Acariens : en cause dans l’apparition du vitiligo ?

Le vitiligo désigne une maladie auto-immune touchant près d’un million de français et caractérisée par des tâches dépigmentées sur la peau. Et si son apparition pouvait être déclenchée par l’exposition aux acariens chez certains patients ?  C’est ce que suggère une équipe de chercheurs français dans une récente étude. Zoom sur les conclusions de leurs travaux.

Le vitiligo : une maladie complexe aux causes encore mal connues

Touchant près d’un million de français, le vitiligo désigne une maladie auto-immune qui se caractérise par une dépigmentation progressive de la peau et se manifeste par l’apparition de taches sur la peau. Cette dépigmentation s’explique par la perte de cellules cutanées spécifiques (les mélanocytes) dont le rôle consiste à produire de la mélatonine, un pigment colorant la peau. Ainsi, en l’absence de ces cellules, la peau devient blanche et les poils et cheveux des zones touchées blanchissent également.

À savoir ! La dépigmentation peut survenir à n’importe quel moment de la vie, à n’importe quel âge, et quelle que soit la couleur de peau.

Si les mécanismes biologiques de cette maladie sont de mieux en connus, les causes restent quant à elles toujours à identifier. Pathologie complexe liée à des facteurs génétiques et non génétiques, le vitiligo repose en effet en grande partie sur un processus auto-immun associé à des facteurs génétiques et environnementaux. Ainsi donc, un stress mécanique, psychologique ou encore physiologique peut précéder l’apparition de la maladie.

Mais ce n’est pas tout : un autre facteur environnemental est aujourd’hui suspecté par des scientifiques niçois. Il s’agit du rôle potentiel de l’exposition aux acariens dans le déclenchement du vitiligo. Deux raisons ont conduit l’équipe de chercheurs à s’intéresser à ces organismes microscopiques :

1. Les acariens sont responsables du déclenchement de certaines allergies et pourraient donc avoir un lien avec les anomalies du système immunitaire observées dans le vitiligo.
2. Les acariens produisent un grand nombre de protéases (des protéines responsables de la dégradation d’autres protéines). Or c’est justement la destruction des E‑cadhérines qui provoque le détachement des mélanocytes de la peau des patients.

À savoir ! Au sein de l’épiderme, les E‑cadhérines sont des protéines qui permettent aux cellules d’adhérer les unes aux autres.

L’exposition aux acariens : en cause dans l’apparition du vitiligo ?

Pour vérifier si l’exposition aux acariens joue bien un rôle dans le déclenchement du vitiligo, l’équipe de scientifiques a prélevé des échantillons d’épiderme à la fois sur des patients atteints de vitiligo et sur des volontaires non atteints de vitiligo. Les chercheurs ont ensuite exposé les échantillons prélevés à des acariens.

Il ressort de cette expérience que l’exposition aux acariens a provoqué :

• La sécrétion de plusieurs molécules d’inflammation (chimiokines et cytokines).
• Une augmentation de la concentration en protéases, d’autant plus importante que la quantité d’acariens était élevée.
• La destruction par une protéase d’acariens des E‑cadhérines dans l’épiderme à l’origine du détachement des mélanocytes. Bien qu’observé au niveau de tous les échantillons de peau, ce phénomène était 100 fois plus important au sein des échantillons issus de patients atteints de vitiligo.

Vers une meilleure connaissance et prévention du vitiligo

Pour les auteurs de l’étude, ces observations soutiennent l’hypothèse selon laquelle un facteur environnemental pourrait déclencher des poussées de vitiligo et aggraver la maladie chez certains patients. Prochaine étape pour les chercheurs ? Vérifier si les patients allergiques aux acariens pourraient être plus à risque de développer un vitiligo que le reste de la population.

En attendant, les scientifiques ont déjà planché sur un moyen de protéger l’épiderme. Après avoir mis en contact les échantillons de peau avec des acariens, ils y ont appliqué une crème aux céramides qui a permis de consolider la barrière cutanée tout en aidant à réduire l’inflammation et la perte des mélanocytes.

À savoir ! Les céramides désignent des lipides naturellement présents dans la peau et essentiels au fonctionnement normal de la barrière cutanée.

Ces bons résultats laissent entrevoir l’espoir de pouvoir limiter la progression de la maladie et éviter les risques de rechute. Affaire à suivre !

Déborah L., Dr en Pharmacie