Avec 49 000 morts par an chaque année en France, l’alcool est la deuxième cause de mortalité prématurée. Selon une étude de l’Institut de Veille Sanitaire, l’alcool est l’une des premières raisons d’hospitalisation en France. Sa consommation excessive représente un coût s’élevant à 3,6% de l’ensemble des dépenses hospitalières, soit 2,64 milliards d’euros.
Consommation d’alcool et hospitalisation : les services et régions les plus touchés
En recensant l’ensemble des séjours hospitaliers en lien avec la consommation d’alcool en France en 2012, les médecins ont voulu évaluer la répartition des coûts associés à la consommation excessive d’alcool.
Ainsi, sur un total de 2, 64 milliards d’euros, les coûts se répartissent pour :
- 1,22 milliard en Médecine-Chirurgie-Obstétrique-Odontologie ;
- 0,98 milliard en psychiatrie ;
- 0,44 milliard en Soins de Suite et de réadaptation.
Du côté de la répartition régionale sur le territoire français, les intoxications alcooliques aiguës concernent préférentiellement le Nord et l’Ouest. Egalement, les régions de la Picardie, la Champagne, la Bourgogne et l’Auvergne sont impactées. Le Nord, la Basse-Normandie et la Réunion présentent un taux d’intoxications aigües supérieur au double de la moyenne nationale.
A savoir ! Une intoxication alcoolique aigüe est une succession de symptômes dont la vitesse d’apparition dépend du nombre de verres d’alcool absorbés et de la corpulence du buveur. Cinq stades sont différenciés. Une levée des inhibitions, un ralentissement des réflexes, une décompensation psychiatrique chez les buveurs prédisposés, un coma éthylique et le décès, en l’absence de réanimation.
Les hospitalisations pour dépendance alcoolique sont plus nombreuses que la moyenne nationale dans le Nord, le Nord-ouest et la Bretagne. Il en est de même en Champagne, Picardie, Bourgogne et Auvergne.
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Evolution des profils de patients hospitalisés après consommation excessive d’alcool
Du côté de l’âge des patients hospitalisés pour une alcoolisation aiguë, l’étude souligne que le pourcentage de jeunes, âgés de moins de 24 ans, a été stable entre 2006 et 2012. Elle révèle une moyenne de 20% tandis que celui des patients séniors, âgés de plus de 55 ans, a augmenté de 3,9% en 6 ans.
Ces résultats peuvent paraître contradictoires si l’on considère l’augmentation du binge drinking chez les jeunes. Cette pratique vise à atteindre l’ivresse le plus rapidement possible. Pour les auteurs, il serait intéressant de préciser les critères ayant conduit à ces hospitalisations pour comprendre pourquoi elles ont augmenté chez les plus âgés et sont restées stables chez les jeunes.
Concernant les hospitalisations pour alcoolodépendance, c’est chez les plus âgés que l’on constate l’augmentation la plus importante avec un pourcentage passant de 22,8% à 27,9%.
L’étude de la répartition des âges montre qu’en moyenne :
- Les patients hospitalisés pour alcoolisation aiguë ont 43,5 ans ;
- Les personnes hospitalisées pour le traitement de leur dépendance à l’alcool ont 47,9 ans ;
- Les patients hospitalisés pour une complication physique (cirrhose du foie, pancréatite, etc.) ou psychique (dépression, troubles de l’humeur, etc.) de leur alcoolisme ont 56,7 ans.
Ainsi, les hospitalisations pour intoxication aiguë surviennent en moyenne 4 ans avant les hospitalisations pour dépendance et 13 ans avant les hospitalisations pour complications.
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Comment améliorer la prise en charge ?
A la lumière de des données, les auteurs soulignent que « l’analyse des répartitions régionales des séjours pour alcoolisations aiguës et alcoolo-dépendance devrait amener les Agences Régionales de Santé (ARS) à mener une politique volontariste dans les régions les plus exposées comme dans le Nord et à la Réunion« .
En conclusion, ils ajoutent que la majorité du coût sanitaire de l’alcoolisation excessive est liée aux complications qui surviennent tardivement.
Ainsi, une prise en charge systématique et précoce des conduites d’alcoolisation permettrait d’éviter plus efficacement les futures complications. Selon les auteurs, plusieurs moyens sont à mettre en œuvre. Notamment, l’amélioration de la formation en alcoologie des professionnels de santé doit être un objectif. Il en est de même pour la mise en place d’équipes de liaison en addictologie plus performantes dans les hôpitaux.
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Julie P., Journaliste scientifique