (les chercheurs observent les effets des différences naturelles entre les régimes alimentaires des individus) ».
Quelques exemples de « superaliment »
On distingue dans le marché des superaliments les superfruits (bleuets, baies d’açai, goji), les superseeds et supergrains (graines de chia, graines de lin et quinoa), les algues comestibles (varech, spiruline), les matcha powder.
Ce terme de super-fruits est utilisé commercialement pour la première fois en 2004 aux Etats-Unis. Il n’a pas de définition officielle et est utilisé comme terme marketing par les fabricants. Les fruits comprenant une haute teneur en vitamines et minéraux, ou encore en antioxydant peuvent être classés comme des super-fruits.
Utilisés en entier, comme jus ou intégrés à des boissons énergétiques ou des compléments alimentaires, les superfruits figuraient en 2008 dans le top 10 mondiaux en matière de produit de consommation.
Ce marché, porté notamment par exemple par les cranberries, les baies de goji ou encore les baies d’açaï, a connu une baisse en 2013 avec moins de nouveaux produits et des consommateurs plus sceptiques sur leurs impacts sur la santé et aussi, de plus en plus réticents face à leurs prix élevés.
Des consommateurs qui doutent malgré tout
Plusieurs contraintes existent sur le marché des « superaliments ». Citons en premier lieu le coût élevé de ces produits, et particulièrement quand les superaliments sont intégrés (en faible quantité) dans des préparations comme des smoothies. C’est ainsi qu’un consommateur sur deux considère que les superaliments sont chers par rapport aux autres produits conventionnels.
Autre risque : un manque prégnant de standardisation dans la chaîne de fabrication du produit. En effet, un superaliment sur deux manque d’une certification de qualité reconnue. Dans ce cadre, nombreux fournisseurs présentent des chaines d’approvisionnement non transparentes (récolte, stockage, transport).
Autre manque de confiance exprimée par les consommateurs : la remise en question croissante de l’authenticité des allégations santé. Les nutritionnistes sont de plus en plus sollicités par les consommateurs qui demandent des précisions et doutent des allégations santé diffusées par les marques. Ces interrogations sont d’ailleurs vives puisque la médiatisation des nouveaux « superaliments » dans la presse et sur les réseaux sociaux est permanente. Ces derniers mois, la part belle a été donnée au skyr, au sea moss (goémon blanc), à l’ube (une variété de patate douce) ou encore au pourpier, un légume-feuille.
Retenons ainsi ces recommandations du Conseil Européen de l’Information sur l’Alimentation : « Pour assurer une consommation équilibrée de nutriments nécessaires à une bonne santé, il est plus efficace de diversifier les aliments de notre régime alimentaire que de nous concentrer sur quelques aliments dits « super ». Ce qui implique notamment la consommation d’une plus grande quantité et d’une plus grande variété de fruits et légumes. Pour nous aider à atteindre cet objectif, de nombreux pays européens ont d’ailleurs publié des recommandations nutritionnelles ».
– Enquête : les superaliments le sont-ils vraiment ? Eufic.. www.eufic.org. Consulté le 15 juillet 2025.
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