Villes en surchauffe : quel impact sur la santé et comment y remédier ?

Actualités Santé au quotidien (maux quotidiens)

Rédigé par Julie P. et publié le 27 juin 2018

25°C, 30°C, 35°C… le thermomètre n’a cessé d’augmenter ces derniers jours. La nuit, la chaleur persiste dans les villes alors qu’un redoux est observé dans les périphéries urbaines ou à la campagne. Quelles sont les origines de ces îlots de chaleur urbains (ICU) et quelles sont ses répercussions sur notre santé ? Focus sur l’essentiel.

Paris îlots de chaleur urbains (ICU)

Les causes expliquant la formation d’îlots de chaleur urbains (ICU)

Pendant les vagues de chaleur et même dans des conditions météorologiques normales, il fait toujours chaud, le soir, dans les villes.

À savoir ! La différence de température mesurée entre la ville et la campagne était de +1°C en 1868 à Paris tandis qu’elle atteignait, en 2003, +10°C.

Pour mieux comprendre ce phénomène et y apporter des solutions, une équipe franco-américaine du CNRS et du MIT (Massachusetts Institute of Technology) s’est penchée sur la question.

En analysant la configuration d’une cinquantaine de métropoles et des flux de chaleur qui s’y déroulent, ils se sont aperçus que c’est l’organisation géométrique de la ville qui est responsable de cette montée du thermomètre à la nuit tombée.

Ainsi, les villes américaines, aménagées avec des rues étroites et perpendiculaires, piègent massivement la chaleur. A contrario, des villes plus désorganisées, comme les secteurs urbains historiques, facilitent la dispersion de la chaleur.

En étudiant ces villes, les chercheurs ont mis en évidence que cette surchauffe urbaine pouvait s’expliquer aussi par :

  • La capacité des édifices à rayonner pendant la nuit l’énergie absorbée durant la journée ;
  • La quantité de matériaux empêchant les échanges de chaleur entre le sol et l’air (bitume ou mobiliers urbains).
  • L’insuffisance d’espaces végétalisés ;

Dans les pays aux climats chauds ou tempérés, les îlots de chaleur augmentent la facture énergétique alors qu’ils peuvent la diminuer dans les régions aux climats froids.

Lire aussiImpact du réchauffement climatique sur la santé humaine

Etude de la surmortalité pendant la canicule de 2003

Pendant la vague de chaleur en France de 2003, la surmortalité était de 40% dans les petites et moyennes villes contre 80 % pour Lyon et 141 % pour Paris.

À savoir ! Selon Météo France, l’ICU a atteint en Île-de-France une intensité de 8°C durant la nuit, soit le double de son intensité habituelle en été aggravant ainsi les impacts sanitaires.

En août 2003, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a suivi 482 personnes âgées de plus de 65 ans et vivant dans Paris ou le Val de Marne.

Leurs résultats montrent qu’en cas de fortes chaleurs, le risque de décès est multiplié par :

  1. 4 à 10 si la personne n’est pas autonome et alitée ;
  2. 3 à 5 si la personne possède une pathologie préexistante (neurologique, cardiovasculaire (comme l’insuffisance cardiaque), ou psychiatrique) ;
  3. 4 si la personne dort sous les toits (problèmes de sommeil importants) ;
  4. 2 si la personne habite dans un îlot de chaleur urbain (le jour, l’ICU est dans les zones industrielles alors que la nuit, l’ICU se trouve dans le centre-ville de Paris).

En revanche, certains gestes préventifs, comme le fait de se rafraichir, de s’hydrater ou de se vêtir légèrement ou encore d’aérer les pièces du logement, diminuent le risque de décès de 3 à 5.

Lire aussiAlerte Canicule : les conseils pour faire face à la vague de chaleur

Plus de vert et moins de bitume dans les villes

Au-delà des mesures d’adaptation à court terme (hydratation, surveillance accrue des personnes fragiles etc.), des mesures peuvent être prises à l’échelle de la ville pour éviter la formation des ICU.

Ces actions commencent à être mise en place grâce à des plans climat-énergie à l’échelle des territoires.

Dans les villes existantes, les solutions envisagées sont :

  1. Une réduction de la surface des sols imperméabilisés (bitume) et un remplacement de ces surfaces par des enrobés permettant de rafraichir l’air ;
  2. Le développement d’espaces végétalisés (jardins, massifs, enveloppes et toitures végétalisées pour les édifices) ;
  3. La construction de parcs arborés (un arbre évapore de l’eau par ses feuilles permettant de rafraichir l’air et il intercepte une partie de l’énergie solaire incidente) ;
  4. Mieux isoler thermiquement les bâtiments ;
  5. Equiper systématiquement les appartements et maisons de volets ;
  6. Peindre les toitures avec des couleurs claires pour obtenir un meilleur rayonnement et éviter l’accumulation de chaleurs sous les toitures d’une couleur foncée.

Lire aussi Le lierre, une plante pas si attachante

Julie P., Journaliste scientifique

– Canicule : « La végétalisation est une des meilleures solutions pour rafraîchir la ville ». France Info. Consulté le 9 août 2018.
– Pourquoi fait-il si chaud la nuit dans certaines villes ? Communiqué de presse CNRS. Consulté le 9 août 2018.
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *