Transition de genre : quelles sont les recommandations de la Haute Autorité de Santé ?
Pour donner suite à une saisie du ministre des Solidarités et de la santé en 2021, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier, ce 18 juillet 2025, des recommandations sur la prise en charge médicale des adultes souhaitant réaliser une transition de genre. Revenons sur ces conseils adressés à l’attention des professionnels de santé.
Une évaluation psychiatrique non obligatoire
Dans ses recommandations de 2025, la HAS souligne que désormais l’identité de genre ne doit pas faire l’objet d’une évaluation psychiatrique spécifique.
Cette position s’inscrit dans la continuité d’un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) de 2022 et à la reclassification de l’incongruence du genre.
En effet, en 2018, dans la dernière classification internationale des maladies, l’incongruence de genre est catégorisée dans les « affections liées à la santé sexuelle », n’étant ainsi plus considérée comme un trouble mental, comportemental ou neurodéveloppemental. Pour rappel, jusqu’en 2010, la transidentité faisait partie des ALD psychiatriques.
Cette volonté de ne pas obliger les personnes en soins de transition à suivre un protocole psychiatrique remet donc en cause le protocole de 1989 (annulé en 2004), un protocole obsolète qui continue malgré tout d’être appliqué par certains praticiens et organismes de la Sécurité sociale. En substance, ce protocole prévoit un suivi de deux ans par un psychiatre, un endocrinologue et un chirurgien, et la nécessité de l’accord de ceux-ci pour l’accès à une transition médicale.
Comme le rappelle la HAS : « ce protocole ne dispose d’aucune base légale et a même été qualifié d' »obsolète » par l’IGAS en 2011. Des Caisses primaires d’assurance maladie ont déjà été condamnées pour avoir refusé la prise en charge de chirurgies sur le fondement de ce protocole ».
Améliorer la prise en charge des individus souhaitant changer de genre
Ces recommandations, faisant l’objet de concertations auprès 128 experts, ont pour but de proposer aux professionnels de santé concernés des repères précis sur les pratiques médicales à mettre en œuvre, tout en respectant la diversité des parcours individuels.
La recommandation globale émise par la HAS aborde les différents aspects de la prise en charge dont :
- Conduite à tenir devant une demande de transition ;
- Prescription d’hormones ;
- Prise charge en chirurgie ;
- Accompagnement psychologique ;
- Autres soins ;
- Fluidité des parcours de transition (détransition, re-transition, etc.).
Deux documents viennent compléter ces recommandations : une synthèse à l’attention spécifique des médecins généralistes et une fiche décrivant la mise en œuvre du parcours de soins.
La HAS recommande une prise en charge globale et pluriprofessionnelle, mise en œuvre par une équipe de soins intégrant médecins généralistes, endocrinologues, psychiatres, psychologues, médecins de la fertilité et de la reproduction, gynécologues-obstétriciens, urologues, chirurgiens plasticiens, médecins du travail, travailleurs sociaux.
La prise en charge individualisée, médicale et psychosociale, devra notamment tenir compte de la situation personnelle, de l’état d’avancement de la réflexion et des besoins formulés.
La HAS préconise également que le médecin généraliste puisse accueillir toute demande de soins et coordonner la prise en charge tout au long du parcours. Il peut assurer le suivi d’une prescription et, s’il est formé, la primo-prescription des traitements hormonaux d’affirmation de genre.
Après une information éclairée et une évaluation personnalisée des bénéfices et des risques, la prescription d’hormones et/ou d’opérations chirurgicales sont recommandées par la HAS si la personne en formule le besoin explicitement.
Comme le souligne la HAS : « L’enjeu est de favoriser l’autonomie de la personne afin de l’aider à identifier et formuler des choix éclairés, dans le respect du principe d’autodétermination. Il est essentiel d’accueillir la personne sans jugement ou idée préconçue quant à son identité de genre et ses besoins, en utilisant notamment le prénom et le pronom demandés ».
Un message est également adressé aux pouvoirs publics et notamment de :
- Renforcer la formation initiale et continue des professionnels ;
- Structurer l’offre de soins ;
- Mettre en place une organisation territoriale adaptée aux besoins d’accompagnement et de prise en charge médicale et chirurgicale des personnes trans.
Quelles recommandations pour les mineurs ?
Les recommandations de la HAS ne concernent que les personnes transgenres majeures, la prise en charge des mineurs étant reportée à une recommandation ultérieure. Par ailleurs, l’IGAS révèle qu’en 2022, sur les 9 000 personnes bénéficiant de l’ALD attribuée en lien avec une transition de genre, moins de 300 étaient mineures.
Subordonnée à l’accord des détenteurs de l’autorité parentale et au consentement du mineur, la transition de genre chez les mineurs est très encadrée. Cependant, toutes les opérations chirurgicales dites « d’affirmation de genre » ne sont pas accessibles. Ainsi, seule la torsoplastie (ablation de la glande mammaire) est pratiquée.
Après avoir défini le périmètre des interrogations, la HAS initiera l’élaboration des recommandations relatives aux mineurs début 2026.
Ces recommandations et ses repères à destination des acteurs de la santé sont nécessaires et bienvenus car les personnes trans sont souvent confrontées à une errance médicale. Cette incapacité à accéder à des soins de qualité, conjuguée à des discriminations sociales et professionnelles, provoque dépression et anxiété. Une étude récente met d’ailleurs en évidence que 20% des personnes trans sur cinq souffriraient de dépression.
– Transition de genre : la HAS publie les premières recommandations sur la prise en charge médicale de l’adulte. HAS. . www.has-sante.fr. Consulté le 30 juillet 2025.
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