Addiction à la cocaïne ou à l’alcool : un espoir en bloquant la protéine ERK

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Rédigé par Julie P. et publié le 5 avril 2019

En France, 52 000 décèssont causés chaque année par l’addiction à l’alcool ou à la cocaïne. Comment aider davantage les personnes souffrant d’une addiction à ces substances ? La semaine du cerveau qui s’est tenue du 11 au 17 mars dans toute la France a été inaugurée à Paris par une conférence intitulée « Addictions : quand le cerveau nous joue des tours ». L’occasion pour Jocelyne Caboche de l’Institut de Biologie Paris-Seine de revenir sur une découverte clé : bloquer la recherche compulsive de substances psychoactives grâce à l’inhibition d’une protéine nommée ERK.
Addiction à la cocaïne

Un espoir nommé ERK

Les substances addictives licites (tabac, alcool, médicaments) et illicites (drogues douces et drogues dures comme les opiacés et le cannabis) agissent sur le circuit de la récompense, une zone cérébrale qui permet normalement de prendre des décisions pour répondre à nos besoins vitaux comme manger, boire, dormir ou se protéger de la menace.

Toute addiction se traduit par une consommation abusive, compulsive et non contrôlée. Dans ce cas, le circuit de la récompense dysfonctionne progressivement compte tenu de l’augmentation importante de la dopamine provoquée par la drogue. Par exemple, lors de la prise de cocaïne, la dopamine s’accumule dans certaines zones cérébrales et il n’y plus qu’une chose qui compte : la recherche et la prise de stupéfiant.

À savoir ! La dopamine est un messager chimique permettant la communication entre les neurones. On la surnomme aussi « la molécule du plaisir ». Elle est responsable des phénomènes d’addiction. Les réseaux dopaminergiques sont étroitement associés aux comportements d’exploration, de vigilance, de lrecherche du plaisir et d’lévitement actif de la punition. Les drogues, le sexe et certains comportements addictifs activent ce système dopaminergique.

Les chercheurs du Neuroscience Paris Seine se sont basés sur une découverte récente sur l’addiction : l’administration de cocaïne chez la souris entraine une activation de l’enzyme ERK (Extracellular signal-regulated kinases) dans les neurones du striatum (structure nerveuse située sous le cortex et faisant partie du circuit de la récompense).

Cette activation engendre, par une cascade de réactions cellulaires et de modulation de la plasticité du cerveau, des effets comportementaux propres à l’addiction.

Ainsi, les neurobiologistes se sont demandés quels effets pouvaient avoir le blocage du peptide (petite protéine) ERK chez des souris en cours de sevrage. Les résultats sont sans appel puisque l’inhibition d’ERK les empêche de rechercher de la cocaïne.

De nombreuses drogues très psychoactives comme l’alcool, le cannabis, la nicotine ou la morphine activent la protéine ERK. Ainsi, une thérapie d’inhibition de l’activation d’ERK pourrait être mise au point si les recherches futures sont concluantes.

Le médicament contrant l’activité d’ERK serait utilisé pour aider les victimes d’addiction à ne pas rechuter après le sevrage.

Reste désormais à évaluer précisément les effets secondaires de tels inhibiteurs de l’enzyme ERK sur le modèle animal.

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Le plan national de mobilisation contre les addictions

Dans son plan 2018-2022 de mobilisation contre les addictions, le ministère de la Santé et des Solidarités a choisi de travailler sur un ensemble de priorités.

Les six défis de ce plan sont :

  • Protéger de l’addiction dès le plus jeune âge ;
  • Mieux répondre aux conséquences des addictions pour les citoyens et la société ;
  • Améliorer l’efficacité de la lutte contre le trafic ;
  • Renforcer les connaissances et favoriser leur diffusion ;
  • Renforcer la coopération internationale ;
  • Créer les conditions de l’efficacité de l’action publique sur l’ensemble du territoire.

La lutte contre les addictions constitue un véritable enjeu de santé publique : celles liées à l’alcool et au tabac coûtent, chaque année, 120 milliards d’euros. Pour les drogues, les coûts s’élèvent à 10 milliards.

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Julie P., Journaliste scientifique

Sources
– Drogues-Info-Service : informer, dialoguer et offrir une aide personnalisée. drogues.gouv.fr. Consulté le 1er avril 2019.
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