Quatrième cancer féminin le plus fréquent dans le monde, le cancer du col de l’utérus est lié à une infection durable par des virus de la famille des papillomavirus humains (HPV). Et si fumer augmentait le risque d’infection persistante à HPV et par conséquent le risque de cancer du col de l’utérus ? C’est ce qu’a suggéré la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) à l’occasion d’une récente conférence de presse. On fait le point.
Lien entre cancer du col de l’utérus et papillomavirus humains
Quatrième cancer féminin le plus fréquent dans le monde, le cancer du col de l’utérus désigne une tumeur localisée au niveau de la muqueuse utérine. Responsable chaque année en France de 3000 nouveaux cas et d’environ 1000 décès, cette pathologie est presque 100% imputable à une infection durable par des virus de la famille des papillomavirus humains (HPV).
À savoir ! Sur la vingtaine de papillomavirus humains (HPV) à l’origine du cancer du col de l’utérus identifiés à ce jour par les scientifiques, deux sont les plus fréquemment en cause : le HPV16 et le HPV18.
Dans la plupart des cas d’infections par les papillomavirus humains HPV, les défenses immunitaires de la personne atteinte parviennent à éliminer le virus dans les deux ans suivant la contamination. Mais parfois, l’infection persiste et entraîne le développement de cellules cancéreuses.
À savoir ! La vaccination contre le papillomavirus permet de prévenir les deux tiers des cancers du col de l’utérus. Mais attention, elle ne remplace pas le dépistage du cancer du col de l’utérus par frottis cervico-utérin. Le frottis reste en effet primordial à partir de 25 ans, que l’on soit vaccinée ou non. Seul le frottis permet de détecter la présence d’une anomalie au niveau du col de l’utérus après une infection par les virus HPV et de la prendre en charge rapidement.
Rôle du tabac sur la réplication du papillomavirus humain
Il existe par ailleurs un autre facteur de survenue d’un cancer du col de l’utérus : le tabagisme. Ce dernier est en effet à l’origine de plusieurs effets favorisant les risques liés aux papillomavirus (HPV).
Il faut dire que sur les milliers de composants chimiques retrouvés dans le tabac d’une cigarette, soixante sont cancérogènes parmi lesquels :
- Le benzopyrène qui augmente la charge virale (c’est-à-dire la quantité de virus).
- La nicotine qui altère l’ensemble de la réponse immunitaire (immunité cellulaire, immunité humorale, immunité locale et immunité générale).
À savoir ! Les femmes présentent une plus grande susceptibilité que les hommes aux composés cancérigènes du tabac.
Par ailleurs, d’après une récente étude, le tabac augmente les risques liés aux HPV en réduisant la vitesse d’élimination du virus par l’organisme (également appelée clairance). En clair, fumer augmente la persistance du papillomavirus dans l’organisme qui l’éliminera moins rapidement que chez une personne non fumeuse. On estime d’ailleurs que les femmes fumeuses ont 50 % moins de chances d’éliminer le virus. L’organisme y étant davantage exposé, le risque de développer des lésions précancéreuses annonciatrices d’un cancer du col de l’utérus s’en trouve accru. Et ce risque est proportionnel à la durée, à la fréquence et à la quantité de tabac fumée.
Une étude menée sur 3 833 femmes fumeuses ou exposées au tabagisme passif a d’ailleurs démontré que le tabac augmentait de 32 % le risque d’une infection HPV. Ce qui signifie qu’une personne exposée au tabagisme (qu’il soit actif ou passif) a 32 % de plus de risque d’être atteinte d’une infection à HPV qu’une personne non exposée. Et ce surrisque atteint 70 % pour les personnes fumant activement.
Tabagisme et risque accru de cancer du col de l’utérus
Pour la vice-présidente de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale, il est important d’arrêter de fumer pour pouvoir réduire les risques de développer un cancer du col de l’utérus. Une personne fumeuse présentant des lésions précancéreuses devrait donc en toute logique être orientée vers une consultation de tabacologie pour entamer un processus de sevrage. D’autant que la capacité de l’organisme à éliminer le papillomavirus remonte dès que la patiente cesse de fumer. Mais dans un contexte où un quart de la population française fume, il semble indispensable de proposer aux personnes fumeuses un véritable accompagnement dans leur projet de sevrage.
Selon une autre étude, le tabagisme s’avère encore plus nocif chez les personnes ayant commencé à fumer avant d’être en contact avec le HPV. Les lésions sont en effet chez elles plus nombreuses. D’où l’intérêt de mener une campagne de prévention efficace auprès des plus jeunes et de leur proposer à aux aussi un accompagnement au sevrage. Le but étant de les aider à en finir au plus vite avec la cigarette.
Rédiger par Déborah L., Dr en Pharmacie
– Papillomavirus : comment le tabac accroît le risque de cancer du col de l’utérus. www.societe-colposcopie.com. Consulté le 12 Février 2024.
– Cancer du col de l’utérus et papillomavirus. www.pasteur.fr. Consulté le 12 Février 2024.