Selon les estimations, le vitiligo toucherait entre 0,5 et 2 % de la population mondiale, avec un impact psychologique majeur de cette maladie. Le vitiligo constitue-t-il un facteur de risque de cancer cutané ? La question a longtemps fait débat et souffre encore de nombreuses fausses idées reçues. Explications.
Vitiligo et cancers cutanés
En 2009, une étude américaine menée sur 477 patients suggère que le vitiligo constitue un facteur de risque de carcinome, une forme de cancers cutanés. En réalité, la question fait débat et suscite souvent de fausses idées reçues. Pour certains, le vitiligo serait bel et bien un facteur de risque de cancers cutanés, pour d’autres non.
Le vitiligo est une pathologie auto-immune, caractérisée par l’apparition de tâches blanches, dépigmentées sur différentes zones de la peau (visage, corps, cuir chevelu). Les poils peuvent également être touchés. Cette maladie peut apparaître chez les hommes comme chez les femmes, à tous les âges de la vie et chez tous les phototypes, même si elle est plus visible chez les personnes à la peau mate ou foncée. Considérée comme bénigne, elle est associée à un fort impact psychologique, de part le caractère étendu et très visible des tâches blanches.
Le vitiligo n’est pas un facteur de risque de cancer cutané
Longtemps, la dépigmentation localisée de la peau a laissé croire que ces zones cutanées étaient plus fragiles que le reste de la peau aux agressions extérieures, notamment aux effets des rayonnements UV. D’où l’idée selon laquelle le vitiligo serait un facteur de risque de cancer cutané. En réalité, le vitiligo pourrait plutôt être considéré comme protecteur vis-à-vis de ce risque. En effet, les études épidémiologiques ont démontré que les mélanomes , l’une des formes les plus graves de cancers cutanés, étaient trois fois moins fréquents chez les personnes atteintes de vitiligo que dans la population générale. La même tendance a été observée pour les carcinomes cutanés, au contraire des résultats présentés dans l’étude américaine de 2009.
Si le vitiligo n’est pas associé à un risque accru de cancer, il est par contre souvent associé à d’autres pathologies auto-immunes, en particulier des troubles thyroïdiens :
- Une hypothyroïdie ;
- Une hyperthyroïdie.
D’autres pathologies auto-immunes peuvent être retrouvées chez les patients atteints de vitiligo, comme la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1, la pelade ou les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique).
De nouveaux traitements contre le vitiligo en cours de développement
Dans le vitiligo, le mécanisme en cause est une disparition des mélanocytes, les cellules de l’épiderme qui synthétisent notamment la mélanine, responsable de la pigmentation cutanée. La maladie est d’origine multifactorielle et une cinquantaine de gènes de susceptibilité au vitiligo ont été identifiés. La mise en place d’un traitement est indiquée en raison du fort impact psychologique de la maladie.
Depuis quelques années, de nouvelles alternatives thérapeutiques peuvent être proposées aux patients, même si aucun traitement ne permet à ce jour de guérir totalement et définitivement le vitiligo. Le traitement associe le plus souvent des crèmes à base de corticoïdes et/ou d’immunosuppresseurs et des séances de photothérapie UVB. La repigmentation est un processus souvent long, entre 6 et 24 mois de traitement sont nécessaires. D’autres traitements sont en voie de développement et pourraient prochainement améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patients.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Détecter le vitiligo, une maladie de la peau. sante-pratique-paris.fr. Consulté le 6 juillet 2023.