La perte de goût et/ou d’odorat observé dans un grand nombre de cas de la Covid-19 depuis le début de l’année 2020 serait-elle indicatrice de lésions cérébrales suite à l’infection par le nouveau coronavirus ? Des chercheurs britanniques viennent de publier des résultats qui semblent effectivement indiquer un lien entre covid-19 et cerveau : l’apparition de lésions cérébrales sur le long terme après une forme même modérée de Covid-19. Explications.
Covid-19 et cerveau : perte de goût ou d’odorat
Un lien existe-t-il entre Covid-19 et cerveau ? Rapidement après la propagation de l’épidémie de la Covid-19 à travers le monde au début de l’année 2020, la liste des symptômes de l’infection par le SARS-CoV2 n’a cessé de s’allonger. Parmi ces symptômes, l’un d’eux a été largement médiatisé, la perte de goût et/ou d’odorat. De nombreuses études ont été menées pour comprendre :
- Les mécanismes pathologiques expliquant la disparition parfois longue du goût et de l’odorat ;
- Le lien entre ce symptôme et une éventuelle gravité de l’infection.
Au fil des mois, les données recueillies semblaient plutôt rassurantes, indiquant que la perte de goût et/ou d’odorat était généralement associée à des formes légères ou modérées de l’infection. En revanche, certains patients présentaient toujours une altération sensorielle parfois plusieurs mois après la maladie, sans que les chercheurs comprennent exactement pourquoi. Très récemment, des chercheurs britanniques ont publié une nouvelle étude suggérant que un lien entre covid-19 et cerveau : la Covid-19 pourrait entraîner des lésions cérébrales sur le long terme.
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Une perte irréversible de tissu cérébral
Pour parvenir à cette conclusion, ils ont recruté près de 800 volontaires, parmi lesquels 404 ont été testés positifs à la Covid-19. Sur ces 404 patients infectés, 394 possédaient des résultats d’imagerie médicale, avant et après l’infection par le SARS-CoV2. En comparant ces données d’imagerie avec les données de 388 personnes n’ayant pas contracté la Covid-19, les chercheurs ont observé une perte de tissu cérébral (de la matière grise plus précisément) en particulier dans les zones cérébrales où siègent le goût et l’odorat, mettant en évidence un lien entre covid-19 et cerveau.
Les zones touchées par ces lésions cérébrales étaient toutes situées dans les aires corticales limbiques associées au système olfactif et gustatif. A partir de ces données, les chercheurs formulent les conclusions suivantes :
- Le virus SARS-CoV2 pourrait affecter les régions cérébrales liées à la perception des goûts et des odeurs, en s’attaquant au tissu cérébral de manière durable ;
- Ces lésions cérébrales ne seraient pas récupérables dans le temps.
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Une explication au succès de la rééducation olfactive
Ainsi, l’infection par le SARS-CoV2, y compris les formes modérées, pourrait avoir des conséquences importantes sur le cerveau. Cette atteinte du tissu cérébral expliquerait pourquoi nombre de patients mettent des semaines voire des mois à récupérer l’odorat et/ou le goût. Cette récupération ne serait pas permise par une restauration des tissus cérébraux lésés, mais par la formation de circuits neurologiques de compensation.
La plasticité cérébrale permettrait de compenser la fonctionnalité des tissus cérébraux lésés et de retrouver la perception des odeurs et des goûts. Cette explication avancée par les chercheurs britanniques viendrait conforter les résultats observés lors de la rééducation olfactive. Cette rééducation olfactive favoriserait justement la création des circuits cérébraux de compensation. Selon cette nouvelle étude, le SARS-CoV2 pourrait ainsi altérer durablement le tissu cérébral, en volume et en épaisseur, dans certaines zones particulières du cerveau.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie