Le contact mère-enfant pourrait avoir des effets immédiats et à long terme sur le développement cérébral du nourrisson via le système sérotoninergique. C’est ce que suggère une étude menée sur des rongeurs et publiée dans le journal eNeuro.
L’importance de la relation mère-enfant
C’est bien connu, le contact mère-enfant est primordiale et déterminante pour l’ensemble de la vie psychique du nourrisson. La communication émotionnelle et affective existe d’ailleurs d’emblée chez le nouveau-né et les interactions avec sa mère sont immédiates.
La compréhension du développement cérébral du nourrisson a quant à elle toujours intrigué les scientifiques. Si l’observation a longtemps été la seule option possible pour chercher à en apprendre davantage, les connaissances sur le sujet ont beaucoup progressé depuis une vingtaine d’années.
Dans ce contexte, une équipe de scientifiques a mené une étude sur des rongeurs qui montre dans quelle mesure l’absence de contact mère-enfant peut affecter le développement cérébral du nourrisson.
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Contact mère-enfant et développement cérébral
Cette étude, publiée dans le journal eNeuro, a eu pour objectif d’évaluer l’impact de la présence maternelle sur le développement cérébral du nourrisson.
Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont enregistré l’activité cérébrale de bébés rats pendant l’interaction avec leur mère au moyen d’un réseau sans fil. Ils ont ainsi pu établir un lien direct entre la présence maternelle et la modulation du neurotransmetteur sérotonine, deux facteurs connus pour être fortement impliqués dans le développement cérébral.
À savoir ! La sérotonine est un neurotransmetteur (messager chimique) qui agit au niveau du système nerveux central. Elle est impliquée dans diverses fonctions de l’organisme telles que le sommeil ou l’humeur.
Les chercheurs ont en effet pu faire les observations suivantes :
- Augmentation chez les bébés rats de l’activité du cortex préfrontal en présence de leur mère. Le cortex préfrontal désigne une région cérébrale riche en récepteurs à la sérotonine.
- Pas d’augmentation de l’activité du cortex préfrontal en cas de blocage des récepteurs à la sérotonine.
- Augmentation de l’activité du cortex préfrontal de manière similaire à l’augmentation observée en présence de la mère en cas de traitement des bébés rats avec de la fluoxétine, un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine.
À savoir ! Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou ISRS désignent une classe de médicaments qui agissent au niveau de la fente synaptique où transite le passage de l’information entre deux neurones. Les ISRS empêchent la recapture de la sérotonine par le neurone pré-synaptique. De fait, la sérotonine va rester plus longtemps dans l’espace synaptique, augmentant sa probabilité d’être reconnue par le neurone post-synaptique et majorant ainsi la stimulation de ce neurone..
Le mécanisme mis en évidence à travers les résultats de cette étude permet aux chercheurs de conclure que le contact maternel et le système de la sérotonine représentent d’importants régulateurs de l’activité neuronale dans le développement cérébral du nourrisson. Séparer un nourrisson de sa mère pourrait donc empêcher son bon développement cérébral.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie