Accouchement, faudrait-il retarder l’effort de poussée ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 11 mai 2023

En France, plus de 700 000 accouchements ont lieu chaque année. Un événement majeur dans la vie des parents, comme dans celle de l’enfant à naître. Des recommandations définissent la conduite à tenir pour les équipes obstétricales dans le déroulement de l’accouchement. Une récente étude française s’est intéressée à l’effet d’une poussée retardée de quelques heures sur le déroulement de l’accouchement. Résultats.

accouchement et retardement de l'effort de poussée

Accouchement : la mère doit-elle pousser dès la dilatation complète du col de l’utérus ?

Il est de coutume de dire que chaque accouchement est différent, un adage qu’approuvent nombre de femmes qui ont vécu plusieurs accouchements. Mais du point de vue des équipes obstétricales, le déroulement de l’accouchement fait l’objet de recommandations sur les interventions à mener en fonction des paramètres observés par les sage-femmes. D’un pays à l’autre, les recommandations et les pratiques des équipes obstétricales sont variables.

Dans les pratiques des équipes obstétricales, un point notamment fait l’objet de variations dans les recommandations : le délai avant l’effort de poussée. L’effort de poussée débute une fois que la dilatation du col de l’utérus est complète et il est nécessaire pour obtenir la sortie du fœtus et donc sa naissance. Selon les pratiques, le délai entre la dilatation complète et l’effort de poussée est plus ou moins long. Dans une récente étude, des chercheurs ont évalué l’intérêt de rallonger ce temps de quelques heures.

Retarder jusqu’à 3 heures l’effort de poussée avant l’accouchement réduit le risque d’une intervention médicale ou chirurgicale

Cette étude observationnelle rétrospective a été menée en 2016 sur 614 femmes nullipares (accouchant de leur premier enfant), sans risque obstétrical particulier, et enceintes d’un seul enfant (avec une grossesse menée à terme). Ces femmes ont accouché dans deux maternités différentes :

  • Dans la maternité A (305 femmes), les femmes, après dilatation cervicale complète, sous analgésie péridurale, ont bénéficié d’un délai de 3 heures après la dilatation complète pour débuter l’effort de poussée ;
  • Dans la maternité B (304 femmes), les femmes, n’avaient qu’un délai de 2 heures pour débuter l’effort de poussée.

Les données collectées ont mis en évidence que les femmes ayant accouché dans la maternité A avaient un risque significativement plus faible d’accoucher par césarienne que les femmes ayant accouché dans la maternité B (18,4 % contre 26,9 %). Cette réduction du risque d’intervention médicale à l’accouchement se confirmait après l’ajustement des données sur l’âge maternel, l’Indice de Masse Corporelle (IMC) des femmes ou encore l’âge gestationnel à l’accouchement (nombre de semaines de grossesse). En parallèle, les paramètres périnataux de la santé maternelle et fœtale (notamment le risque d’hémorragie du post-partum) étaient similaires entre les deux groupes de femmes.

Laisser plus de temps à la mère avant de commencer à pousser

Ces données révèlent que l’augmentation du délai entre la constatation par la sage-femme d’une dilatation complète du col de l’utérus et le début de l’effort de poussée de 2 à 3 heures pourrait permettre de réduire le recours à une intervention médicale (utilisation de forceps par exemple) ou à une césarienne en urgence. Cet allongement du délai n’aurait par ailleurs aucun effet indésirable sur la santé de la mère et de l’enfant.

Laisser plus de temps à la mère entre la dilatation complète du col et l’effort de poussée pourrait faciliter la deuxième partie de l’accouchement, facilitant l’expulsion spontanée de l’enfant, sans intervention médicale ou chirurgicale. Un aspect important à prendre en compte dans les pratiques obstétricales, alors que le taux de césarienne reste encore élevé en France, par rapport à d’autres pays occidentaux.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Does a three-hour delayed pushing benefit the mode of delivery ? pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 10 mai 2023.
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