Le nombre de nouveaux cas d’infection par le SARS-CoV-2 connait une nette diminution en France depuis quelques semaines. Cependant, les nouvelles contaminations restent élevées, rendant la stratégie de dépistage toujours primordiale. Dans un contexte de forte tension en termes d’offre de tests, la Haute Autorité de Santé renouvelle son avis défavorable au sujet de l’utilisation des tests antigéniques rapides de dépistage par tests salivaires en raison de leur manque d’efficacité.
Covid-19 : les tests salivaires, pas assez efficaces !
En France, le nombre de nouveaux cas de contamination par le SARS-CoV-2 a chuté depuis le 25 janvier 2022, passant de 501 635 nouveaux cas ce jour-là à 9 531 nouveaux cas comptabilisés le 21 février 2022. Si cette diminution du nombre de nouvelles infections détectées est encourageante, le nombre de contaminations reste élevé. La stratégie de dépistage demeure une priorité. Dans ce cadre, la Direction Générale de la Santé (DGS) a demandé un avis actualisé à la Haute Autorité de Santé (HAS) au sujet de l’utilisation des tests salivaires antigéniques rapides. En effet, ces tests pourraient fournir un soutien important dans un contexte d’offre de dépistage en tension, notamment en milieu scolaire où ils ont un seuil plus grand d‘acceptabilité en autotest que les tests nasaux ou nasopharyngés. De plus, des données cinétiques laissaient penser que le variant Omicron serait potentiellement mieux excrété dans la salive que les autres variants.
En avril 2021, la HAS avait déjà émis un avis défavorable au remboursement des tests salivaires, faute de performances diagnostiques équivoques. Dans ce nouveau travail, basé sur une revue de la littérature et l’avis de 6 experts épidémiologistes, virologues ou infectiologues, la HAS renouvelle son avis défavorable sur l’utilisation des tests salivaires dans le cadre d’une stratégie de dépistage d’une infection par la Covid-19. En effet, le rapport publié révèle que :
- Les sensibilités cliniques de dépistage par tests salivaires sont comprises entre 0,0 et 37,5% chez les patients asymptomatiques (4 études incluses) ;
- Une étude montre que cette sensibilité s’élève à 14% dans une population pédiatrique ;
- Les sensibilités cliniques de ces tests sont comprises entre 2,6 et 52,9% chez des personnes symptomatiques (4 études incluses) ;
- Aucune différence de sensibilité n’a été relevée entre le variant Delta et le variant Omicron.
Ainsi, les données disponibles sur la performance des tests antigéniques de dépistage de la Covid-19 sur prélèvement salivaire montrent une sensibilité nettement insuffisante. Elle est bien plus basse que les seuils fixés par la HAS s’élevant à au moins 50% chez les personnes asymptomatiques et 80% chez les personnes symptomatiques. En outre, les experts impliqués dans ce travail alertent également sur le manque d’études (seulement 8 incluses) s’intéressant à l’efficacité des tests de dépistage salivaires, que ce soit en population générale ou chez les enfants.
Ainsi, la HAS ne recommande pas l’utilisation des tests antigéniques rapides de dépistage par prélèvement salivaire et maintient son avis défavorable sur le remboursement de ce type de tests. Selon le Centre National de Référence de Lyon, « la sensibilité de la détection des tests antigéniques sur prélèvement salivaire est nettement plus faible que sur les prélèvements nasaux ou nasopharyngés » ; cette perte de sensibilité « majeure » serait, selon lui, liée à la nature même de l’échantillon salivaire.
La HAS rend deux autres avis sur les stratégies vaccinale et curative
La HAS publie un nouvel avis concernant l’utilisation du vaccin Janssen dans la stratégie vaccinale. Elle préconise de n’utiliser ce vaccin qu’à l’exception des personnes à risque de forme sévère et présentant une contre-indication à l’administration d’un vaccin à ARNm. En effet, des résultats préliminaires suggèrent une légère augmentation du risque d’infarctus du myocarde après la vaccination par le vaccin Janssen. Même si, à date, aucun cas n’a été identifié en Europe ou aux Etats-Unis. Ces résultats doivent être confirmés ou infirmés par l’Agence Européenne du Médicament dans les jours qui viennent.
La HAS élargit également l’accès précoce pour le Ronapreve®, faisant suite à son Autorisation de Mise sur le Marché, en tant que traitement curatif proposé à des patients âgés de 12 ans et plus à risque élevé de forme grave et ne nécessitant pas de thérapie d’oxygénation. Cette utilisation reste restreinte aux cas d’impossibilité de prescription des médicaments actuellement recommandés.
Alexia F., Docteure en Neurosciences
– Évaluation des tests antigéniques salivaires pour la détection du SARS-CoV-2. has-sante.fr. Consulté le 22 février 2022.