Cancer du col de l’utérus : le Danemark en passe d’éradiquer la maladie, où en est la France ?

Le Danemark est sur le point de franchir une étape majeure en matière de santé publique, l’éradication du cancer du col de l’utérus d’ici 2040. Un objectif rendu possible grâce à une couverture vaccinale très élevée contre les papillomavirus humains (HPV) et un dépistage systématique. Alors que ce cancer reste responsable de 1 000 décès chaque année en France, l’exemple danois offre une source d’inspiration. Quelles sont les clés de ce succès ? Comment la France peut-elle suivre le même chemin ?

Cancer du col de l’utérus et vaccination HPV : de quoi parle-t-on ?

Les infections à papillomavirus humains (HPV) sont très répandues : plus de 80 % de la population mondiale y est exposée au cours de sa vie. Dans la majorité des cas, le virus est éliminé spontanément par le système immunitaire. Mais chez environ 10 % des personnes, il subsiste et peut provoquer des lésions précancéreuses, puis des cancers. Le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent, mais les HPV peuvent aussi être à l’origine de cancers de l’anus, du vagin, de la vulve, du pénis et de la gorge.

Dans 95 % des cas, ce cancer est causé par une infection persistante par le HPV. Il évolue lentement, en 15 à 20 ans, voire plus rapidement chez les personnes immunodéprimées.

La vaccination, recommandée entre 9 et 14 ans, permet de prévenir jusqu’à 90 % des infections à HPV. Elle est aujourd’hui ouverte aux filles et aux garçons. L’OMS fixe un objectif d’élimination du cancer du col de l’utérus avec trois conditions à atteindre d’ici 2030 :

• 90 % de jeunes filles entièrement vaccinées.
• 70 % de femmes dépistées au moins deux fois dans leur vie.
• 90 % des femmes touchées d’une maladie du col de l’utérus prises en charge.

Le Danemark : un modèle vers l’éradication d’ici 2040

Selon la Ligue danoise contre le cancer, le pays est en passe d’éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2040. En 2025, le taux d’incidence est déjà passé sous le seuil de 10 cas pour 100 000 femmes. L’objectif est de descendre en dessous des 4 cas, seuil d’éradication fixé par l’OMS.

Le succès danois repose sur deux piliers :

• Une couverture vaccinale très élevée : 89 % des filles et des garçons de 12 ans ont reçu au moins une dose du vaccin.
• Un dépistage efficace, auquel participent 60 % des femmes.

Après une crise de confiance entre 2013 et 2017, le Danemark a su regagner l’adhésion de la population grâce à une campagne de communication ciblée vers les parents. Des médecins sont allés à la rencontre des familles lors d’événements locaux, et des actions ont été menées en pharmacie et sur les réseaux sociaux. La Suède, quant à elle, vise une éradication encore plus précoce, dès 2027.

En France : une dynamique amorcée mais encore insuffisante

En 2023, la France a lancé une campagne de vaccination gratuite en classe de 5ème. Les premiers résultats montrent une progression encourageante :

• Chez les 12 ans, la couverture vaccinale est passée de 31 % à 48 % (+17 points en un an), avec 55 % pour les filles et 41 % pour les garçons.
• Chez les adolescents plus âgés, les taux restent modestes : 45 % des filles de 16 ans ont reçu les deux doses, contre seulement 16 % chez les garçons.

Malgré ces progrès, la France demeure loin de l’objectif de 90 %. Des freins persistent : méconnaissance des HPV, idées reçues sur le vaccin, hésitation parentale. Des efforts sont encore nécessaires pour renforcer l’information, notamment sur les cancers HPV chez les garçons, et pour associer les professionnels de santé et les établissements scolaires dans une démarche cohérente.

Le Danemark montre qu’une éradication du cancer du col de l’utérus est à portée de main lorsqu’une politique vaccinale ambitieuse s’accompagne d’une stratégie de communication ciblée et de dépistages accessibles. La France a amorcé ce virage, mais devra maintenir l’effort pour espérer, elle aussi, inscrire ce cancer dans l’histoire de la médecine préventive.