L’aspartame, substance peut-être cancérogène selon l’OMS

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Rédigé par Estelle B. et publié le 17 juillet 2023

L’aspartame est sans aucun doute l’édulcorant le plus connu du grand public. Présent dans une large gamme d’aliments et de boissons sucrés, il donne un goût sucré, sans apporter les calories du sucre. Quel est son impact sur la santé ? Objet de multiples études scientifiques, de réévaluations successives par les autorités publiques, il est toujours autorisé comme additif alimentaire. Le 14 juillet 2023, l’OMS a annoncé que l’aspartame pouvait être considéré comme une substance peut-être cancérogène pour l’homme.

aspartame cancérigène

L’aspartame, un édulcorant artificiel largement utilisé comme additif alimentaire

L’aspartame fait partie des édulcorants artificiels, développés depuis plusieurs décennies pour faire face aux apports caloriques croissants liés à la consommation de sucre. Son pouvoir sucrant 200 fois supérieur à celui du sucre permet aux industriels de l’ajouter en petites quantités dans une large gamme d’aliments et de boissons sucrés. En Europe, l’aspartame est autorisé comme additif alimentaire et sa présence est renseignée sur les étiquettes des produits par le code E951. Plusieurs édulcorants sont dérivés de l’aspartame :

  • Le sel d’aspartame-acésulfame (E962) ;
  • Le néotame (E961).

De nombreuses études ont été menées sur l’aspartame pour évaluer ses effets possibles sur la santé. L’EFSA, l’autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments, a réévalué l’aspartame en 2013 et a annoncé en juin 2023 le lancement d’une nouvelle réévaluation de cet édulcorant à la lumière des dernières données scientifiques. Mais l’OMS vient de faire une annonce qui pourrait déterminer l’avenir de l’aspartame, cet additif alimentaire est désormais classé comme une substance peut-être cancérogène.

L’aspartame, une substance cancérigène ?!

L’annonce de l’OMS fait suite à la publication des évaluations du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) sur les effets sanitaires de l’aspartame. Ces évaluations classent l’aspartame comme une substance peut-être cancérogène pour l’homme, dans le groupe 2B du CIRC. Une substance cancérigène ou cancérogène se dit d’une substance pouvant être à l’origine de cancers. Le CIRC examine le pouvoir cancérigène de différentes substances. A ce jour, plus de 1 000 substances ont été évaluées, parmi lesquels 534 ont été classées comme cancérogènes ou potentiellement cancérogènes pour l’homme. Quatre groupes de substances cancérogènes sont définies par le CIRC :

  • Le groupe 1 des substances cancérigènes, ce sont les substances aux effets cancérigènes avérés chez l’homme ;
  • Le groupe 2A avec les agents probablement cancérigènes pour l’homme ;
  • Le groupe 2B, dans lequel a été classé l’aspartame, regroupe les substances peut-être cancérogènes ;
  • Le groupe 3 avec toutes les substances inclassables quant à la cancérogénicité pour l’homme.

D’après les experts ayant mené les évaluations sur l’aspartame, des effets potentiellement cancérigènes ont été décrits dans des études et doivent faire l’objet de recherches complémentaires.

Les industriels vont-ils bouder l’aspartame au profit d’un autre édulcorant ?

Cette annonce de l’OMS ne vient pour l’instant pas remettre en cause le statut d’additif alimentaire de l’aspartame. Son utilisation n’est pas interdite et les experts ont réaffirmé que la dose journalière admissible restait de 40 mg par kg de poids corporel, soit une dose quotidienne de 2,8 g pour un adulte de 70 kg. A titre de comparaison, une canette de boisson sans sucre contient entre 200 et 300 mg d’aspartame. De nouvelles études et évaluations seront prochainement mises en place pour déterminer plus précisément l’effet cancérogène de l’aspartame.

Pour l’instant, les données publiées par le CIRC ne précisent pas l’effet de l’aspartame sur le risque de tel ou tel cancer pour un niveau d’exposition donné. Le CIRC prend en compte toutes les expositions possibles et tous les cancers. Cependant, les études suggèrent à ce stade que l’effet cancérogène de l’aspartame observé dans les études concernerait en particulier le cancer du foie. Même si cette annonce ne remet pas en question l’utilisation de l’aspartame, un tel classement de cet édulcorant pourrait amener certains industriels à se tourner vers d’autres édulcorants et certains consommateurs à vérifier l’étiquetage des produits alimentaires.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Aspartame. www.efsa.europa.eu. Consulté le 17 juillet 2023.
– Publication des résultats de l’évaluation des dangers et des risques liés à l’aspartame. www.who.int. Consulté le 17 juillet 2023.