Trop de temps d’écran : un risque pour la santé cardiovasculaire des enfants
De nombreux enfants passent aujourd’hui plusieurs heures par jour devant la télévision, les consoles de jeux, les tablettes ou les smartphones. Au-delà des effets connus sur la concentration ou le sommeil, ces habitudes pourraient aussi fragiliser leur cœur. Une étude danoise, publiée en 2025, révèle un lien clair entre excès d’écrans et augmentation du risque cardiovasculaire dès le plus jeune âge. Comment ce risque s’explique-t-il ? Quels sont les premiers signes biologiques observés ? Et pourquoi le sommeil joue-t-il un rôle essentiel ?
Trop d’écrans : un impact visible sur la santé cardiaque des enfants
Pour mieux comprendre les effets des écrans, des chercheurs danois ont suivi plus de 1 000 enfants et adolescents âgés de 6 à 18 ans. Ils se sont intéressés à la façon dont le temps d’écran influençait plusieurs marqueurs de santé.
Les résultats, publiés dans le Journal of the American Heart Association, montrent que chaque heure supplémentaire passée devant un écran est associée à un risque cardiovasculaire augmenté. Autrement dit, les enfants qui passent plus de temps devant la télévision, les jeux vidéo ou le téléphone présentent déjà des signes de fragilité cardiaque. Chez les adolescents, l’impact est encore plus marqué, traduisant une accumulation des effets au fil du temps.
Ces conclusions rappellent que l’exposition prolongée aux écrans n’est pas anodine. Les maladies cardiovasculaires comptent parmi les principales causes de décès dans le monde.
Des signes biologiques précoces liés à l’excès d’écrans
L’étude a également permis d’observer que l’excès d’écrans laissait une empreinte biologique mesurable dans le sang. Pour évaluer ce risque, les scientifiques ont utilisé un score cardiométabolique, un indicateur global qui combine plusieurs paramètres : périmètre abdominal, tension artérielle, taux de graisses et sucre dans le sang. Plus ce score est élevé, plus le risque de développer une maladie cardiovasculaire est important.
Les enfants et adolescents les plus exposés aux écrans présentaient :
- Une augmentation de l’inflammation ;
- Une résistance plus importante à l’insuline ;
- Un déséquilibre des lipides sanguins (triglycérides plus élevés, « bon » cholestérol plus bas).
Ces anomalies sont connues pour majorer, à long terme, le risque de maladies comme le diabète, l’hypertension ou l’athérosclérose. L’étude montre donc que le cœur subit dès l’enfance les effets d’un mode de vie trop sédentaire, bien avant que n’apparaissent les premières maladies.
Manque de sommeil et écrans : un risque majoré pour le cœur
Un autre enseignement clé de cette étude concerne le sommeil. Les enfants et adolescents qui dorment moins longtemps voient leur risque cardiovasculaire encore renforcé, pour un même temps d’écran.
Plusieurs mécanismes peuvent l’expliquer :
- Le manque de sommeil dérègle l’équilibre hormonal.
- Une dette de sommeil favorise la prise de poids, l’augmentation de la tension artérielle et les déséquilibres métaboliques.
Chez les adolescents, se coucher tard accentue encore ce phénomène. Ceux qui cumulent beaucoup d’écrans et peu de sommeil apparaissent ainsi comme les plus exposés à ces risquescardiovasculaires précoces.
À noter ! Pour accompagner les enfants dans l’usage du numérique, deux types de recommandations coexistent :
Les repères éducatifs français (règle 3-6-9-12, Serge Tisseron, AFPA)
– Avant 3 ans : aucun écran, pour privilégier le langage, le jeu et les interactions humaines.
– 3 à 6 ans : découverte possible, mais toujours avec un adulte, pas d’autonomie ni d’écran dans la chambre.
– 6 à 9 ans : usage interactif (jeux, créativité, apprentissage), mais avec des règles claires de temps et de contenu.
– 9 à 12 ans : premiers pas sur Internet, encadrés et discutés (sécurité, vie privée, esprit critique).
Les repères de durée (OMS, AAP)
– 0 à 2 ans : pas d’écran (sauf visiophonie).
– 2 à 5 ans : maximum 1 heure par jour, et moins c’est mieux.
– 6 à 12 ans : environ 2 heures maximum par jour
– Adolescents : plus ou moins 3 heures maximum par jour, en veillant à préserver le sommeil, l’activité physique et la vie sociale.
Ces recommandations ne sont pas des interdits stricts, mais des repères pratiques. L’essentiel est d’équilibrer le temps d’écran avec le jeu, l’activité physique, le sommeil et les échanges familiaux.
Cette étude montre que le temps d’écran excessif n’est pas seulement un enjeu éducatif ou psychologique : c’est aussi un facteur de santé cardiovasculaire. Les effets sont perceptibles dès l’enfance et s’accentuent avec l’adolescence, surtout lorsqu’ils s’accompagnent d’un sommeil insuffisant. Limiter les écrans, en particulier le soir, et instaurer des routines régulières de sommeil constituent donc des mesures simples, mais indispensables pour protéger le cœur des plus jeunes.
– OMS, Le message de l’OMS au jeune enfant : pour grandir en bonne santé, ne pas trop rester assis et jouer davantage, . www.who.int. Consulté le 26 août 2025.
– Association Française de Pédiatrie Ambulatoire, Serge Tisseron « 3-6-9-12 » et au delà,. afpa.org. Consulté le 26 août 2025.
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