Plus de 3 millions de personnes sont décédées en 2016, dans le monde, à cause de l’alcool. Pour faire reculer ce fléau, l’Organisation mondiale de la santé publie chaque année une étude permettant de faire le point sur l’évolution de la consommation d’alcool dans le monde et les répercussions sanitaires de ce comportement. Quelles sont les conclusions soulignées par ce rapport ?
Panorama des troubles liés à l’alcool
Selon le dernier rapport de l’OMS, portant sur les données mondiales de 2016 relatives à la consommation d’alcool, 3 millions de personnes sont décédées suite à l’abus d’alcool.
Cela représente un décès sur 20 dans le monde et plus de 75% de ces décès concernent les hommes. Les plus touchés sont les jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans (13,5 % des décès).
L’abus d’alcool et sa dépendance provoquent de multiples troubles comme la violence, les traumatismes, des problèmes de santé physique (cirrhose, cancers, stéatose hépatique, accidents vasculaires cérébraux, diabète) et des troubles mentaux (dépression grave, anxiété, maladies neurodégénératives)
Même si l’alcool a tué 3,3 millions de personnes en 2012, soit 10 % de plus qu’en 2016, «il est temps d’agir plus fermement pour contrer cette grave menace pour le développement de sociétés saines » selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS.
Parmi l’ensemble de ces 3 millions de décès, on dénombre :
- 28 % de traumatismes (accidents de la route, violences, suicide) ;
- 21 % à des pathologies touchant le système digestif ;
- 19 % à des maladies cardiovasculaires ;
- 32 % lié à des maladies infectieuses, à des cancers, à des troubles mentaux ou à d’autres affections.
Dans le monde, 2,3 milliards de personnes boivent de l’alcool. Parmi elles, 237 millions d’hommes et 46 millions de femmes souffrent de troubles liés à cette consommation.
Les continents les plus touchés sont ceux ayant des pays à revenus élevés. En effet, les plus touchés sont l’Europe avec une prévalence des troubles touchant 14,8% des hommes et 3,5 % des femmes. Vient ensuite l’Amérique qui voit 11,5 % de sa population masculine et 5,1 % de sa population féminine sous l’emprise de l’alcool.
À savoir ! En France, 11,1 % des hommes et 3,1 % des femmes ont des troubles liés à la consommation d’alcool. Parmis eux, l’OMS estime que 5,3 % des hommes et 1,5 % des femmes sont dépendants.
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Quels sont les types de boissons les plus consommées ?
En moyenne, la consommation quotidienne d’un buveur est de 33 grammes d’alcool pur par jour équivalent à deux verres de vin, une grande bouteille de bière (750 ml) ou à deux verres de spiritueux (alcool fort).
Les niveaux de consommation les plus élevés sont retrouvés chez les adolescents de 15 à 19 ans et notamment en Europe, sur le continent américain et dans le Pacifique occidental (Australie, Chine, Cambodge etc.).
Les types de boissons alcoolisées consommées dans le monde sont :
- Les spiritueux dans 45 % des cas (20 % pour la France) ;
- La bière dans 34 % des cas (19 % pour la France) ;
- Le vin dans 12 % des cas (59 % pour la France).
Depuis 2010, cette tendance mondiale reste inchangée sauf pour l’Europe qui a vu sa consommation de spiritueux diminué de 3 % avec, en contrepartie, une augmentation de celle du vin et de la bière.
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Poursuivre les efforts dans un contexte de hausse globale de la consommation
Pour les auteurs du rapport, les mesures politiques qui ont permis de réduire efficacement la consommation d’alcool sont les taxes, la restriction (ou l’interdiction) de la publicité et l’inaccessibilité aux boissons alcoolisées aux plus jeunes ou dans certains lieux (stations-services, épiceries 24h/24h par exemple).
A cela s’ajoute, des campagnes de prévention ciblées auprès des plus jeunes et des femmes enceintes et les restrictions de taux d’alcoolémie chez les automobilistes.
Les experts soulignent que depuis 2012, « certaines tendances mondiales positives » ont pu être observées et notamment la réduction des binge drinking (alcoolisation excessive en peu de temps) et le nombre de morts liés à l’alcool.
« Nous devons redoubler d’efforts pour réduire la demande et atteindre l’objectif fixé par les gouvernements consistant à réduire de 10 % la consommation d’alcool dans le monde entre 2010 et 2025 » a ajouté Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Néanmoins, l’OMS prévoit une hausse de la consommation globale d’alcool au cours des dix prochaines années, en particulier dans les régions du Sud-Est asiatique, du Pacifique occidental et sur le continent américain.
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Julie P., Journaliste scientifique