Réseaux sociaux et trouble de l’attention : un lien inquiétant ?

Par |Publié le : 3 mai 2025|Dernière mise à jour : 6 mai 2025|5 min de lecture|

Depuis plusieurs mois, le trouble du déficit de l’attention est défini à tort sur les réseaux sociaux. Fake news et faux experts en tout genre se relaient sous forme de vidéos et photos pour diagnostiquer votre éventuel TDAH. Revenons sur la définition du trouble de l’attention et sur les liens complexes qu’il l’unit aux réseaux sociaux.

Comment définir le trouble du déficit de l’attention ?

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ou TDAH est un trouble du neurodéveloppement qui touche 5% des moins de 18 ans et 3% des adultes. Il est caractérisé par l’association de 18 symptômes dont trois symptômes principaux. On distingue le déficit d’attention, une hyperactivité motrice (incapacité à rester en place) et une impulsivité avec des difficultés à attendre et une tendance à interrompre les autres dans leurs activités.

Le diagnostic d’un TDAH n’est posé que si les symptômes surviennent au cours de l’enfance, (avant l’âge de 12 ans), sont persistants (plus de 6 mois) et constituent un handicap pour l’enfant en impactant les apprentissages, les relations et la qualité de vie.

De nombreux travaux de recherche ont permis de mettre en évidence que le trouble du TDAH est associé à :

  • Une composante héréditaire et génétique ;
  • Certains facteurs de risque liés à la période prénatale et néonatale ;
  • Un dysfonctionnement de certains circuits cérébraux transmettant des informations ;
  • Une déficience, parfois, dans les capacités de stockage du fer. Ainsi, plus la carence en fer est importante, plus les symptômes du TDAH sont marqués.

Selon le psychiatre Régis Lopez, spécialiste du sommeil et du TDAH, qui s’est exprimé sur France Culture le 4 avril 2022 : « On estime que ce qui explique pourquoi une personne souffre d’un TDAH, c’est à peu près à 80 % des facteurs d’origine génétique et à seulement 20 % des facteurs liés à l’environnement. Ça ne veut pas dire que quand vous avez des TDAH, vos enfants sont à risque à 80 % de l’avoir, ça veut dire que si vous souffrez d’un TDAH, ce qui explique que vous l’avez, c’est majoritairement votre bagage génétique. C’est pour cela que c’est un trouble qui a une forte composante familiale. Il y a autant de TDAH dans les milieux aisés que défavorables, de gens qui ont des histoires absolument épouvantables que de personnes élevées dans des familles sans histoires ».

Réseaux sociaux et TDAH : des associations complexes

Des revues antérieures ont souvent montré un lien entre l’utilisation des médias numériques et les niveaux de symptômes du TDAH.

Après une recherche systématique dans les bases de données Web of Science et PsycInfo, les chercheurs suédois de l’institut Karolinska ont inclus 28 études sur le sujet. Résultats ? Les conclusions de ces études montrent l’existence d’associations réciproques entre l’utilisation problématique du numériques et les symptômes du TDAH chez des enfants et adolescents.

Ainsi, les enfants présentant des symptômes de TDAH semblent plus vulnérables à une utilisation intensive ou problématique des médias numériques.

Et d’un autre côté, les médias numériques ont également des effets sur les niveaux d’intensité des symptômes du TDAH, soit par leurs caractéristiques spécifiques (zapping, captage rapide de l’attention), soit en raison d’effets indirects (répercussions sur le sommeil et les relations sociales).

Cependant, comme le souligne les chercheurs « des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les associations complexes entre les médias numériques et les niveaux des symptômes du TDAH ».

Et non, nous ne sommes pas tous atteints de TDAH…

Depuis quelques mois, des vidéos et photos sur les réseaux sociaux prétendent vous diagnostiquer un TDAH.

« Il y a beaucoup de gens qui s’approprient le TDAH, qui en font presque leur personnalité, mais il faut rappeler qu’il s’agit bien d’une maladie. Ce n’est pas un trait de tempérament, une personnalité, c’est une maladie neurodéveloppementale. C’est-à-dire qu’elle fait partie des troubles avec lesquels on grandit » rappelle Régis Lopez.

Ce soudain intérêt pour les TDAH se justifie très probablement par l’évolution de la définition de l’attention dans un monde numérique dans lequel nous sommes toujours de plus en plus multitâches tout en faisant du zapping en continu avec une tendance forte à la procrastination.

Pour évaluer l’existence d’un trouble de l’attention, les médecins vont vérifier que la personne souffre d’un certain nombre de symptômes, divisés en deux catégories : l’inattention et l’hyperactivité. Pour que le TDAH soit caractérisé, il faut que les symptômes constituent un « handicap dans la vie » avec une notion de souffrance, de retentissement qui pousse les gens à consulter, à demander de l’aide.

Une des autres conditions nécessaires à la détection d’un TDAH est de caractériser son existence depuis l’enfance.

« Si beaucoup de personnes et de patients font la confusion, c’est parce que le TDAH agrège autour de lui beaucoup de maladies, et donc des gens qui souffrent aussi de troubles anxieux, de dépression, de mauvaise régulation de leurs émotions, de problèmes de sommeil… » conclut Régis Lopez.

Sources
– Avons-nous tous des troubles de l'attention ? France culture. www.radiofrance.fr. Consulté le 22 avril 2025.
– Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant (TDAH), Ameli.fr, . www.ameli.fr. Consulté le 22 avril 2025.
– Longitudinal associations between digital media use and ADHD symptoms in children and adolescents: a systematic literature review, Eur Child Adolesc Psychiatry,. . Consulté le 22 avril 2025.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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