Cancer et travail : concilier soins et vie professionnelle

Par |Publié le : 3 décembre 2025|Dernière mise à jour : 27 novembre 2025|5 min de lecture|

Être atteint d’un cancer bouleverse tous les aspects de la vie, y compris la vie professionnelle. Faut-il continuer à travailler pendant les traitements ou s’arrêter pour se reposer ? Comment préparer son retour à l’emploi ? Entre fatigue, démarches administratives et besoins financiers, concilier soins et activité professionnelle est un défi. Cet article fait le point sur les dispositifs pour accompagner les personnes malades et favoriser le maintien ou le retour à l’emploi.

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Travailler pendant un cancer : un équilibre fragile

Quand le travail aide à garder un cap

Pour certaines personnes, poursuivre une activité professionnelle pendant les traitements est possible et bénéfique. Le travail peut aider à préserver un rythme de vie, à maintenir les liens sociaux et à conserver une forme d’identité au-delà de la maladie. Cette continuité contribue parfois à limiter le sentiment d’isolement. Lorsque l’état de santé le permet, les équipes soignantes s’efforcent d’adapter les horaires de soins pour rendre cette continuité possible. Des aménagements du poste ou du temps de travail peuvent aussi être envisagés, selon la nature de l’emploi et le secteur (public ou privé).

Dans la majorité des cas, les traitements et leurs effets secondaires (fatigue, nausées, douleurs) rendent difficile le maintien d’une activité. Un arrêt de travail temporaire est souvent nécessaire. Celui-ci doit être transmis à l’employeur dans les 48 heures, sans obligation de mentionner la nature de la maladie, le secret médical restant total. Pendant cette période, l’Assurance maladie verse des indemnités journalières destinées à compenser partiellement la perte de revenus, selon le statut professionnel (salarié, fonctionnaire, indépendant…). En cas de cancer reconnu comme affection de longue durée (ALD), les trois jours de carence ne s’appliquent qu’une seule fois sur une période de trois ans.

À savoir !chiffres clés cancer et travail (Ligue contre le cancer, 2023)
– 84 % des personnes enquêtées ont eu au moins un arrêt maladie.
– 27 % deviennent inactives (retraite ou invalidité).
– Moins d’1 salarié sur 2 retrouve son poste initial.
– Les chances de reprise sont doublées quand la personne a bénéficié d’un accompagnement médico-social.

Les dispositifs pour accompagner le maintien ou le retour à l’emploi en cas de cancer

Anticiper avec le médecin du travail et l’équipe soignante

Le maintien dans l’emploi ou la reprise après un cancer doit être préparé le plus tôt possible, avec l’aide de l’équipe médicale, du médecin du travail et du service social. Trois rendez-vous clés peuvent être proposés :

  • La visite de reprise, obligatoire dans les huit jours suivant la réintégration, pour vérifier l’aptitude au poste et recommander, si besoin, des ajustements.
  • Le rendez-vous de liaison, après 30 jours d’arrêt. Il permet de maintenir un lien avec l’entreprise et d’évoquer les aménagements possibles.
  • La visite de pré-reprise, demandée par le salarié auprès du médecin traitant ou du médecin du travail. Elle sert à anticiper les besoins d’adaptation avant le retour effectif.

Aménager le poste ou le temps de travail

Selon les recommandations du médecin du travail, différents aménagements peuvent faciliter le retour progressif :

  • Passage temporaire à temps partiel thérapeutique ;
  • Adaptation des horaires ;
  • Modification des tâches ou du matériel ;
  • Recours au télétravail ;
  • Reclassement professionnel si le poste initial n’est plus compatible avec l’état de santé.

Le temps partiel thérapeutique permet de reprendre progressivement, tout en continuant à percevoir des indemnités journalières pour compenser la baisse de salaire. Sa durée et ses modalités sont définies conjointement par le médecin traitant, le médecin-conseil et le médecin du travail.

Se reconvertir si le retour au poste n’est pas possible

Lorsque les séquelles du cancer empêchent de reprendre son emploi, une réorientation professionnelle peut être envisagée. Le médecin du travail peut alors recommander un reclassement ou orienter vers une formation de reconversion.

Les personnes reconnues comme travailleurs handicapés (RQTH) peuvent bénéficier d’aides spécifiques : adaptation du poste, priorité à certaines formations, accompagnement par la MDPH, la MDA ou Cap Emploi.

Préparer un retour à l’emploi après un cancer durable et apaisé

Un processus à anticiper

Selon la Ligue contre le cancer, moins d’une personne sur deux en emploi avant la maladie retrouve son poste initial. Le retour est plus souvent réussi lorsqu’il a été anticipé : information sur les droits, échanges avec le médecin du travail, appui du service social ou des associations. Cette préparation évite les ruptures de parcours et limite le risque d’inaptitude ou d’épuisement à la reprise.

Le rôle des employeurs et des collègues

L’environnement professionnel joue un rôle déterminant. Sensibiliser les employeurs et les équipes aux conséquences du cancer permet de lever les tabous et de faciliter l’adaptation des conditions de travail. Certaines entreprises s’inscrivent désormais dans la démarche « Cancer et emploi » portée par l’Institut national du cancer, qui encourage les politiques internes de maintien dans l’emploi.

Un accompagnement global

La reprise du travail après un cancer ne se limite pas à la santé physique. Elle suppose de prendre en compte la fatigue persistante, les séquelles psychologiques et parfois la peur de la rechute. Le soutien du médecin, du psychologue, du service social ou d’associations spécialisées peut aider à retrouver confiance et équilibre.

Concilier vie professionnelle et cancer n’est jamais simple. Entre la volonté de rester actif et la nécessité de se préserver, chaque situation est unique. Grâce aux dispositifs de maintien dans l’emploi, aux aménagements possibles et à l’implication croissante des acteurs du monde du travail, il devient cependant possible de reconstruire un projet professionnel à son rythme, en cohérence avec sa santé et ses aspirations. L’essentiel est de ne pas rester seul : être accompagné, informé et soutenu dès le début du parcours favorise un retour à l’emploi durable et épanoui.

Sources
– Concilier vie professionnelle et cancer. www.cancer.fr. Consulté le 5 novembre 2025.
– Cancer et vie professionnelle : un besoin d’accompagnement des personnes malades et de sensibilisation des employeurs. www.ligue-cancer.net. Consulté le 5 novembre 2025.

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Julie R.
Infirmière pendant 15 ans, dont 10 en pédiatrie, Julie R. est animée par une passion pour la santé, l'écologie et les sciences. Spécialisée en rédaction web SEO, alliant respect de notre charte HIC et approche humaine, elle met son expérience au service d’une meilleure compréhension de la santé pour le plus grand nombre